« Se parer du manteau de souverainiste, de nationaliste et de patriote et avoir la prétention de s’autoproclamer comme le libérateur qui parachève l’indépendance de notre pays, ainsi que tente de le faire Abdoulaye Wade, relève de la pure démagogie et d’un populisme indigne de sa fonction », renseigne une déclaration du Parti socialiste daté du 07 avril.
Pour les camarades d’Ousmane Tanor Dieng, « tout le monde peut témoigner que le retrait des bases militaires françaises de notre pays n’a jamais été inscrit dans son programme personnel, ni dans ses initiatives depuis qu’il est Chef de l’Etat. Lui qui qualifie aujourd’hui de « formelle » et « inachevée » l’indépendance de notre pays, n’est-ce pas lui qui, dans ses discours antérieurs prononcés la veille de la fête du 4 avril, parlait de fête de la « dignité retrouvée du peuple sénégalais » ou de la « liberté individuelle et collective retrouvée ? » Et de poursuivre les interrogations : « N’est-ce pas lui qui a fait appel, il y a seulement un peu plus d’un an de cela, à la France pour un emprunt de 80 milliards de FCFA destiné à éponger en partie les arriérés de paiement de l’Etat ? N’est-ce pas lui qui, tout récemment, a appelé au secours les forces françaises basées à Dakar pour l’aider à extraire son fils coincé par un incendie au 7ème étage de l’immeuble abritant ses bureaux ? »
Boulimie foncière ?
En vérité, dans cette affaire, laisse entendre le Ps, « Abdoulaye Wade n’est mu que par son appétit insatiable pour les terres et par la spéculation foncière. Mais il doit savoir que cette diversion grotesque ne fera pas disparaître, par enchantement, les gros nuages qui enveloppent la question de la destination des assiettes foncières qui abritent les bases françaises ». C’est pourquoi les socialistes demandent à « toutes les forces vives de la Nation doivent exiger que l’affectation des réserves foncières des bases militaires qui seront libérées, se fasse en toute transparence et à l’issue de larges concertations ». Et que » le sort des travailleurs sénégalais attachés à ces bases militaires doit être pris en charge par le Gouvernement du Sénégal dans les pourparlers avec la France et leurs droits préservés ».
Pour le Ps, « l’annonce péremptoire de reprise par le Sénégal des bases militaires à compter du 4 avril à zéro heure et d’exercice désormais de notre souveraineté sur elles, ne sera suivie d’aucun effet notable à court terme. Elle relève de la pure escroquerie et dénote une méconnaissance de la situation juridique de ces bases qui, à la différence des ambassades, ne bénéficient pas d’une extra-territorialité et n’ont donc jamais échappé à la souveraineté de notre pays ».
Le sens des accords
Le parti d’Ousmane Tanor Dioeng parle de « nouvelle fanfaronnade d’Abdoulaye Wade décrédibilise encore un peu plus la parole et la signature de notre pays ». Les socialistes soulignent les accords entre le Sénégal et les France sont des « contrats synallagmatiques qui prévoient des droits et obligations réciproques, ainsi que des procédures et des délais de renégociation, de révision et de dénonciation et tout pays qui se respecte, doit honorer ses engagements ». Et pour le Ps « cette décision épidermique unilatérale d’Abdoulaye Wade, sans avoir épuisé les délais et procédures prévus par les accords, constitue une déloyauté partenariale vis-à-vis d’un pays ami avec qui le Sénégal entretient des relations multiformes et a des accords et une coopération « gagnant-gagnant ». A l’avenir, elle rendra suspecte et fragilisera la signature de notre pays dans ses relations avec d’autres partenaires », fait-il remarquer.
La décision solitaire dénoncée
Les camarades d’Ousmane Tanor Dieng estiment que dans un pays démocratique, « une décision de cette nature ne doit pas être solitaire, mais doit faire l’objet de larges consultations à l’exemple de ce qui s’est passé en France où la Commission chargée de l’élaboration du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale comprenait, en nombre égal, des parlementaires de la majorité et de l’opposition, et où les représentants de tous les partis politiques et de la société civile ont été consultés et auditionnés durant le processus ». Et d’ajouter « qu’ Abdoulaye Wade a encore raté une belle occasion de dialogue politique sur la question du retrait des bases militaires françaises et, plus largement, d’un nouveau concept de défense et de sécurité, question sur laquelle, sous réserve du respect de la signature de notre pays, un consensus national serait sans nul doute construit ».
