Le 70e anniversaire du FCFA est passé presque inaperçu dans les zones monétaire de la zone Franc. Le Franc des Colonies Françaises d’Afrique est né en 1945, après la seconde guerre mondiale. C’est la monnaie des colonies françaises en Afrique garantie par le trésor français et non par la Banque de France. Elle a été créée pour faciliter la mainmise de la France, sous occupation allemande, sur ses colonies africaines. Les anciennes colonies françaises et la France sont ainsi regroupées dans une zone monétaire appelée Zone Franc. La zone franc CFA englobe donc aujourd’hui seize pays: huit pays qui utilisent le franc Communauté Financière Africaine en Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina-Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo), six pays d’Afrique centrale qui utilisent le franc Coopération Financière Africaine (Cameroun, République Centrafricaine, Congo-Brazzaville, Gabon, Guinée Équatoriale, Tchad), le Franc comorien pour les Comores et le Franc Français pour la France. Il s’agit donc d’une organisation monétaire et économique gérée par la France, qui s’appuie sur des institutions africaines: la Banque Centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), la Banque des États d’Afrique Centrale (BEAC), la Banque Centrale des Comores (BCC). Chaque monnaie a cours légal uniquement dans la zone de la Banque centrale qui l’a émise. C’est ainsi que le FCFA BCEAO n’a cours légal que dans l’Union Monétaire Ouest Africaine qui deviendra plus tard une Union Economique et Monétaire Ouest Africaine et le Fcfa BEAC uniquement dans les pays membres en Afrique Centrale.
Dans les trois banques centrales des pays africains membres de la zone Franc, des administrateurs français siègent de droit aux Conseils d’Administration. Les statuts des banques centrales confèrent à la France un droit de veto lors de la prise de décision sur les politiques monétaires des Etats de la zone franc. Au CA de la BCC, 4 administrateurs sur 8 sont français alors que les décisions doivent être votées à la majorité. A la BCEAO seuls 2 administrateurs sur 16 sont français, mais l’unanimité est requise pour toute décision importante et notamment la modification des statuts. La situation est la même à la BEAC avec 3 administrateurs français sur 13. On constate bien que la France a trouvé un mécanisme très contraignant pour continuer à garder sa mainmise sur ses anciennes colonies après les indépendances. En utilisant le levier monétaire, le pouvoir de la France dans ces institutions reste donc très considérable et la présence des représentants français dans les différents conseils d’administration garantit la mise en œuvre de tous les principes centraux du système CFA.
Grace à un accord de coopération monétaire avec la France, la libre transférablité garantit la convertibilité du franc CFA par la France à un taux de change fixe par rapport au Franc Français et à l’euro aujourd’hui. La valeur du franc CFA sur les marchés mondiaux dépend donc de celle de l’euro. Les pays membres sont contraints par ces accords monétaires de déposer la moitié de leurs avoirs en devises dans un compte d’opérations ouvert auprès du trésor français. Ce sont des ressources financières indispensables au financement des politiques budgétaires des pays africains membres de la zone Franc qui servent aujourd’hui à assurer le financement des investissements français et peu être même de notre dette via l’agence française développement au nom de la garantie de convertibilité offerte par le trésor français. Cette libre convertibilité s’applique théoriquement des pays africains membres de la zone Franc vers la France mais l’inverse est impossible actuellement. C’est donc une convertibilité à sens unique. Cette convertibilité ne concerne pas les échanges entre les trois zones monétaires du système CFA. C’est-à-dire qu’on ne peut pas automatiquement convertir des FCFA BCEAO en FCFA BEAC. Ce mode de fonctionnement de la zone Franc facilite d’une part les investissements français en Afrique, le rapatriement des capitaux par les entreprises françaises, l’évasion fiscale, l’importation par la France de matières premières mais d’autres parts il bloque les échanges inter-africains. Les transferts d’argent entre la France et l’Afrique s’opèrent sans entraves au profit des élites politiciennes africaines et françaises. Ceci limite considérablement les possibilités d’industrialisation des pays membres et anéantit toute chance de développement économique. Tout est fait pour maintenir ces pays dans le sous-développement, la pauvreté et accentuer la dépendance économique et financière vis-à-vis de la France.
On se retrouve finalement avec un système monétaire à deux dimensions: une dimension verticale qui définit les liens monétaires et sociopolitiques avec le trésor français et une autre dimension horizontale qui comprend les relations d’intégration au sein de l’UEMOA et de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale. On constate que, même si chaque FCFA est émis par une banque centrale, les pays africains de la zone franc n’ont pas finalement le contrôle de leur politique de change et de leur politique monétaire. Il leur sera difficile voire impossible d’utiliser la monnaie comme levier de développement économique dans ces conditions. Au régime de change fixe choisi au sein de la zone franc devraient correspondre des politiques économiques, financières et budgétaires suffisamment flexibles pour préserver constamment la compétitivité par rapport aux concurrents étrangers d’Asie et d’Amérique latine et une politique monétaire de soutien à l’activité économique. Mais la fixité du taux de change du FCFA par rapport à une devise forte oblige la BCEAO et la BEAC à maintenir le niveau des taux d’intérêt au-dessus de ceux de la zone euro et un taux de change moins compétitifs. A cette politique monétaire restrictive par rapport à celle de la zone euro, la France impose aux pays membres des deux unions monétaires une rigueur budgétaire et monétaire pour que l’approvisionnement du compte d’opérations soit garanti en tout temps. Ces pays se retrouvent finalement obligés d’emprunter auprès des institutions financières internationales et auprès d’autres pays industrialisés pour financer leurs investissements à taux d’intérêt élevé alors qu’ils disposent de plus de 10000 milliards de FCFA auprès du trésor français au nom d’une garantie théorique du Fcfa.
