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Le retour de la peine de mort ou l’éloge de l’absurdité inhumaine Par Lamine Niang

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Cela fait froid au dos d’entendre un représentant du peuple réclamer le rétablissement de la peine de mort au Sénégal. Un projet de loi funeste pour remettre sur la place publique l’échafaud, dans un pays  qui se targue d’être tolérant et civilisé. Il faut vraiment se demander si nous avons encore toute notre tête pour laisser ce type d’entreprise macabre prospérer.

 

Comment peut-on dormir tranquille avec l’idée d’encourager la mort d’autrui fut-ce pour tenter de réparer un préjudice ? Comment peut-on faire la promotion d’une pratique qui n’honorerait pas le pays? Pour qu’on se remette à couper des têtes, il faut qu’il se soit passé dans nos cœurs quelque chose de bien monstrueux.

 

« L’objectif de cette loi est de diminuer la criminalité au Sénégal», essaie de justifier  l’auteur de cette perfidie. Quelles Foutaises! Toutes les études sérieuses sur le sujet ont déjà démontré depuis longtemps qu’il n’y avait aucun effet dissuasif sur les crimes violents  dans les endroits du monde ou la peine capitale est encore appliquée.  Bien au contraire, le taux d’homicide est même plus bas dans les États où cette ignoble punition n’est pas pratiquée si nous prenons l’exemple des États-Unis. Ainsi, comme le soutient  Amnesty International : « En 2004, le taux d’homicides moyen était de  5,71 pour 100 000 habitants pour les États recourant à la peine de mort, et de 4,02 pour 100 000 pour les États n’appliquant pas ce châtiment…Loin de rendre la société plus sûre, la peine de mort y exerce une influence violente.»

 

Pour faire baisser la criminalité,  comme semble le vouloir ce député qui n’a apparemment d’autres priorités que le retour de la guillotine, il faut d’ abord s’intéresser à la racine du mal.

 

Imaginons deux probables scénarios qui pourraient  amener l’individu à commettre l’irréparable.  La folie? Dans ce cas, la peine capitale n’est pas la solution. Le coupable a beaucoup plus besoin d’être compris, soigné et soutenu.  La maladie mentale n’étant pas par ailleurs nécessairement reliée au port de haillons et à l’errance  dans les rues.

 

Ils sont nombreux nos compatriotes qui vous parlent clairement et vous paraissent sains d’esprit alors qu’ils traînent depuis longtemps une déprime profonde que le miroir stigmatisant de la société empêche de voir et d’accepter. Le fil est parfois mince entre l’explosion de la vase débordante des nombreuses angoisses imperceptibles  et le passage à l’acte tragique. On n’aura rien vu venir…hélas!

 

La pauvreté et le besoin de survie? La responsabilité incombe alors aux gouvernants qui sont censés faire régner la justice sociale afin que tous les citoyens- surtout les plus pauvres- puissent vivre convenablement dans un minimum de dignité humaine.

 

Qui est d’ailleurs  le plus criminel entre le pauvre qui est prêt à tout pour du pain et la minorité de dirigeants voleurs  qui s’est accaparée de toutes les richesses d’un pays où la grande majorité de la population vivote avec moins d’un dollar par jour?

 

Elles sont si nombreuses les sempiternelles frustrations vécues par de jeunes désoeuvrés dans les quartiers défavorisés de la capitale qui ne voient qu’un horizon bouché depuis leur naissance. Comme pour les narguer, on leur montre tous les soirs,  dans le petit écran, le luxe insolent d’insignifiants arrivistes qui étalent avec désinvolture tous leurs avoirs. Quelle humanité!

 

Et les arguments des souteneurs de la peine de mort? D’abord, qu’il est nécessaire de soustraire de la société une personne qui lui a fait du tort et qui continuera possiblement de la nuire. Alors, pourquoi n’enfermera-t-on pas seulement à perpétuité le coupable ? Cela l’isolera à vie du fonctionnement de la société Ainsi, on montrera que l’objectif est de corriger pour améliorer ; non de répondre une cruauté par une autre cruauté.