Une exigence inéluctable
Le Ps soutient que le « retrait des bases militaires françaises et l’émergence d’une politique africaine de défense et de sécurité étaient donc une exigence inéluctable inscrite dans l’ordre normal des orientations données, depuis toujours, à la politique de défense et de sécurité de notre pays ». Il ajoute : « Face à cette nouvelle donne et touché dans son égo surdimensionné par les initiatives prises par le Président Nicolas Sarkozy et les déclarations faites par ce dernier en février 2008 au Cap, en Afrique du Sud et en février 2010 à Libreville, au Gabon, Abdoulaye Wade tente honteusement de récupérer, à son profit, des décisions qui lui ont complètement échappé et qu’il n’a pas initiées ». Il déclare « qu’au contraire, si cela ne tenait qu’à lui, les bases militaires françaises seraient tout simplement déplacées de Dakar à Thiès. »
http://www.sudonline.sn
Objet : DECLARATION BP DU 07 AVRIL 2010
??? PARTI SOCIALISTE DU SENEGAL
“PS?
BUREAU POLITIQUE
DECLARATION EN DATE DU MERCREDI 07 AVRIL 2010
A l’occasion de son discours à la Nation délivré la veille du cinquantenaire de l’indépendance de notre pays, le Président de la République a déclaré solennellement « que le Sénégal reprend, à partir de ce jour, 4 avril 2010, à zéro heure, toutes les bases antérieurement détenues, sur notre sol, par la France, et entend y exercer sa souveraineté qui repose de jure sur la présente déclaration. »
Pour introduire son propos et soutenir sa décision, il parle d’« indépendance formelle » obtenue en 1960 et se cache, sans avoir le courage de l’assumer personnellement, derrière « nos populations, singulièrement les jeunes, les cadres et l’armée » pour qui, dit-il, la présence de bases militaires françaises sur notre sol « a été souvent ressentie comme une indépendance inachevée ».
Ce qui reste, au-delà de ce discours passablement honnête et faussement patriotique, c’est qu’avec la mondialisation et le développement des moyens de communication, de nouveaux périls et menaces (trafic et banditisme transfrontaliers, terrorisme, crises sanitaires et écologiques, etc.) interpellent tous les Etats obligés de redéfinir leur concept de défense et de sécurité nationales.
Depuis l’indépendance, le Sénégal a vu son armée et ses forces de sécurité, pétries de valeurs républicaines, se professionnaliser année après année et inspirer le respect sur tous les théâtres d’opération, avec notamment des officiers généraux et supérieurs justifiant d’une solide formation générale, technique et militaire. Limitée exclusivement à la France en 1960, la coopération militaire de notre pays s’est progressivement diversifiée et élargie à d’autres partenaires comme les Etats-Unis, l’Allemagne, la Chine, l’Inde, le Nigéria, le Maroc, l’Afrique du Sud, la Côte d’Ivoire, le Mali, l’Arabie Saoudite, le Brésil, etc.
En Afrique, certaines opérations de défense et de sécurité des différents Etats sont de plus en plus concertées et coordonnées dans le cadre des ensembles d’intégration régionale et sous-régionale, à l’exemple des patrouilles conjointes, des manœuvres militaires communes, des forces de l’ECOMOG au Libéria ou de la CEDEAO en Côte d’Ivoire, ainsi que de la Mission des Nations-Unies et de l’Union africaine au Darfour.
Ces mutations rendaient anachronique la présence des bases militaires de l’ancienne puissance coloniale sur notre sol. Il s’agit maintenant de bâtir notre propre dispositif de sécurité collective et de définir une stratégie militaire globale et commune à tous les pays africains. En effet, la sécurité de l’Afrique dépend, d’abord, de notre capacité à mettre en place une sécurité collective à travers de mécanismes de collaboration entre nos différentes armées, voire plus tard par l’intégration de nos forces militaires dans un ensemble capable de répondre aux défis en matière de sécurité et de paix. L’Union Africaine pourrait prendre une telle initiative parce que c’est cela aussi l’unité africaine que nous appelons de tous nos vœux.
