Le rapport d’audit commandité par une banque auprès de 36 experts dont des membres de la branche américaine d’un Cabinet international et révélé par « la lettre du Continent » dans sa publication N°645 du 25 octobre 2012, a mis en exergue certaines pratiques de blanchiment d’argent opérées au niveau d’une banque installée au Sénégal dont l’actuel Premier Ministre était le Directeur général de 1989 à 1997.
Dans la même publication, on peut retrouver les remarques suivantes « annoncé comme imminent, le procès de Hissène HABRE devant une juridiction ad hoc à Dakar pourrait fragiliser le Premier Ministre Abdoul MBAYE(…), si la justice venait à se pencher sur les conditions de gestion des fonds que l’ancien Président Tchadien a emmenés dans sa fuite précipitée de Ndjaména».
Les conclusions de cet audit révèlent l’utilisation de comptes appartenant à des clients décédés ou fictifs qui ont permis d’accueillir les fonds de l’ancien président Tchadien en exil au Sénégal. Au cours de l’année 1991 des ordres ont été donnés pour que la banque en question émette plusieurs « Bons de caisse au porteur » remis en liquide à Hissène HABRE.
L’existence d’un listing de comptes de clients fictifs soustraits au contrôle interne de la banque et au contrôle de gestion est également révélée par les auditeurs.
Le Premier Ministre ne pouvait plus rester indifférent devant de telles révélations. C’est pourquoi le 06 Novembre 2012 lors d’une conférence de presse tenue pour se défendre de ces accusations graves pour un Premier
Ministre en fonction, il a entre autres arguments, déclaré qu’au moment des faits il n’existait pas une loi contre le blanchiment d’argent.
Cette affirmation constitue au moins un aveu de blanchiment et même de recel de biens et de fortune appartenant au peuple Tchadien.
Lors de cette même conférence de presse il a cherché à accréditer la thèse selon laquelle cet argent proviendrait des comptes personnels de Monsieur HABRE. Ce qui constitue une contre-vérité d’autant plus que selon différentes sources le montant global détourné des caisses de l’Etat Tchadien tournerait autour de 16 milliards de FCFA avant la dévaluation de 1994. Si tel est le cas, il ne ferait aucun doute que l’ancien Président Tchadien avait vidé les caisses du trésor public de son pays ainsi que certainement des sommes importantes déposées auprès de banques primaires.
Pour sa défense, il impute une partie de sa propre responsabilité à des autorités sénégalaises, tchadiennes et à la BCEAO sans fournir de noms.
En particulier, il est difficilement croyable qu’un Président en fuite puisse bénéficier d’autant de soutiens (surtout au TCHAD) pour dissimuler et faire un transfert bancaire aussi important à partir de ses propres comptes du Tchad à la banque précitée.
A l’approche du procès de Monsieur Hissène HABRE, est-il acceptable que Monsieur Abdoul MBAYE, qui a joué un rôle aussi important dans le transfert et la dissimulation de l’argent de M. HABRE mal acquis du Trésor Public tchadien, puisse continuer à diriger le gouvernement du Sénégal, étant entendu qu’à tout moment, les autorités tchadiennes ou même les parties civiles, pourront l’installer dans la cause ? Même s’il n’existait pas à l’époque de loi sanctionnant pénalement le blanchiment d’argent, l’éthique et la morale devraient lui interdire de tels agissements d’autant plus qu’il est par ailleurs accusé de faux et d’usage de faux.
Le Premier Ministre Abdoul MBAYE est rattrapé par son passé. C’est pourquoi conformément aux articles 86 de la Constitution et 99 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, nous, députés signataires de la présente motion, demandons à l’Assemblée nationale de bien vouloir voter la motion de censure pour provoquer la démission du gouvernement de M. Abdoul Mbaye d’autant plus qu’il refuse de démissionner, comme l’ont réclamé l’opposition démocratique et une bonne partie de la société civile.