L’auteur de La problématique de la citoyenneté au Sénégal traite du rôle de la jeunesse «dans cette phase critique» que traverse le pays. Dans un contexte où des mouvements comme Y’en marre ont réussi à s’imposer aux politiques comme de véritables sentinelles, Mandiaye Gaye alerte, cependant, sur les risques que peuvent engendrer «l’impatience» et «l’impréparation» de la jeunesse pour mener ce qu’il appelle «l’ultime combat» contre le chaos ou «le combat ultime» pour le «sauvetage du peuple». L’«autodidacte» ressuscite également la sempiternelle question de l’état civil, pourtant pièce maîtresse dans une démocratie. L’état civil en général en Afrique et au Sénégal en particulier, est traité avec banalité et jugé sans importance dans la vie du citoyen, voire de la société. Il ne présente aux yeux des autorités gouvernementales aucun intérêt, sauf à la veille d’élections, pour des raisons obscures d’ailleurs. Il est traité en dehors de la période électorale, en parent pauvre dont on peut bien se passer. Mais la contradiction, c’est de vouloir dans le même temps et malgré tout prétendre ensuite obtenir des statistiques fiables dans le pays, ce qui est absolument impossible.
(…) Même pas de local apte à accueillir tous leurs services, où les registres sont scandaleusement jetés par terre, sens dessus-dessous. C’est l’une des raisons pour lesquelles, il est parfois impossible d’obtenir une pièce d’état civil séance tenante, dans la quasi-totalité des bureaux d’état civil du Sénégal. Il arrive même, que les agents vous rétorquent qu’il leur manque des imprimés vierges pour établir les actes de toute nature ; ceci en période creuse seulement. Mais à l’approche de l’ouverture des classes ou de consultations électorales, la situation est pire. Le rush provoqué par ces évènements pousse certains agents à monnayer illégalement, et au prix fort, l’acte d’état civil. Un autre problème non moins important, c’est celui de passer à côté de l’objectif visé, à savoir : rapprocher l’Administration de ses administrés. Cet objectif louable est loin d’être réalisé en ce moment, car ceux qui sont nés hors de leur lieu de travail ou de résidence du moment, sont obligés de voyager vers leur lieu de naissance et d’y passer des jours
pour obtenir un acte d’état civil. Alors, en dehors de la peine et la perte de temps, l’acte leur reviendra finalement très cher et sa durée de validité ne sera, en plus de tout cela, que de trois mois. Il est inutile de vous dire que c’est vraiment ridicule de vouloir gérer en ce XXIe siècle, un bureau d’état civil par cette méthode empirique de registres manuscrits. (…)
«L’IMPATIENCE ET L’IMPREPARATION D’UNE ACTION NE MENENT SOUVENT QU’A UN ECHEC»
Cette réflexion citée plus haut, n’incite pas la jeunesse à l’inertie, à l’immobilisme, à l’indifférence ou à l’abandon de la lutte pour défendre l’intérêt général de la Nation, mais l’invite plutôt à la prudence, donc à la réflexion et à l’élaboration d’une stratégie et d’un programme mûrement réfléchis, avant de mener toute action. C’est pour la prévenir d’éviter la précipitation – le jeu favori de Me Wade – et l’anarchie. Et pour dire que l’impatience et l’impréparation d’une action engendrent ou ne mènent souvent, qu’à un échec.
Pour assumer un rôle hautement patriotique et républicain, la jeunesse sénégalaise devra bien se prémunir au préalable d’une volonté de fer et d’une détermination inébranlable. Elle devra se battre aussi pour que la qualité de vie du citoyen dans le vrai sens du mot soit rétablie et garantie dans tout le pays. Elle fera de sorte que le citoyen puisse accomplir son devoir sans entrave aucune, ce qui veut dire : instituer un Etat de droit où le respect des droits et devoirs ne serait pas que verbal ni de la figuration simple dans une Constitution, mais une réalité palpable. Comme on le devine, le combat est multiforme, complexe et semé d’embuches pour la jeunesse, et il en est de même sur tous les fronts de lutte d’ailleurs. Le parti-pris manifeste de Me Wade en faveur de son fils Karim et sa bande, est une raison supplémentaire pour mener le combat avec plus de détermination, pour l’égalité de tous les citoyens sénégalais sans exception, devant la loi et les ressources de la Nation.
Les tentations de toutes sortes seront exhibées sous forme de piège pour vous appâter, tels que l’argent facile, les postes de sinécure et tant d’autres formes de corruption pour vous pousser à trahir les intérêts de votre peuple, acte ignoble et détestable dessein.
Donc pour cet ultime combat, dans le but d’éviter le chaos à notre pays dans les moments à venir, la jeunesse compte pour beaucoup et doit prendre une part active et décisive dans tout ce que nous aurons à entreprendre, en direction d’une solution satisfaisante. Elle doit cesser de douter de sa force réelle, de son avenir et de celui de notre cher peuple, qui sont d’ailleurs confondus et intimement liés. Elle doit prendre la pleine mesure de sa conscience et se convaincre qu’elle est, et demeurera pour toujours l’espoir de toute une Nation. La jeunesse doit s’engager résolument et dans une cohésion parfaite, pour devenir la locomotive de la lutte, le fer de lance du combat pour la citoyenneté pleine et l’avant-garde du peuple. Tout cela, de concert avec les hommes et les femmes qui sont déterminés à se battre pour une alternative à l’Alternance, afin de défendre nos acquis démocratiques obtenus de hautes luttes par les générations précédentes. C’est un legs à sauvegarder jalousement par la jeunesse. C’est un devoir historique aussi pour elle, dans la perspective de rebâtir notre pays sur de nouvelles bases plus justes et démocratiques.