Face à une mondialisation dans laquelle les défis en matière de sécurité sont globaux, tous les Etats et toutes les grandes puissances militaires, y compris la première puissance militaire que constituent les Etats-Unis d’Amérique, sont obligés de se redéployer en tenant compte des nouvelles données et de recourir à la coopération en matière de sécurité et de défense, tout comme les petites et moyennes puissances sont tenues, elles aussi, de se réajuster aux nécessités de notre temps. La France, notre partenaire concerné par ces bases militaires, avait annoncé, déjà avec le Président Jacques Chirac, sa volonté de réorganiser et de redéployer sa présence militaire extérieure.
Le Livre blanc sur la politique de défense et de sécurité commandité par le Président Nicolas Sarkozy, dès son accession au pouvoir, et publié en juin 2008, indique clairement que la France « convertira radicalement le système actuel des accords de défense et la coopération militaire pour évoluer vers un partenariat entre l’Europe et l’Afrique et une coopération de défense et de sécurité, favorisant la montée en puissance des capacités africaines de maintien de la paix. ». L’Afrique, engagée dans un système de défense commune, doit se mettre en relation avec l’Europe et mettre en place avec elle une plateforme de coopération en matière de sécurité dont les prémices ont été lancées à Lisbonne en décembre 2007.
Le retrait des bases militaires françaises et l’émergence d’une politique africaine de défense et de sécurité étaient donc une exigence inéluctable inscrite dans l’ordre normal des orientations données, depuis toujours, à la politique de défense et de sécurité de notre pays.
Face à cette nouvelle donne et touché dans son égo surdimensionné par les initiatives prises par le Président Nicolas Sarkozy et les déclarations faites par ce dernier en février 2008 au Cap, en Afrique du Sud et en février 2010 à Libreville, au Gabon, Abdoulaye Wade tente honteusement de récupérer, à son profit, des décisions qui lui ont complètement échappé et qu’il n’a pas initiées. Au contraire, si cela ne tenait qu’à lui, les bases militaires françaises seraient tout simplement déplacées de Dakar à Thiès. Malgré les maladresses commises par le Président Sarkozy dans l’annonce de décisions impliquant le Sénégal, la politique de défense et de sécurité de notre pays ne doit pas relever d’un dépit amoureux ou dépendre de raisons subjectives, encore moins des humeurs d’Abdoulaye Wade.
C’est dire donc que se parer du manteau de souverainiste, de nationaliste et de patriote et avoir la prétention de s’autoproclamer comme le libérateur qui parachève l’indépendance de notre pays, ainsi que tente de le faire Abdoulaye Wade, relève de la pure démagogie et d’un populisme indigne de sa fonction. En effet, tout le monde peut témoigner que le retrait des bases militaires françaises de notre pays n’a jamais été inscrit dans son programme personnel, ni dans ses initiatives depuis qu’il est Chef de l’Etat. Lui qui qualifie aujourd’hui de « formelle » et « inachevée » l’indépendance de notre pays, n’est-ce pas lui qui, dans ses discours antérieurs prononcés la veille de la fête du 4 avril, parlait de fête de la « dignité retrouvée du peuple sénégalais » ou de la « liberté individuelle et collective retrouvée ? N’est-ce pas lui qui a fait appel, il y a seulement un peu plus d’un an de cela, à la France pour un emprunt de 80 milliards de FCFA destiné à éponger en partie les arriérés de paiement de l’Etat ? N’est-ce pas lui qui, tout récemment, a appelé au secours les forces françaises basées à Dakar pour l’aider à extraire son fils coincé par un incendie au 7ème étage de l’immeuble abritant ses bureaux ?