 

Mais pour beaucoup, cela ne suffit pas. Il faut que la société se venge. Victor Hugo aimait rappeler que « Se venger est de l’homme; punir est de Dieu». La société doit donc se trouver entre les deux. Le châtiment au-dessus d’elle, la vengeance au-dessous.

 

Pensez à la tourmente et au supplice du condamné dans les couloirs de la mort, attendant son heure d’exécution. Pensez au  tort que vous causerez à tous ses proches. Pensez aux nombreux innocents qui pourraient être tués injustement. Repensez alors aux propos de Todd Willingham au moment d’être mis à mort le 17 février 2004. «Je suis un homme innocent condamné, pour un crime que je n’ai pas commis. J’ai été persécuté pendant 12 ans pour une chose que je n’ai pas faite.»

 

Ils sont également nombreux ceux qui se cachent derrière la législation religieuse pour  tenter de légitimer un si ignoble projet. Se croient-ils déjà suffisamment inondés  de la miséricorde divine pour décider de ceux qui méritent de  vivre ou de mourir?

 

C’est effrayant de voir notre déchaînement et le déferlement de la violence verbale qui s’abat très souvent sur ceux d’entre nous qui ont eu la malchance de commettre un impair dans leur vie.  Comme si nous n’étions que raison et que ceux qui appellent de tout leur cœur à l’application littéralistes des règles religieuses  ont, depuis leur naissance, été délivrés de tout péché. Une manie bien sinistre de toujours pointer du doigt les faiblesses et les manquements des autres en oubliant la grosse poutre qui nous aveugle la vue.

 

Puisqu’on y est  et qu’on interpelle la religion pour punir les meurtriers,  ne devrait-on pas alors pousser la logique jusqu’au bout. Que fera-t-on des fornicateurs et des apostats?

 

La roue, la guillotine, la pendaison, le bûcher, le gibet,  l’échafaud, l’écartèlement…

 

N’oublions jamais que la raison est pour nous, le sentiment est pour nous, l’expérience est aussi pour nous.

 

Lamine Niang, Montréal

[email protected]

 

16 Commentaires

  1. merci Mr NIANG je pense que devant des idées qui font reculer notre petite démogratie des contributions de cette dimension sont les bienvenue même si certain ce cacherons derrière la religion pour contester

    • Laisser la religion comme elle est , elle au moins ne varie pas comme vos pretendues constitutions a la con . Les plus grandes democraties de ce monde appliquent la peine de mort . Qu’appelez vous recul de la democratie ? Est-ce de la democratie que d’oter la vie a quelqu’un simplement parce qu’il est ce que tu voudrais etre , ou qu’il possede ce que tu voudrais avoir ?
      Si vous vous interrogez sur les motivations de ces criminels , vous ne leur trouverez pas d’excuses . Ne nous voilons pas la face , il faut par tous les moyens mettre fin a la criminalte ambiante au Senegal .

  2. bla bla rek, mais cela ne changera en rien la nécessité d’appliquer la peine de mort dans notre pays comme ,d’ailleurs, dans plusieurs pays du monde qui sentent la meme nécessité cependant moins courageux pour le reclamer. Mon cher, souniou rayé sa baay danga khamni peine capitale amna solo. Nga baalma nak ce n’est qu’un exemple.

    • Mr KA ,
      ne serais-tu pas apparente a ce triste KA/Mr que SERIGNE DIOP avait montre a la tele comme celui que Abdoulaye Wade avait paye pour attenter a sa vie ? Il doit etre un des tiens .  » boul ragal , la peine de mort ne s’appliquera qu’aux criminels  » .

  3. appliquer la peine de mort est inhumaine mais tuer quelqu’un avec sang froid cela est humain, sama wadji tu ne peux pas vivre labas et mieux connaitre la souffrance qu’on est en train de vivre quotidiennement, et il ne faut pas nous pomper l’air avec des etudes commanditees par des gens qui ne veulent jamais que la peine de mort soit appliquees nulle part car nous connaissons beaucoup de pays qui appliquent la peine de mort et que le taux est inferieur donc si tu crois a la democratie comme tu le pretends tu devrais respecter ce depute qui a fait cette proposition au lieu de traiter sa proposition d’absurde et inhumaine car c’est au peuple de decider.

