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Le Sénégal face à la crise mondiale imminente : s’endetter davantage pour survivre ou périr. ( Par Mohamed Dia)

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Avec les tensions commerciales, la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, le Brexit, les tensions géopolitiques, et maintenant le coronavirus, la croissance mondiale qui devrait s’établir à 2,9 %, soit son plus bas niveau depuis la crise financière, risquerait d’être encore plus bas qu’initialement prévu. La dernière crise financière s’était étendue en Afrique et a présenté un impact négatif sur les variables micros et macroéconomiques. Le véritable impact ne s’est fait sentir qu’en 2009, lorsque la plupart des économies africaines ont commencé à connaître une baisse de devises, à cause du tourisme qui a baissé, les envois de fonds, les recettes d’exportation, ainsi que la croissance économique.

Selon Bloomberg, la dernière fois que la production de barils de pétrole a chuté de plus de 3 millions de barils par jour était durant les attentats du 11 septembre 2001 jusqu’à l’apparition du coronavirus. Il est prudent de dire qu’à chaque fois que la Chine perd un point sur son PIB, la croissance mondiale baisse généralement d’un demi-point à cause de sa part importante dans le commerce mondial. Plus l’épidémie dure, plus la croissance mondiale en souffrirait et plus vite arrivera la prochaine crise. Le Sénégal, est-il prêt face à cette prochaine crise mondiale ?

Les conditions économiques actuelles au Sénégal sont éprouvantes et cela rendra plus difficile la mise en œuvre de l’aide pour le développement. Il y a une dette considérable aussi bien intérieure qu’extérieure, un marché limité pour les récentes émissions d’obligation du Trésor, le manque d’exportations à valeur ajoutée et surtout les décisions de financement du gouvernement qui peuvent être influencées plus par des considérations politiques qu’économiques. Le ralentissement économique mondial, en particulier aux Etats-Unis et en Chine présentera un impact direct sur les fondamentaux économiques du Sénégal. Notre économie est extrêmement vulnérable aux fluctuations des prix des produits alimentaires et pétroliers. Les envois de fonds qui représente une autre source considérable de devises étrangères risqueront de diminuer vu que la crise affectera les Sénégalais de la diaspora, car le marché de l’emploi ralentira aux Etats-Unis et en Europe.

La dépendance accrue de notre pays à l’égard de l’aide étrangère représente un autre facteur variable pour la performance économique. Au titre du budget de cette année, on voit que l’aide représente un pourcentage considérable du budget et toute diminution de cette aide affectera le Sénégal. La baisse de la croissance mondiale aura aussi comme conséquence une baisse considérable du flux des investissements étrangers directs et cela conjugué à la diminution de fonds de l’étranger risqueraient de hausser le taux de pauvreté dans tout le pays. Bien que ni le Sénégal ni la banque centrale de la zone monétaire ne détiennent des instruments hypothécaires et de dettes sophistiquées, le ralentissement de l’économie mondiale aura quand même un impact sur les banques locales. L’impact immédiat sera le resserrement du crédit et le gouvernement aura du mal à trouver de nouveaux financements pour combler un déficit budgétaire qui pourrait s’aggraver. On pourra mentionner un problème à obtenir un financement substantiel des banques locales en raison de manque de liquidité. Le Sénégal sera aussi limité en dehors de la zone à cause du manque de manœuvre budgétaire et de l’accord signé avec le FMI.
Cependant, il faut mentionner que depuis la dernière crise de 2009, les pays en voie de développement sont encore vulnérables aux chocs externes avec une dette galopante. Dans le même temps, on peut s’assurer que les pays développés ont mis en place des réglementations du secteur financier plus strictes pour surmonter une crise mondiale aussi grave que la dernière. Durant la dernière crise, plus de 150 millions de personnes sont tombées dans la pauvreté à cause de l’augmentation des prix de l’énergie et des denrées alimentaires. La plupart des pays en voie de développement avaient pris des mesures compensatoires telles que la subvention de l’énergie et des produits alimentaires. Cependant, durant cette crise imminente, le Sénégal ne sera pas en mesure de subventionner ces produits, car cela aggravera le déficit budgétaire et nous empêchera de se soumettre à l’examen du FMI. Quelle est la solution ?

S’endetter et augmenter les dépenses publiques. Telle est la solution pour survivre face à cette crise. Pendant longtemps, les dépenses publiques ont généralement été considérées comme un fardeau pour l’économie. Cependant, il faut noter que la croissance économique va de pair avec une proportion croissante de dépenses publiques et ces dépenses progressent même plus vite que le PIB. Nous devons davantage augmenter les investissements dans les infrastructures comme les routes, le rail et les infrastructures d’électricité pour continuer à stimuler la croissance économique de notre pays. Ces secteurs reposent sur le dos de l’Etat vu que le secteur privé est quasi inexistant dans ces secteurs. Il ne s’agit pas d’un plan pour développer le Sénégal, mais plutôt pour faire face à une crise qui pourrait aggraver la pauvreté.
Nous devons emprunter la loi de Wagner dans ce cas pour doper les dépenses publiques dans le but d’en tirer profit. Avec une dette avoisinant 9 000 milliards de F CFA, le gouvernement s’est endetté vite et massivement. Cependant, avec le scénario de la situation mondiale actuelle, le gouvernement devrait plus s’endetter dans le but de faire face à cette crise mondiale imminente. En dopant les dépenses publiques, le Sénégal pourrait éviter une récession, mais en contrepartie, on héritera d’une dette plus colossale. En quelque sorte, le Sénégal devrait reproduire la première phase du PSE et réduire les dépenses de la seconde phase du PSE. Un plan s’ajuste selon les réalités du terrain et les réalités du terrain font que le Sénégal ne soit pas prêt pour la seconde phase du PSE. Dans ce cas, il nous faut davantage investir dans les infrastructures de base pour éviter de sentir la crise mondiale. Je pense que le Sénégal doit s’endetter jusqu’au seuil des 70 % pour éviter de sentir cette crise mondiale.

Nullus tenetur ad impossibile.

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