En vérité, dans cette affaire, Abdoulaye Wade n’est mu que par son appétit insatiable pour les terres et par la spéculation foncière. Mais il doit savoir que cette diversion grotesque ne fera pas disparaître, par enchantement, les gros nuages qui enveloppent la question de la destination des assiettes foncières qui abritent les bases françaises. C’est pourquoi, toutes les forces vives de la Nation doivent exiger que l’affectation des réserves foncières des bases militaires qui seront libérées, se fasse en toute transparence et à l’issue de larges concertations. Aussi, le sort des travailleurs sénégalais attachés à ces bases militaires doit être pris en charge par le Gouvernement du Sénégal dans les pourparlers avec la France et leurs droits préservés.
L’annonce péremptoire de reprise par le Sénégal des bases militaires à compter du 4 avril à zéro heure et d’exercice désormais de notre souveraineté sur elles, ne sera suivie d’aucun effet notable à court terme. Elle relève de la pure escroquerie et dénote une méconnaissance de la situation juridique de ces bases qui, à la différence des ambassades, ne bénéficient pas d’une extra-territorialité et n’ont donc jamais échappé à la souveraineté de notre pays.
Cette nouvelle fanfaronnade d’Abdoulaye Wade décrédibilise encore un peu plus la parole et la signature de notre pays. En effet, les accords de cette nature liant les Etats, sont des contrats synallagmatiques qui prévoient des droits et obligations réciproques, ainsi que des procédures et des délais de renégociation, de révision et de dénonciation et tout pays qui se respecte, doit honorer ses engagements. Cette décision épidermique unilatérale d’Abdoulaye Wade, sans avoir épuisé les délais et procédures prévus par les accords, constitue une déloyauté partenariale vis-à-vis d’un pays ami avec qui le Sénégal entretient des relations multiformes et a des accords et une coopération « gagnant-gagnant ». A l’avenir, elle rendra suspecte et fragilisera la signature de notre pays dans ses relations avec d’autres partenaires.
Enfin, dans un pays démocratique, une décision de cette nature ne doit pas être solitaire, mais doit faire l’objet de larges consultations à l’exemple de ce qui s’est passé en France où la Commission chargée de l’élaboration du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale comprenait, en nombre égal, des parlementaires de la majorité et de l’opposition, et où les représentants de tous les partis politiques et de la société civile ont été consultés et auditionnés durant le processus. Abdoulaye Wade a encore raté une belle occasion de dialogue politique sur la question du retrait des bases militaires françaises et, plus largement, d’un nouveau concept de défense et de sécurité, question sur laquelle, sous réserve du respect de la signature de notre pays, un consensus national serait sans nul doute construit.
Fait à Dakar, le 07 Avril 2010
Le Bureau politique
[email protected]
http://www.ps-senegal.com
Tél/Fax 00 221 33 824 77 44
Objet : DECLARATION BP DU 07 AVRIL 2010
??? PARTI SOCIALISTE DU SENEGAL
“PS?
BUREAU POLITIQUE
DECLARATION EN DATE DU MERCREDI 07 AVRIL 2010
A l’occasion de son discours à la Nation délivré la veille du cinquantenaire de l’indépendance de notre pays, le Président de la République a déclaré solennellement « que le Sénégal reprend, à partir de ce jour, 4 avril 2010, à zéro heure, toutes les bases antérieurement détenues, sur notre sol, par la France, et entend y exercer sa souveraineté qui repose de jure sur la présente déclaration. »
Pour introduire son propos et soutenir sa décision, il parle d’« indépendance formelle » obtenue en 1960 et se cache, sans avoir le courage de l’assumer personnellement, derrière « nos populations, singulièrement les jeunes, les cadres et l’armée » pour qui, dit-il, la présence de bases militaires françaises sur notre sol « a été souvent ressentie comme une indépendance inachevée ».
Ce qui reste, au-delà de ce discours passablement honnête et faussement patriotique, c’est qu’avec la mondialisation et le développement des moyens de communication, de nouveaux périls et menaces (trafic et banditisme transfrontaliers, terrorisme, crises sanitaires et écologiques, etc.) interpellent tous les Etats obligés de redéfinir leur concept de défense et de sécurité nationales.