A cette étape cruciale, comme celle-ci, c’est justement une jeunesse patriotique, consciente de ses responsabilités, toutes tendances confondues, unie dans un même élan, pour le seul objectif, qu’il nous faut, afin de nous débarrasser de ce régime incompétent et dangereux. Pour jouer effectivement ce rôle capital qui doit être le sien, il importe alors qu’elle soit le moteur de la locomotive, dans le but de réparer tout le mal que ce régime lui a porté et de préparer son avenir. Et dans ce combat ultime de sauvetage de notre peuple, sa part est décisive et déterminante. En effet quand un pays est en danger, ce sont tous ses enfants qui doivent se lever et se dresser comme un seul homme pour le défendre. Mais parmi ses enfants, il y a une composante essentielle, considérée légitimement comme l’espoir de la Nation et force motrice des luttes sociales justes, c’est la jeunesse patriotique et consciente. Comme étant, également, la force la plus apte et plus indiquée à occuper les premières lignes, si toutefois elle prend conscience de son rôle de citoyen et à la fois d’avant- garde, par ses prédispositions de force et de capacité physiques et non moins, d’intelligence.
«CE QUE VOUS POUVEZ FAIRE AUJOURD’HUI, CHERS CONCITOYENS, N’ATTENDEZ PAS DEMAIN POUR LE FAIRE, CAR IL RISQUE D’êTRE TROP TARD»
A l’attention de ceux de nos concitoyens, jeunes ou adultes, hommes ou femmes allergiques à la politique inconsciemment, je voudrais dire qu’exercer son devoir citoyen n’est pas faire de la politique partisane, mais c’est user d’un droit constitutionnel que nous confère la Loi fondamentale, pour prendre part en toute connaissance de cause au choix de nos dirigeants politiques. Nous sommes tous concernés et avons une part de responsabilité immense de ce qui nous arriverait demain, si toutefois nous restions de simples spectateurs, indifférents à tout, et laisser faire un pouvoir qui se transforme progressivement en une monarchie dans la République et qui nous prend pour ses sujets. Ainsi, ce que vous pouvez faire aujourd’hui, chers concitoyens, n’attendez pas demain pour le faire, car il risque d’être trop tard.
De visu, nous constatons tous en témoins vivants, que dès son arrivée au pouvoir, Me Wade a cru devoir récompenser ou rétribuer ses souteneurs et les militants de son parti, en leur distribuant comme ristourne, les biens et ressources appartenant au peuple sénégalais tout entier, notamment : aux calots bleus, aux marabouts politiciens commandités, aux ministres, aux députés, aux sénateurs, aux partis alliés et souteneurs, aux amis étrangers et à tant d’autres, au détriment de la grande majorité de notre peuple, l’unique ayant droit primordial. Ce peuple justement, qui a sué sang et eau, s’est privé presque de tout pendant 10 ans, le principal artisan de l’Alternance et du peu de résultat économique auquel nous sommes parvenus, en se sacrifiant et en serrant drastiquement la ceinture, se voit dépossédé maintenant du fruit de son labeur, pour être distribué à des parvenus et parasites. Cette attitude de Me Wade n’est ni plus ni moins qu’un affront et un mépris inacceptables à l’endroit de tous les Sénégalais, sans exception. Et un affront, il est lavé par ceux-là mêmes qui l’ont reçu et dans le cas présent, c’est le peuple sénégalais dans son entièreté.
Tenez-vous bien ! Dans le domaine foncier, il arrive même à ce régime, d’exproprier de simples citoyens parfaitement ayant droits de terrains, pour les réattribuer injustement à ses partisans ou amis. C’est tout simplement un scandale inqualifiable que notre peuple continue de vivre et de supporter sous Me Wade. Je suis tout à fait convaincu que nous ne sommes plus dans une République, et que Me Wade ne prend plus les Sénégalais pour des citoyens à part entière, mais pour de simples sujets à lui. Et puisqu’il rêve dans son for intérieur d’une monarchie, il fait textuellement comme si c’était le cas, sans se soucier de nos protestations et de nos revendications de citoyens républicains.
En fin de compte, tant que les citoyens sénégalais, tous confondus, se fieront aux déclarations de Me Wade, lui ne cessera jamais de nous mener en bateau, dans la mesure où nous semblons consentants ou tout au moins, croire à ses dires. Nous détenons tous aujourd’hui, la preuve irréfutable que la parole de Me Wade n’est pas du tout fiable et y croire, c‘est se perdre en conjectures. Quand il déclare une chose, c’est exactement le contraire qu’il pense et qu’il va effectivement faire. Et quand il clignote à gauche, c’est pour virer à droite. Voilà l’homme qui nous dirige depuis une décennie, avec le même discours, devenu presque un refrain, le même style, sans que les Sénégalais puissent en tirer objectivement une conclusion définitive, une bonne fois pour toutes. Espérons que 2012, ou même avant, sera la bonne date pour tous les citoyens patriotes d‘ici et d’ailleurs, d’en finir avec le régime de Me Wade, qui restera pour mémoire une triste parenthèse dans l’histoire de notre pays.
Il est indispensable de créer un espace démocratique, facteur qui participe à la création d’un cadre idéal permettant l’épanouissement des intelligences nationales pour faire avancer notre pays dans le bon sens ; avec la participation dans la diversité du plus grand nombre de citoyens.
Tout cela est à intégrer dans la réflexion de la jeunesse pour qu’elle se prépare bien et mette tout en œuvre avant d’aller à l’assaut final de ces déprédateurs qui n’ont ni foi ni loi.
C’est dommage et vraiment malheureux, mais un régime qui ne cultive que les vices, à la place des vertus, est un danger venimeux pour la jeunesse et même pour toute la Nation.