L’appartenance à une union monétaire commune et l’ancrage du franc CFA à l’euro, après la dévaluation du FCFA de 1994, a imposé aux pays membres une politique monétaire de lutte contre l’inflation et l’amélioration de politiques budgétaires axées sur le modèle de l’Union Economique et Monétaire Européenne. Les contraintes du pacte de stabilité et de convergence et de solidarité ont effectivement aidé à tenir bas les taux d’inflation par rapport aux autres pays hors de la zone et une certaine stabilité économique. Mais ceci a un coût économique considérable car elle dépossède les pays africains de la zone CFA de la gestion de leur balance des paiements qui constitue un levier majeur de pilotage d’une économie en fonction de l’évolution des échanges et des cours des devises, de ressources financières considérables.
Le franc Cfa est une monnaie entièrement à part. A l’intérieur de sa propre zone, elle n’est pas admis à circuler librement. Le modèle défini par la France crée une différence entre les billets de la BEAC et ceux de la BCEAO. Cette contrainte réduit le volume du financement des économies africaines de la zone et le volume des échanges commerciaux. Le système bancaire en place n’est pas non plus propice au développement car les maisons-mères sont généralement plus favorables au financement des multinationales et des économies extra-africaines qu’au financement des petites et moyennes entreprises locales. Ce dispositif est d’ailleurs facilité par la réglementation bancaire de la zone qui libéralise la politique des taux d’intérêt bancaires et impose des taux élevés.
Après la dévaluation de 1994 le choix de créer deux unions monétaires au lieu d’une seule a rendu les échanges monétaires et commerciaux horizontaux difficiles parce que la réglementation qui prévaut entre les deux FCFA ne permet pas d’échanger facilement les billets de la zone BEAC et ceux de la zone BCEAO. On contrôle les transactions entre les deux zones comme s’il s’agissait de deux devises différentes alors qu’elles sont gérées par le même trésor français.
L’ancrage à l’euro représente un facteur de crédibilité et de stabilité qui, par conséquent entraine des taux d’inflation plus bas, mais la montée de l’euro par rapport au dollar et par rapport aux autres devises des pays concurrents a provoqué une réévaluation automatique du franc CFA. Ceci crée des problèmes de perte de compétitivité aux pays africains de la zone franc. Si le système CFA présente des avantages pour les entreprises européennes, il n’a pas favorisé l’afflux des investissements directs étrangers, le développement des échanges commerciaux et une croissance économique forte et durable. La plupart des investissements correspondent à des privatisations ou à des ventes de licences dans le secteur des télécommunications. La comparaison avec les pays africains disposant de leur propre monnaie, comme par exemple l’Angola, le Mozambique, le Nigeria, la Tanzanie et les pays d’Afrique du Nord montre que ces derniers attirent davantage d’IDE que les pays de la zone CFA.
Si l’absence de risque de change dans la zone facilite les transactions financières, les liens institutionnels et économiques privilégiés avec l’Europe et la France en particulier constituent un obstacle à l’intégration sous-régionale et à la diversification des partenaires économiques et financiers et au développement économique.
Le système CFA est un système à la fois particulier et contraignant. C’est une grosse arnaque monétaire. Nos différentes banques centrales ne peuvent pas décider seules ni de la politique monétaire ni de l’émission monétaire qui, normalement, est de leur compétence. Elles sous-traitent le développement économique des pays membres avec le trésor français. C’est un système qui appauvrit de plus en plus les pays membres et seule une volonté politique peut nous en sortir. Notre développement sera hypothéqué tant que nous ne disposerons pas de la souveraineté monétaire.
Dr Fodé Sarr
Monréal, Québec
bonjour mon frère, je suis désolé mais j’ai l’impression que votre exil loin du Sunugal fait que vous ignorer en grande partie ce qui se passe ici. Le nœud gordien n’est pas la monnaie C.F.A, mais ces hypocrites hommes d’Etat, ces cleptomanes de politiciens qui transforment nos ressources en dollars, euros, ou dinars. nos populations souffrent du comportement de nos dirigeants. Le C.F.A n’est pas pour autant un avenir certain pour développer le pays.
DIONY CE QUE TU DIS EST VRAI MAIS LES MAUX DU CONTINENT RESULTE DE NOTRE ALIÉNATION VIS A VIS DE L’OCCIDENT QUI ,AVEC LA COMPLICITÉ DE NOS DIRIGEANTS MITOMANES ET KLEPTOCRATES ,CONTINUE ToujouRS A NOUS PILLER DANS TOUS LES SENS.