  4. Celui qui acree les hommes , leur a donne le droit , apres proces equitable , de tuer celui qui a ote la vie a son semblable . Ne soyons pas des fumiers ; nous sommes tous favorables a la reciprocite des visas , mais quand il est question de la mort c’est la fuite en avant avec des explications les plus alembiquees pour defendre les criminels . L’occident est embarrasse par ses propres choix de societe . Aujoursd’hui l’heure est a la legalisation de l’homosexualite et quoi demain . Au Cameroun , il fut un temps ou , pour un vol a mains armees , les coupables passaient devant un poleton d’execution . Les droits-de-l’hommiste ont commence a crier sur tous toits . Quand la pratique a cesse , des emigres venus du Nigeria voisin ont investi les circuits de la criminalite, vols , viols , kidnapping des jeunes filles pour les destiner a la prostitution ….
    Si la peine de mort venait a etre instauree au Senegal , vous verrez bientot le developpement de l’agriculture ….
    VIVE LA PEINE DE MORT AU SENEGAL .

  5. Mr. Niang vous refusez à la société ce pouvoir que certains individus s’octroient unilatéralement devenant juge et exécuteur. Vous êtes un apologiste de la peine de mort pour les plus forts, pour ceux qui osent aller et tuer d’autres gens à leur guise.
    Que dites vous au vigile qui fut égorgé par de vulgaires voleurs? Que dites vous à la mère qui pleure son bébé de 3 ans égorgé pour les besoins d’un crime rituel?
    Mr. Vous êtes d’une malhonnêteté sans frontière et d’une crasse partisanerie en listant que des « études » qui étayent votre thèses. Ayant vécu en Georgia, je peux vous dire que la ville de Macon est l’une des plus sûre de l’état grâce en partie de sa décision sur le port d’arme.
    Votre diatribe n’a aucune originalité rejurgutant des thèses longtemps développées par des organisations qui ont un agenda particulier. Vous y apportez seulement l’ardeur du laquais biaisant toute discussion utile autour du sujet.
    Il est vrai qu’il faut assurer un système avec tous les garde-fous possibles pour prévenir l’exécution d’innocents ou pour crime d’opinion. Mais il est aussi aveugle de vouloir empêcher la société de détenir cet arme pour punir certains meurtriers.
    Je finirais par paraphraser St-Simon: par de vie pour les ennemis de la vie.

  6. si la vie au Canada vs a obstrue la raison(les lois de la Cite sont mieux reflechies que celles divines),ns vs prions de mediter le scenario suivant et de ns dire si vs soutiendrez le meme point de vue après:un agresseur tue vos frère et fille pour leur portables.Deux simples questions:Est-ce la vie de ce malfrat est plus importante que celles de vos bienaimes frère et fille?Est-il logigue,quand il faut legiferer, que la creature soit plus futee que le Createur lui meme?

  7. Je suis trés peiné de lire certaines contributions qui dénoncent l’application de la peine de mort. Venant d’un chretien ou d’un animiste cela peut se comprendre. Mais quand on se dit musulman on ne peut et on ne doit pas être contre l’application de la peine de mort. J’appelle tous les musumans du sénégal à se lever d’un seul homme et à soutenir ce projet de loi. Même s’il n’est pas appliquée, la peine de mort doit faire partie de notre dispositif e serait-ce que de manière dissuasive.
    Aujourd’hui on tue les gens au Sénégal telle que l’élimination de ces tueurs ferait le plus grand bien au pays.
    En tant qu’être huamain tout court, je ne peux cautionner l’assassinat d’un sénégalais par un autre pour des raisons fallacieuses.

