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L’eau consommée par les Dakarois est-elle potable ?

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On a plusieurs fois entendu les habitants de la capitale sénégalaise, notamment de la banlieue, vociférer pour se plaindre de la qualité de l’eau qui leur est servie. Leur crainte est-elle fondée ?
Pour répondre à cette question, il faut remonter le cours de l’histoire de l’eau consommée par les Dakarois. De la période coloniale au début des années 60, au lendemain de l’indépendance du Sénégal, Dakar, qui ne comptait alors que quelque 300 000 habitants, était alimentée par des forages (F19, F20, F22…). Ces forages étaient alimentés par la nappe de Thiaroye qui avait une capacité de 26 000 m3 par jour, elle-même constituant une zone de captage ravitaillée par quatre grands lacs : Wouy, Weurouwaye, Thiourour et Mbeubeussé (devenu Mbeubeuss).
Mais avec la croissance accélérée de sa démographie vers les années 60-70, à cause du phénomène de l’exode rural causé par un cycle infernal de sécheresse, Dakar a vu sa demande en eau supérieure à l’offre. L’augmentation de la population a aussi provoqué la naissance de quartiers spontanés, sans aucun plan d’assainissement. Conséquence : les fosses septiques de fortune non étanches qui y sont installées ont infecté la nappe de Thiaroye. Mais c’est surtout l’autorisation de la décharge sauvage de Mbeubeuss qui a le plus affecté la nappe. Ce qui oblige les autorités de l’époque à aller chercher l’eau jusqu’au Lac de Guiers, abandonnant ainsi la nappe de Thiaroye. C’est en partie ce qui explique les inondations parce qu’il suffit de quelques gouttes de pluie pour faire déborder la nappe déjà trop pleine.
Seulement, la quantité d’eau fournie par le Lac de Guiers est aujourd’hui insuffisante pour couvrir les besoins de la région de Dakar. En effet, selon les normes de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), il faut 70 litres par jour et par personne. Actuellement, le Sénégal est à 40 litres par jour et par personne. Un ratio insuffisant, surtout pour la population de Dakar qui est estimée à plus de 3 000 000 d’habitants. Comment l’Etat du Sénégal comble-t-il ce déficit de 30 litres ?
Les autorités sénégalaises vous diront que l’on puise dans les nappes de Pout et de Sébikhotane. Ce qui est vrai. Mais ce qu’elles ne disent pas aux Sénégalais, c’est qu’elles ont recours aux nappes infectées de Thiaroye pour une quantité de 6 000 m3 par jour. Cette eau est par la suite mélangée, par un phénomène de dilution, à celle provenant des nappes citées supra. Les autorités en charge de cette question serinent que cette eau est traitée avant d’être servie aux populations. Sauf qu’elles ne parviennent toujours pas à donner une explication convaincante par rapport à la couleur rougeâtre de l’eau des robinets, qui a un arrière goût et qui sent mauvais. Point besoin d’être un spécialiste pour savoir que cette eau est douteuse. Même un élève de primaire connaît les propriétés de l’eau : incolore, inodore et sans saveur.
Amadou Diouf

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