Depuis l’indépendance, le Sénégal a vu son armée et ses forces de sécurité, pétries de valeurs républicaines, se professionnaliser année après année et inspirer le respect sur tous les théâtres d’opération, avec notamment des officiers généraux et supérieurs justifiant d’une solide formation générale, technique et militaire. Limitée exclusivement à la France en 1960, la coopération militaire de notre pays s’est progressivement diversifiée et élargie à d’autres partenaires comme les Etats-Unis, l’Allemagne, la Chine, l’Inde, le Nigéria, le Maroc, l’Afrique du Sud, la Côte d’Ivoire, le Mali, l’Arabie Saoudite, le Brésil, etc.
En Afrique, certaines opérations de défense et de sécurité des différents Etats sont de plus en plus concertées et coordonnées dans le cadre des ensembles d’intégration régionale et sous-régionale, à l’exemple des patrouilles conjointes, des manœuvres militaires communes, des forces de l’ECOMOG au Libéria ou de la CEDEAO en Côte d’Ivoire, ainsi que de la Mission des Nations-Unies et de l’Union africaine au Darfour.
Ces mutations rendaient anachronique la présence des bases militaires de l’ancienne puissance coloniale sur notre sol. Il s’agit maintenant de bâtir notre propre dispositif de sécurité collective et de définir une stratégie militaire globale et commune à tous les pays africains. En effet, la sécurité de l’Afrique dépend, d’abord, de notre capacité à mettre en place une sécurité collective à travers de mécanismes de collaboration entre nos différentes armées, voire plus tard par l’intégration de nos forces militaires dans un ensemble capable de répondre aux défis en matière de sécurité et de paix. L’Union Africaine pourrait prendre une telle initiative parce que c’est cela aussi l’unité africaine que nous appelons de tous nos vœux.
Face à une mondialisation dans laquelle les défis en matière de sécurité sont globaux, tous les Etats et toutes les grandes puissances militaires, y compris la première puissance militaire que constituent les Etats-Unis d’Amérique, sont obligés de se redéployer en tenant compte des nouvelles données et de recourir à la coopération en matière de sécurité et de défense, tout comme les petites et moyennes puissances sont tenues, elles aussi, de se réajuster aux nécessités de notre temps. La France, notre partenaire concerné par ces bases militaires, avait annoncé, déjà avec le Président Jacques Chirac, sa volonté de réorganiser et de redéployer sa présence militaire extérieure.
Le Livre blanc sur la politique de défense et de sécurité commandité par le Président Nicolas Sarkozy, dès son accession au pouvoir, et publié en juin 2008, indique clairement que la France « convertira radicalement le système actuel des accords de défense et la coopération militaire pour évoluer vers un partenariat entre l’Europe et l’Afrique et une coopération de défense et de sécurité, favorisant la montée en puissance des capacités africaines de maintien de la paix. ». L’Afrique, engagée dans un système de défense commune, doit se mettre en relation avec l’Europe et mettre en place avec elle une plateforme de coopération en matière de sécurité dont les prémices ont été lancées à Lisbonne en décembre 2007.
Le retrait des bases militaires françaises et l’émergence d’une politique africaine de défense et de sécurité étaient donc une exigence inéluctable inscrite dans l’ordre normal des orientations données, depuis toujours, à la politique de défense et de sécurité de notre pays.
Face à cette nouvelle donne et touché dans son égo surdimensionné par les initiatives prises par le Président Nicolas Sarkozy et les déclarations faites par ce dernier en février 2008 au Cap, en Afrique du Sud et en février 2010 à Libreville, au Gabon, Abdoulaye Wade tente honteusement de récupérer, à son profit, des décisions qui lui ont complètement échappé et qu’il n’a pas initiées. Au contraire, si cela ne tenait qu’à lui, les bases militaires françaises seraient tout simplement déplacées de Dakar à Thiès. Malgré les maladresses commises par le Président Sarkozy dans l’annonce de décisions impliquant le Sénégal, la politique de défense et de sécurité de notre pays ne doit pas relever d’un dépit amoureux ou dépendre de raisons subjectives, encore moins des humeurs d’Abdoulaye Wade.
