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“Le système, c’est l’hydre de lerne !” (Par Thierno Diop, journaliste)

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Il y a un an à peine, un âpre duel d’arguments m’a apposé à mon ami Amadou Ba de Pastef, autour de la notion de « système ». Mon argument a été de lui rappeler que ce qu’il appelle « système », et que la vulgate sonkoïste se proposait de démolir, était, en réalité pareil à l’Hydre de Lerne : animal fabuleux en forme de serpent d’eau. En d’autres termes, ça peut signifier un mal qui se renouvelle constamment et semble augmenter en proportion des efforts faits pour le détruire.

Aujourd’hui, le nom de la coalition « Yéwi Askan wi », n’est qu’une reproduction anachronique du slogan de Senghor à la fin des années 40, à savoir « tékki boumou gname » (mettre fin à l’esclavage). Dans les deux expressions, il y a le champ lexical de la lutte contre l’oppression à travers « yéwi » (détacher) et « téki » (qui est son synonyme).

Mieux, Sonko s’allie avec Khalifa Sall, celui qui, supposément, souhaite sauver le parti co-fondé par le poète-président d’une mort programmée.

De l’autre côté, nous avons la bande à Mamadou Lamine Diallo « Tekki » (« Tékki » : encore le verbe détacher, qui peut aussi signifier réussir dans la vie). Donc, Diallo Tekki et Cie sont en coalition avec le Parti démocratique sénégalais, enfanté par l’UPS de Léopold Sédar Senghor, qui est aussi grand-père, en ligne directe, de l’Apr, de Bok Gis Gis ou encore de Rewmi.

C’est dire qu’au moment où ces lignes sont écrites, il n’existe pas au Sénégal une formation politique opposée au « système ».
Même Abdou Diouf, en théorisant le « sursaut patriotique », conceptualisé par son idéologue Doudou Sine, au début des années 80, parlait de « changement d’hommes, de méthodes et de structures ». La formule sera répétée par Djibo Kâ quand il créa le Renouveau.

Et l’on ne peut pas parler de sphinx qui renait de ses cendres, car ici le système ne s’est jamais éteint pour qu’on parle de cendres.
En réalité, la politique appelle une dialectique hégélienne, qui allie conservation et dépassement. Hors de cette perspective, nous sommes dans l’utopie qui mène à l’anarchie.
Ce qu’il nous faut en direction de 2024, c’est unir les meilleures fils du pays vers l’objectif de développer celui-ci, tout en élaguant le bois mort : amener Macky Sall à ne pas se présenter en 2024, préserver la stabilité, bref conserver ce qui est bon et chasser le mal.

Comme le système a la vie dure, le Nouveau type de sénégalais (NTS ) que nous vendait Y en marre finit par vendre son âme au diable en vendant des passeports diplomatiques. Pourtant comme l’homme de Jean Jacques Rousseau, l’homo senegalensis est naturellement bon, mais c’est la société qui corrompt sa vertu originelle. La crise économique, fruit des politiques imposées par l’ultra-libéralisme, n’a pas fait que pousser à une perte de la valeur de notre CFA en 1994, elle a aussi entrainé une perte des valeurs morales. C’est pourquoi nous devons, « par enracinement et ouverture », recomposer notre vraie identité au lieu de s’imposer en identité remarquable par démagogie. La démocratie sénégalaise, qui a quitté le « Parti unique » pour le multipartisme était bien en route. Ce qu’il faut, c’est pousser le véhicule vers le progrès, au lieu de s’échiner à réinventer la roue.

La plupart des insulteurs endoctrinés de votre serviteur encartés Pastef vivaient dans l’utopie et dans l’anarchie. Aujourd’hui, ils comprennent que la politique c’est l’art du réel. Et pourtant moi-même je n’ai pas épousé cette réalité machiavélique, j’ai préféré rester ce marginal qui ne vit mieux que dans la cité idéale de Platon pour mieux vivre de mes idées. Le bonheur de Victor Hugo, n’était-il pas dans les « Contemplations » ? Elle est belle la souffrance du spectateur, qui renonce au plaisir du pouvoir pour éprouver le goût des Elysées, en coupant le filet sous la langue pour dire ce que l’on pense !

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