L’école sénégalaise est-elle en passe de sombrer à nouveau dans le cycle des grèves générales qui ont hypothéqué l’avenir des apprenants, toutes ces dernières années ? En tout cas, tout pousse à le faire croire avec la grève générale programmée par l’ensemble des centrales syndicales à partir de demain, mardi 19 mars. En dehors de l’Uden, tous les syndicats d’enseignants regroupés au sein du Cuse, du Cusems-Saemss, et du Sels se sont en effet engagés à paralyser le système par un débrayage général, ce mardi 19 mars, dans tous les établissements d’enseignement, et une grève totale mercredi. A la source du courroux des corps enseignants qui disent « avoir épuisé toutes les voies de recours et de médiations » : la rupture des négociations entre les syndicats et l’Etat, relativement aux questions statutaires et financières.
La troisième semaine de mars qui s’annonce risque d’être mouvementée pour l’école sénégalaise. Pour cause, l’ensemble des centrales syndicales d’enseignants du pays, en dehors de l’Uden (Union démocratique des enseignants du Sénégal), ont décidé de paralyser le système éducatif dès ce début de semaine. Ces organisations syndicales réunies autour du grand cadre Cuse-Cusems-Saemss/Cusems-Sels/A, optent en effet de perturber l’ensemble des apprentissages dans les établissements d’enseignement public, du préscolaire au secondaire, en décrétant un débrayage dès demain, mardi 19 mars, à 9 h suivi d’assemblées générales à Dakar et dans les régions, et une grève totale le lendemain, mercredi 20 mars. Après avoir épuisé toutes les voies de recours et de médiations (visites auprès de khalifes généraux), les enseignants disent en effet être conscients que «la confrontation est inévitable».
Signant par là la fin du relatif état de grâce accordé dans le secteur de l’éducation, au nouveau régime, depuis son avènement à la tête du pays, les syndicats d’enseignants semblent ainsi déterrer la hache de guerre par un mouvement général d’avertissement qui risque de s’amplifier si le gouvernement n’y prend pas garde. Un gouvernement accusé d’ailleurs d’être à l’origine de cette paralysie annoncée du système éducatif, en se singularisant «par une tentative de remise en cause des accords déjà stabilisés avec les syndicats d’enseignants», selon un communiqué des centrales en question. Lesquelles fustigent, dans la foulée, la proposition dite «ridicule» du gouvernement d’appliquer la validation du 1/3 des années de volontariat, de vacation et de contractualisation pour les enseignants titularisés comme fonctionnaires. A la non validation des années de contractualisation des vacataires, vient en outre se greffer, selon les enseignants, le refus de l’Etat de procéder au rappel des émoluments des enseignants fonctionnaires comme le non-paiement des indemnités d’examens à certains enseignants, entre autres.
Cette paralysie annoncée du système éducatif, pour mardi et mercredi, sera par ailleurs l’occasion pour le Cadre unitaire des syndicats d’enseignants de dérouler un plan d’actions unitaire pour «mobiliser l’ensemble des enseignants, de l’élémentaire au moyen secondaire». S’inscrivant en effet dans une dynamique de lutte revendicative sans failles, le Cuse dit envisager de rencontrer les autres centrales pour la construction d’un large front. Une façon de dire que l’école entre véritablement en zone de turbulence.
sud quotidien