Revue de presse
La presse a fait ses choux gras sur l’affaire des chantiers de Thiès. Le tribunal correctionnel de Dakar a relaxé purement et simplement Bara Tall, Marwane Zakhem, Massamba Sall Samb et El Hadji Seyni Seck. Et l’Etat du Sénégal a été débouté. Chaque journal a sa propre lecture du verdict rendu.
« Affaire des chantiers de Thiès, tous les prévenus relaxés », titre « L’Observateur ». « Le tribunal correctionnel de Dakar a relaxé l’entrepreneur sénégalais, patron de Jean Lefebvre Sénégal (Jls) et ses trois co-prévenus qui étaient poursuivis pour détournement de deniers publics et faux et usage de faux dans les chantiers de Thiès. La juridiction a par ailleurs demandé la restitution des cautions versées par les prévenus », note « Le Soleil ».
C’est « la délivrance ! », s’exclame « Sud Quotidien ».
Ce qui fait dire à « L’As » que « l’Etat est débouté, Bara Tall et Cie crient victoire ».
« Le Populaire » note que « le combat continue ».
« L’Observateur » s’exclame : « tout çà pour rien ! » là où « Sud Quotidien » écrit, lui-aussi, « Tout çà pour çà ». « Cinq ans de procédure. Trois juges d’instruction. Deux réquisitoires définitifs. Un pool d’avocats recrutés par le pouvoir pour seconder l’agence judiciaire de l’Etat. Une mobilisation exceptionnelle d’hommes politiques, de travailleurs, d’entrepreneurs, d’Organisation non-gouvernementales (Ong), de membres de la société civile et de syndicats. Un procès de trois jours pour un simple dossier correctionnel. Une peine de 5 ans ferme requis par le substitut du procureur sur injonction de sa hiérarchie. Une sortie du procureur de la République en cours de délibéré. Des centaines d’articles de presse et d’émissions. La radiodiffusion télévision sénégalaise (Rts) qui se sent obligée de braquer ses caméras sur le grand Serigne de Dakar, Bassirou Diagne, à une heure de grande audience, pour préparer l’opinion sur le verdict à venir… Jamais une affaire n’a drainé autant de monde et soulevé autant de passions. Pour quel résultat ? Une relaxe pure et simple. Et une justice sérieusement amochée », commente« L’Observateur ».
« Le Quotidien » indique que maintenant c’est « la réparation du préjudice (qui est) en question ». Selon « Le Quotidien », « le préjudice subi par Bara Tall et ses co-prévenus, entrepreneurs comme lui, demeure énorme. Il devrait servir de prétexte pour mettre en place un dispositif permettant de prendre en charge des cas similaires par des procédés ou mécanismes engageant la responsabilité de l’Etat pour dysfonctionnement de la Justice ».
« Walfadjri » se focalise sur « les non-dits du verdict ».
Selon « Walfadjri », « ce verdict sera un couteau à double tranchant pour l’opposition sénégalaise. Il sera maintenant difficile à Niasse, Tanor, Bathily, Dansokho et compagnie de continuer à parler d’une justice au service du pouvoir. En l’espace de deux jours, Me Wade obtient de bons points sur ses adversaires en leur coupant l’herbe sous les pieds. Il vient de délester leur agenda de deux sujets importants : la réduction du prix du timbre fiscal pour l’obtention de la carte nationale d’identité indispensable pour l’inscription sur le fichier électoral et l’heureux dénouement de l’affaire Bara Tall et Cie ».
« L’Observateur » indique que c’est un « verdict à géométrie variable ».
« Les montées d’adrénaline de l’Union des magistrats sénégalais (Ums), les coups de boutoir du Syndicat des travailleurs de la Justice (Sytjust), le sempiternel débat sur l’impunité sous l’Alternance et la vassalisation du Parquet par la Chancellerie, il va de soi qu’occasion n’a jamais été aussi opportune pour jeter les bases d’une véritable introspection. Peu importe, maintenant, le format et les termes de référence. Dans la mesure où la politique a fait une telle incursion dans le prétoire, que la justice n’a pas demandé ses restes pour détaler. Autrement dit, le moment est venu pour la famille judiciaire, au sens large du terme, de s’adonner à un exorcisme. Pour ne pas dire enterrer définitivement les cadavres qui sont enfouis dans ses placards », écrit « L’Observateur ».
Selon « L’Observateur », « il est de bon ton, pour tous ceux qui ne cessent de s’émouvoir des déviations et autres imperfections notées dans la manière de dire le Droit sous nos tropiques, de ne pas s’enflammer rapidement en criant victoire. Car, certains « experts en prospective » flairent un coup fourré derrière ce verdict dit d’apaisement. En langage décodé, il n’est pas exclu que le pouvoir ait voulu « endormir » le peuple pour lui faire avaler, sans avoir l’air d’y toucher, une pilule amère qu’il lui sera très difficile d’avaler (Ndlr) la validation de la candidature du chef de l’Etat pour la présidentielle de 2012) »
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