Touba est au sommet de la spiritualité. Et c’est ainsi depuis le siècle dernier. Son fondateur l’a voulu. Il s’est donné les moyens pour que cela soit ainsi.
Il a pris le contre-pied de la facilité pour emprunter un chemin parsemé d’embûches. Le droit chemin de Dieu avec ses exigences, ses privations, ses sacrifices. « Le service que je rends au Prophète m’interdit d’être au service des rois pour leurs largesses », a-t-il très tôt averti.
D’ailleurs sa ligne de conduite suit quatre principes fondamentaux: la foi en Dieu, l’imitation du Prophète, l’apprentissage du Coran, et l’amour du travail. «Travaillez comme si vous ne deviez jamais mourir et priez Dieu comme si vous deviez mourir demain», ajouta Bamba suivant à la lettre des recommandations divines.
Donc, si le Coran est lu plus que d’habitude en ce jour de Magal à Touba, si les khassaïdes y sont psalmodiés à satiété, si des prières y sont beaucoup formulées, si des mets y sont abondamment distribués, c’est pour rendre hommage à Cheikh Ahmadou Bamba. Oui, ici on prie avec ferveur, on chante avec émotion, on se nourrit, on se désaltère.
Khadim Rassoul a fortement insisté pour que ce jour si significatif dans sa quête de gloire, soit consacré exclusivement à Dieu et à son Prophète (Psl). Un acte de grandeur de ce saint homme, pour qui les épreuves ont été avant tout, le moyen qui lui a permis d’accéder aux cimes des connaissances pour faire partie des élus de Dieu. C’est toute l’essence du Magal.
C’est pourquoi, comme le dit Serigne Moussa Ka, Bamba accorda autant d’importance non à son retour, mais à son départ d’exil, en ayant une claire conscience de ce qui l’attend.
Le message est sans ambages. Il se veut universel : pas de réussite sans don de soi, sans foi mille fois perpétuée. Sa foi inébranlable a triomphé face à la puissance des armes.
Aujourd’hui, son œuvre monumentale est reconnue et épiée partout. L’appel de Bamba a été entendu.
Si des millions de personnes se ruent vers Touba, c’est que Khadimou Rassoul est considéré comme un exemple de résistance et d’abnégation face à l’oppression et à la négation de la dignité humaine.
Maintenant, au-delà de cette force de reconnaissance salutaire, il est plus que jamais nécessaire de s’inspirer résolument de lui pour changer notre vécu en interrogeant notre façon de faire, en promouvant le positif, en encourageant le succès, en bannissant la médiocrité et la méchanceté. C’est à notre portée.
« Mes écrits sont mes (seuls) miracles », nous dit-il, comme pour nous rappeler son double statut fièrement revendiqué d’esclave de Dieu et de serviteur du Prophète (Psl).
Comme pour nous dire que s’il a pu faire des choses extraordinaires, relevé des défis innombrables, « soulevé des montagnes », c’est avant tout grâce à un engagement sans faille, une confiance en soi inébranlable, une haute estime de sa race devant ceux-là qui théorisaient la « chosification ».
Une richesse si puissante comme l’œuvre de Serigne Touba, doit profiter à sa patrie qu’il aimait tant. « Ce pays est notre bien commun, nous devons travailler sans relâche pour sa construction… »
Une invite qui a été au cœur de son action.
Cheikh Ibrahima Fall, son digne compagnon l’avait compris. Il lui a été fidèle et a accompagné ses héritiers à l’image de son fils Mouhamadou Moustapha, premier Khalife des Mourides.
Lamp a été récompensé. Impossible de venir à Touba- du nom d’un arbre qui se trouve au paradis- sans le voir. Il rayonne et surplombe la ville…sainte.
Que cette « créature » nommée corona, pour reprendre Al Mountakha, quitte ce bas-monde.
Bon Magal
Mame Gor Ngom
Journaliste