  8. NON A LA PRÉTENTION DÉMESURÉE DES INTÉGRISTES LAÏCS !!! Dieu lui a appris la justice ; puis il se rebella et le vida de toute sa dimension spirituelle ; dans son égarement manifeste et son insouciance, il oublia même que le Droit positif dont il prétend être l’inventeur et vante son universalisme est d’essence judéo chrétienne. L’homme ! Quel ingrat ! En vérité, Dieu l’Omniscient a fait de l’homme, son vicaire sur terre et lui a appris toute science, tant religieuse que profane ; c’est Lui qui leur a envoyé des messagers pour les tirer des ténèbres vers la lumière ; leur apportant ainsi un savoir être et un savoir-faire ; bref une véritable civilisation. Oui, il ne peut pas y avoir de civilisation véritable, en dehors d’une justice ; et point de justice véritable, en dehors de Dieu. Oui, la justice est proche de la piété ! (5. La Table Servie : 8 – Al-Mâ’idah). En vérité, à chaque communauté, Dieu a donné une législation et une ligne de conduite ; et certes, les lois divines peuvent changer pour être plus en phase avec le niveau d’évolution de l’homme et de l’humanité, mais les principes demeurent immuables ; ainsi, une législation inspirée du Coran qui est le rappel et la confirmation de toutes révélations antérieures (Thora, Evangile) est compétente pour juger tant les musulmans que les ‘’gens du Livre’’ (chrétiens et juifs) ; ces derniers ne pourraient nullement être pénalisés par une loi d’inspiration coranique – et inversement (5. La Table Servie : 41-50 – Al-Mâ’idah). Il est bon de noter que même pour l’application du Talion, Dieu a prévu la grâce de meurtriers et le payement de dommages aux victimes de préjudices ; ce qui est un argument qui pourrait permettre, dans certaine mesure, d’envisager une ‘’abolition’’ de la peine de mort ou de restreindre son application (2. La Vache : 178-179 – Al-Baqarah). Certes, la vie est sacrée, mais même pour le plus grand des délits, Dieu a prévu la grâce ou le bannissement dans certaines conditions (5. La Table Servie : 33-34 – Al-Mâ’idah). Il faut cependant regretter l’approche de ceux qui luttent pour la suppression de la peine de mort, au nom des droits de l’homme ; ils ont tort de considérer la peine de mort que préconisent les ‘’Textes Sacrés’’ (Coran, Thora, Evangile), comme une violation des droits de l’homme ou une atteinte au droit à la vie ; il devraient plutôt admettre la justesse et l’équité d’une telle loi, puis plaider la clémence et la réhabilitation des criminels, au nom de la clémence et de la miséricorde de Dieu ; l’Islam ne s’oppose pas à ce que la peine de mort soit commuée à une réclusion à perpétuité, avec même une possibilité de remise de peine, si le criminel s’amende et se réforme. Il n’y avait pas pire criminel que Pharaon ; et pourtant Dieu lui a envoyé Moïse pour le réhabiliter (79. Ceux qui arrachent : 15-18 – An-Nâziâte). Dieu n’est-Il pas le Législateur Suprême ? Et de rappeler que notre pays est musulman à plus de 95% ; et qu’on le dise ou pas, notre République est une république islamique ; ainsi, qu’on le mentionne ou non dans la constitution, les lois devraient être conformes avec les principes de l’Islam, si la démocratie fonctionne normalement ; car, en vérité, la démocratie, c’est une affaire de rapport de force. Et dans cette perspective, le pouvoir spirituel devrait veiller particulièrement au respect de cette exigence !!!

  9. Mr Bamba Ndiaye, je crois que vous faites fausse route de prétendre que le Sénégal est une république islamique. C’est du n’importe quoi. Même si le pays est composé de 95% de musulmans (chiffres qu’il faut encore vérifier), n’oubliez pas la minorité (Chretiens, animistes, Athées, etc)qui n’est pas moins Sénégalais que vous. Votre religion doit vous apprendre encore l’humilité et les respect des autres religions révélées.

    • Un pays démocratique majoritairement musulman ne peut être qu’un pays musulman (ou islamique). Oui, on ne peut pas gommer les convictions religieuses de la majorité ; et consciemment ou non, elles impactent forcément dans la législation qui est un consensus national dynamique. Et c’est tout cela qui explique, entre autre, que notre pays soit membre de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) et que notre Président en soit le président. Et tout cela est conforme avec la démocratie qui fonctionne selon la loi de la majorité, dans le respect des droits des minorités, dans les limites de l’acceptable.

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