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Le Pse, véritable Yoonu yokkuté ? : Une vision politique à la recherche de stratégie

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Le Président Macky Sall entame la troisième année de sa première mandature avec des ambitions plus revigorées par l’appui de ses partenaires au développement. On a le sentiment que depuis le lancement, en début de cette année, du Plan Sénégal émergent (Pse), une nouvelle dynamique s’est dessinée dans le pays, qui en a acquis un surcroît d’optimisme quant à la réalisation de ses ambitions de développement.
Il est symptomatique que, depuis l’entrée en vigueur de la loi sur la baisse des tarifs de loyer, on n’entend plus à Dakar, ni dans le reste du pays, la rengaine qui clamait que «deuk bi dafa Macky», et que chacun, selon le bord politique où il se situe, traduisait à sa convenance.
Tout au contraire, le président de la République, qui s’est rendu au Groupe consultatif de Paris, dans le sillage du lancement du Pse, donne l’impression de vouloir faire accréditer l’idée que les engagements des bailleurs de fonds pris à Paris, ont déjà commencé à résoudre les problèmes des Sénégalais. N’oublions pas que ces engagements des bailleurs se sont faits sur la base des objectifs du Plan Sénégal émergent. Tous les membres du gouvernement, qui ont été fortement appelés à adopter ce Pse, dont leur chef dit qu’il est désormais le «seul plan de développement du Sénégal», chantent qu’il vise à produire «une croissance forte, inclusive, génératrice d’emplois, en mettant en place une politique équitable de redistribution des revenus».

Le Pse enterre tous les autres plans
Une fois que le chef de l’Etat a annoncé sans ambages sa préférence pour ledit Pse, toutes les autorités de l’Etat se sont rangées derrière lui, pour en chanter les qualités. Plus personne n’ose faire aucune référence au plan sur lequel le Sénégal a travaillé pendant près de douze ans, et qui a abouti, à l’arrivée de Macky Sall, à une Stratégie nationale de développement économique et sociale (Sndes). Cette dernière, qui est l’un des avatars des fameux Documents de stratégie de réduction de la pauvreté (Dsrp), dont la mise en œuvre, sous l’égide et l’impulsion de la Banque mondiale et du Fmi, avait commencé à l’aube de 2000 au Sénégal et dans plusieurs autres pays en développement, avait servi de matrice de développement à tous les projets pilotés au pays à partir de cette date. A l’arrivée de Macky Sall, le Dsrp avait évolué en un Programme de développement économique et social (Pdes), avant de laisser la place à la Sndes. C’est la dernière mouture de la Sndes que le ministre de l’Economie et des Finances, Amadou Kane, se préparait à aller présenter aux bailleurs de fonds à Paris, juste avant qu’il ne soit limogé. Cela avait nécessité que le Sénégal demande le renvoi de cette grande rencontre avec ses financiers, le temps de mettre la dernière mouture au plan qui mettait le point final à l’ère des Dsrp.
Il faut croire que ces Dsrp et les excroissances multiples qui en naissaient, ne devaient pas vraiment convaincre nos dirigeants, qui n’y faisaient, pour ainsi dire, jamais référence, ni au temps de Abdoulaye Wade, et encore moins de son successeur.

Les 300 000 emplois du Yoonu yokkuté
C’est sans doute pour cela que, durant sa campagne électorale, le Président Macky Sall, alors candidat à la présidence, avait promis de mettre en œuvre un plan qu’il a dénommé, Yoonu yokkuté (Chemin de l’émergence). De ce dernier, on a surtout noté qu’il devait permettre au pouvoir en place de produire chaque année 500 000 emplois dans divers secteurs. Cette ambition a été peu de temps après ramené à 300 000 emplois. Mais si l’Etat a recruté quelques milliers d’individus, on n’a pas senti, dans le secteur privé, de vague de fond qui présage la création des centaines de milliers d’emplois annoncés. Sans doute parce que les niveaux de croissance économique pouvant permettre une redistribution des revenus plus équitable n’ont pas été au rendez-vous, malgré la Stratégie de croissance accélérée (Sca), mise en place depuis 2005 par le Président Wade, et que Macky Sall maintient malgré le manque de résultats.

A quand le prochain plan ?
Néanmoins, le Yoonu yokkuté avait prévu que le Sénégal ne pourrait atteindre les taux de croissance espérés qu’en modernisant son secteur agricole, seul à l’heure actuelle, susceptible de lui permettre de «caser» les grandes masses de jeunes gens qui se pressent chaque année sur le marché de l’emploi. Pourtant, sans expliquer quoi que ce soit au Peuple sénégalais, Macky Sall lui a fait comprendre, presque du jour au lendemain, que le Yoonu yokkuté, qui avait tant convaincu les Sénégalais qu’ils avaient décidé de lui confier leur destin, était devenu caduc et était remplacé au pied levé par le Pse.
Ce n’est pas ici le lieu de revenir sur les tâtonnements dans la démarche et dans l’élaboration du Pse. Des experts comme l’ancien Commissaire de l’Uemoa El Hadj Abdou Sakho, ou Moubarak Lô, qui a fait partie de la première équipe d’élaboration du Plan, en ont suffisamment relevé les faiblesses. Contentons-nous ici de nous demander si, au rythme où les plans de développement naissent et meurent à l’époque de Macky Sall, combien d’autres stratégies de développement nous réserve-t-il d’ici la fin de son premier mandat ?

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