Dans un climat de plus en plus délétère, partis politiques, société civile, mouvements citoyens, en lice pour franchir le Rubicon et partir à l’assaut de nos collectivités. Des candidatures tous azimuts, qui impriment à notre démocratie un bon en avant et offrent à l’électorat Sénégalais un large choix diversifié.
En revanche, les manœuvres mâtinées d’arrière-pensées politiques semblent prendre le dessus sur la pierre angulaire qui devrait mobiliser les énergies, situation qui obstrue les perspectives de développement, désole et déroute la masse silencieuse non partisane. Gare au vertige : Dans cette bataille qui s’annonce, il n’y a rien à épargner. Rien. Un mois plus tôt, en dépit d’une série de rejets suspects de candidatures dissonantes, voire embrassantes, aucune autorité administrative n’en a été, sinon tenue rigueur, du moins interpelée, ne serait-ce qu’à titre d’information, par le garant de la stabilité nationale, le président Macky Sall. Plus effarant, le félon de Yewi Askan Wi, Djibril Ngom, se voit récompenser d’une audience sous les lambris du palais. Attitude qui laisse entrevoir un festival de manœuvres pour s’agripper aux accoudoirs des fauteuils des collectivités stratégiques pour les présidentiels en vue, quitte à épuiser le catalogue des martingales du forcing.
Parmi les quatre pays réputés démocratiques dans la trentaine des pays ayant décroché le Graal de la souveraineté en 1960, le Sénégal se voit courber l’échine sous le magistère du Président Macky Sall. Les nuages sombres d’une régression démocratique qui s’amoncellent sur le ciel du duel Barthelemy Diaz et Abdoulaye Diouf SARR, en témoignent : aussitôt que sa candidature à la maire de Dakar officialisée, sous la bannière de la coalition Yéwi Askan Wi, le dossier Ndiaga DIOUF ressuscité, lequel dossier le président Macky Sall, lui-même, avait jugé politique en 2012, en ces termes : « Nous apportons notre soutien à Barthélemy Diaz qui s’est défendu ». Mais comment s’étonner qu’un ancien fidèle féal du « SOPI » en vienne à passer maître dans l’art du « Wax Waxéet » ?
La vérité, implacable et crue, la voilà: neuf ans durant, entre 2012 et 2021, l’heure est moins à la rupture qu’à la perpétuation sous une forme aggravante. il instaure un implacable autoritarisme adossé à deux piliers : la justice et l’Assemblée nationale. La justice, colonne vertébrale d’une démocratie, instrumentalisée pour écarter du jeu politique des rivaux. Et l’Assemblée nationale, le lieu de prédilection du débat politique, des arguments et contre arguments, réduite à sa plus simple expression à travers sa majorité mécanique.
De son « Yoonu Yookuté » à « Yoonu Notangué », Macky mérite son brevet du totalitarisme appliqué. Avec une propension à remplacer le multipartisme réel par un multipartisme de façade sans vergogne : Anéantissement du moindre germe d’opposition, achat la complicité de l’aile marchande de l’opposition, médias inféodés, activistes persécutés… Dans son désir insatiable de tout réduire en lui, il envoie, au lendemain de son élection, deux figures de proue de l’opposition, en l’occurrence Karim Wade et Khalifa SALL, à la retraite forcée. L’un contraint à l’exil, l’autre se voit, au lendemain d’un simulacre procès, faire le deuil de son destin présidentiel. Avant de supprimer et d’empocher le portefeuille du premier ministre.
Bousculé, Idrissa Seck, son principal opposant lors des échéances de 2019, se croyant plus malin qu’une tribu de singes, se jette à pieds joints sur des propositions réduisant son parti à une armée mexicaine. Ousmane Sonko, le seul rescapé, doté d’un solide instinct manoeuvrier, phagocyte l’opposition et porte sur ses épaules le ministère de la parole, en dépit de son contrôle judiciaire et passeport confisqué.
Réforme sur réforme, le Grand Timonier bricole la constitution, lequel bricolage voué, à l’en croire, à réduire le mandat à 5 ans et limiter le nombre à 2 mandats. Volontarisme séduisant. Mais gare aux calculs politiques : en l’espèce, dans lequel bricolage se cache une ambiguïté sur l’éventualité d’une troisième candidature, laquelle a pour vocation de l’affranchir du garde-fou de la limitation du nombre de baux présidentiels consécutifs.
Dans la foulée, il enclenche les grands chantiers de la décentralisation, pour soi-disant arriver à des collectivités viables, compétitives et porteurs de développement. En mode francophile incurable, il calque son papier sur celui de la France, sans tenir compte du découpage politico-administratif sous le président Wade. Et par conséquent, une pléthore de communes sans viabilité territoriale ni économique voient le jour. Ces dernières qui ne doivent avoir un recouvrement de taxes et impôts déficients que d’être victime de son mimétisme, peinent à financer leurs investissements.
Les nuages d’une régression démocratique s’amoncellent, la lumière obscurcie, le dernier rempart vacille. Si nul ne l’arrête, le sang coule et coulera.
Mounirou THIOUNE Etudiant à l’université de Poitiers/France Ancien Président de la Coordination des Amicales des Étudiants de l’Université de Thiès