Si les sénégalais préparent la tabaski dans le tohubohu, les lendemains de la fête du sacrifice de mouton, c’est tout le contraire en matière d’animation de la ville. Les rues et ruelles sont presque vides, les bureaux désertés, les travailleurs, dans leur majeure partie, absents. Voilà une vilaine habitude qui mérite qu’on en parle.
15 heures 30 mn, le trajet pour le centre-ville ne prend que quelques minutes, via l’avenue Lamine Gueye. Un exemple éloquent pour voir que Dakar s’est fortement dépeuplé de ses habitants. Devant le Centre Commercial Touba Sandaga, le vigile Charles Diatta explique : « Le président de la République a donné un jour férié, mais d’autres continuent de fêter la Tabaski. Par exemple, la korité est parfois célébrée en deux jours ». Jetant un regard critique sur cette attitude des Sénégalais, le concierge dit que dans les services publics, les travailleurs manquent à l’appel. De son avis, même si des sanctions devraient tombées, elles buteraient sur leur applicabilité. « Ici, nous parlons de démocratie, les gens se comportent comme bon leur semble. Dans un hôpital, est-ce qu’un docteur peut prolonger ses fêtes alors qu’un patient est gravement atteint ? Vous imaginez les conséquences. Il peut même y avoir mort d’homme », regrette Charles, impuissant devant cette vielle habitude. M. Diatta se demande quand le Sénégal comblera son retard économique avec des congés décrétés à l’emporte-pièce. Le commerçant Modou Diop est établi sur la Rue Sandiniéry. Il émet sur la même longueur d’onde. Pour lui, ces jours chômés n’encouragent pas leurs Chiffres d’affaires (Ca). « Cela ne marche pas. Peut être, d’ici lundi, les activités seront à la normale », espère-t-il.
Accroché au niveau du Building administratif, M. Ndiaye affirme que cela est devenue une tradition. « Les gens ont tendance à se reposer le lendemain de la tabaski. Il y a des fidèles qui rentrent des régions », argumente le fonctionnaire habillé en boubou traditionnel. Pour autant, il demande aux spécialistes en économie de se prononcer sur le sujet, car ce problème de fond (l’impact sur l’économie) mérite d’être discuté.
Faire le pont, une tradition bien sénégalaise
A la Médina où l’affluence est d’habitude au rendez-vous, un gérant de boutique nous accueille à bras ouverts, face au stade Iba Mar Diop. Teint noir d’ébène, le Baol-Baol, Modou Diouf pense le contraire. « C’est mieux comme ça, car les autres sont partis », dit-il. Vendeurs de friperie à la Colobane, Talla Samb et Matar Lô pensent que ce comportement des Sénégalais à prolonger les fêtes doivent être puni par des sanctions pécuniaires. Dans un Groupe scolaire privé des Parcelles Assainies, les élèves ont joué les prolongations. « On nous demande de rester jusqu’à lundi », nous apprend deux enfants Mouhamed et Abdoulaye, tous âgés respectivement de 9 et de 5 ans. Leur grand frère Abass, 15 ans, préfère rester à la maison, même s’il sait pertinemment qu’il a cours. « Les professeurs ne viendront pas », pronostique le jeune étudiant au Lycée Ibrahima Thiaw.
Timide reprise dans les écoles
Au Collège Municipal des Parcelles Assainies, dans une classe de 1ère L, sur plus de trente élèves, seul une dizaine étaient à l’appel. Ce qui y a poussé le surveillant M. Ndiaga Diop à relever les noms de tous les absents pour statuer sur leur cas ce lundi. Sous « l’arbre à palabre », devant l’Eglise Cathédrale, les élèves dudit établissement sortent et sont sur le point de regagner leur domicile. Youssoupha, èlève de 6ème soutient que ces derniers ont raison. Mais, dès qu’il a pris connaissance des retombées économiques, il a changé d’avis. Debout près de lui et visiblement plus dégourdi, Mouhamed qui fréquente la même ckasse, défend que ces élèves devraient venir en classe. « Même si rater un jour, ce n’est pas très grave pour eux, c’est énorme pour les candidats en classe d’examen, car ce sont des leçons importantes à rattraper », déclare ce jeune d’un abord très amicale.
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