C’est dire donc que se parer du manteau de souverainiste, de nationaliste et de patriote et avoir la prétention de s’autoproclamer comme le libérateur qui parachève l’indépendance de notre pays, ainsi que tente de le faire Abdoulaye Wade, relève de la pure démagogie et d’un populisme indigne de sa fonction. En effet, tout le monde peut témoigner que le retrait des bases militaires françaises de notre pays n’a jamais été inscrit dans son programme personnel, ni dans ses initiatives depuis qu’il est Chef de l’Etat. Lui qui qualifie aujourd’hui de « formelle » et « inachevée » l’indépendance de notre pays, n’est-ce pas lui qui, dans ses discours antérieurs prononcés la veille de la fête du 4 avril, parlait de fête de la « dignité retrouvée du peuple sénégalais » ou de la « liberté individuelle et collective retrouvée ? N’est-ce pas lui qui a fait appel, il y a seulement un peu plus d’un an de cela, à la France pour un emprunt de 80 milliards de FCFA destiné à éponger en partie les arriérés de paiement de l’Etat ? N’est-ce pas lui qui, tout récemment, a appelé au secours les forces françaises basées à Dakar pour l’aider à extraire son fils coincé par un incendie au 7ème étage de l’immeuble abritant ses bureaux ?
En vérité, dans cette affaire, Abdoulaye Wade n’est mu que par son appétit insatiable pour les terres et par la spéculation foncière. Mais il doit savoir que cette diversion grotesque ne fera pas disparaître, par enchantement, les gros nuages qui enveloppent la question de la destination des assiettes foncières qui abritent les bases françaises. C’est pourquoi, toutes les forces vives de la Nation doivent exiger que l’affectation des réserves foncières des bases militaires qui seront libérées, se fasse en toute transparence et à l’issue de larges concertations. Aussi, le sort des travailleurs sénégalais attachés à ces bases militaires doit être pris en charge par le Gouvernement du Sénégal dans les pourparlers avec la France et leurs droits préservés.
L’annonce péremptoire de reprise par le Sénégal des bases militaires à compter du 4 avril à zéro heure et d’exercice désormais de notre souveraineté sur elles, ne sera suivie d’aucun effet notable à court terme. Elle relève de la pure escroquerie et dénote une méconnaissance de la situation juridique de ces bases qui, à la différence des ambassades, ne bénéficient pas d’une extra-territorialité et n’ont donc jamais échappé à la souveraineté de notre pays.
Cette nouvelle fanfaronnade d’Abdoulaye Wade décrédibilise encore un peu plus la parole et la signature de notre pays. En effet, les accords de cette nature liant les Etats, sont des contrats synallagmatiques qui prévoient des droits et obligations réciproques, ainsi que des procédures et des délais de renégociation, de révision et de dénonciation et tout pays qui se respecte, doit honorer ses engagements. Cette décision épidermique unilatérale d’Abdoulaye Wade, sans avoir épuisé les délais et procédures prévus par les accords, constitue une déloyauté partenariale vis-à-vis d’un pays ami avec qui le Sénégal entretient des relations multiformes et a des accords et une coopération « gagnant-gagnant ». A l’avenir, elle rendra suspecte et fragilisera la signature de notre pays dans ses relations avec d’autres partenaires.
Enfin, dans un pays démocratique, une décision de cette nature ne doit pas être solitaire, mais doit faire l’objet de larges consultations à l’exemple de ce qui s’est passé en France où la Commission chargée de l’élaboration du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale comprenait, en nombre égal, des parlementaires de la majorité et de l’opposition, et où les représentants de tous les partis politiques et de la société civile ont été consultés et auditionnés durant le processus. Abdoulaye Wade a encore raté une belle occasion de dialogue politique sur la question du retrait des bases militaires françaises et, plus largement, d’un nouveau concept de défense et de sécurité, question sur laquelle, sous réserve du respect de la signature de notre pays, un consensus national serait sans nul doute construit.
Fait à Dakar, le 07 Avril 2010
Le Bureau politique
[email protected]
Tél/Fax 00 221 33 824 77 44