Les années de la présidence d’Abdoulaye WADE se suivent et se ressemblent, toutes jalonnées de scandales retentissants qui renseignent à suffisance sur les mœurs dépravés du régime et sur ses pratiques mafieuses. La dernière affaire en date, objet de rumeurs depuis plusieurs mois et débusquée par le Magazine « La Gazette », à l’occasion de la vente de la troisième licence de téléphonie à la société SUDATEL, en est un énième, et non des moindres, avatar.
BUREAU POLITIQUE
DECLARATION DU MERCREDI 05 MAI 2010
Les années de la présidence d’Abdoulaye WADE se suivent et se ressemblent, toutes jalonnées de scandales retentissants qui renseignent à suffisance sur les mœurs dépravés du régime et sur ses pratiques mafieuses. La dernière affaire en date, objet de rumeurs depuis plusieurs mois et débusquée par le Magazine « La Gazette », à l’occasion de la vente de la troisième licence de téléphonie à la société SUDATEL, en est un énième, et non des moindres, avatar.
Ainsi donc, quand le pays se révolte encore face au «tong-tong» ou «séddëlé bukki» des fonds de l’ARTP par son propre conseil d’administration et que la clameur publique y consécutive ne s’est pas encore estompée, voilà qu’on découvre que des autorités de l’État embusquées au plus haut sommet du pouvoir, avaient, avec leurs complices de la flibuste financière internationale, perçu 20 milliards de FCFA de commissions indues dont le partage, comme à chaque fois qu’on est en présence d’une association de malfaiteurs, est en train de connaître son épilogue devant les tribunaux de Dubaï. Un ancien Premier ministre avait raison de révéler que son maitre lui avait dit, aussitôt installé au Palais, que les bandits de grand chemin se disputent souvent au moment du partage du butin.
Bien que pour l’heure aucun nom n’ait encore été prononcé, l’identité des délinquants en col blanc qui ont sévi dans cette malversation inouïe ne fait pourtant l’ombre d’aucun doute. Comment ne pas penser à ceux qui avaient été spécialement invités au Conseil des ministres pour exposer le projet et à celui qui les y avait invités ? Ne sont-ce pas les mêmes qui ont piloté l’opération de bout en bout par dessus les attributions des membres du gouvernement ayant légitime compétence à cet effet ? Encore les mêmes usurpateurs de l’alternance publiquement félicités par leur mentor Abdoulaye WADE pour ce qui passait alors pour un prodige de négociation ? Enfin les mêmes qui appelaient à cor et à cri à un débat sur les processus comparés de cession des licences SUDATEL et SENTEL qui doivent aujourd’hui rabattre leur caquet et probablement s’apprêter à répondre demain devant la justice des hommes ?
Mais les Sénégalais constatent que si dans le volet national de cette forfaiture, notamment le détournement des fonds de l’ARTP par ses administrateurs et sa direction, les mis en cause ont été livrés à la justice, pour ce qui concerne les dernières révélations ahurissantes, l’opinion nationale attend toujours du gouvernement d’Abdoulaye WADE une réaction digne de ce nom aux antipodes du juridisme de mauvais aloi servi par le Garde des sceaux qui croit pouvoir se dédouaner en réclamant des preuves et en clamant qu’il ne s’agit pour l’instant que d’accusations.
Or donc, si dans le cas de l’ARPT le préjudice souffert par la nation se montait à deux milliards, les sommes en cause ici sont dix fois plus importantes et s’élèvent à 20% du prix de la licence SUDATEL. Après avoir tenté en vain de maquiller le crime en se défaussant sur les taux de change, et comme toujours prompt à livrer, au besoin, les enfants d’autrui à la vindicte populaire pour se soustraire de l’opprobre infamant qui le poursuivra éternellement, Abdoulaye WADE rechigne à faire face à la délinquance des siens qu’il couve de son aile protectrice.
Quand, en effet, pris dans les rets de la corruption de son système, il n’a plus le choix et que toute retraite lui est coupée, il ne dédaigne jamais d’abandonner quelques lampistes aux foudres de quelques magistrats aux ordres tandis qu’il voue aux gémonies tous ceux qui auraient l’audace de s’intéresser aux agissements crapuleux des siens.
Mais, un jour viendra où les Sénégalais seront édifiés sur les dessous scabreux de toutes les affaires qui ont rythmé la folle sarabande criminelle du régime de Abdoulaye WADE. Alors, chacun saura tout sur les dessous des affaires de l’exonération fiscale de la Société Sénégal Pêche, de la réfection de la Pointe de Sangomar, du racket de la Société SENTEL, des sept milliards de Taïwan qui ont vagabondé sur un compte à Chypre, des fonds de l’ANOCI, du bateau loué à 8 milliards pour deux nuitées pendant le sommet de l’OCI, des 26 milliards budgétisés pour des villas présidentielles mais portés exécutés, de la mallette de devises remise à l’ancien Représentant du FMI, Alex SEGURA, du dépeçage du domaine publique maritime et de la razzia sur le foncier en général, du financement du pseudo monument de la renaissance par le bradage des terres de l’aéroport, de la cession des terres du champ de tir des mamelles au groupe Kharafi, etc.
D’ici là, le Parti socialiste interpelle la Commission nationale de lutte contre la corruption, la concussion et la non transparence. Il en fait de même pour la CENTIF chargée de traquer les mouvements de fonds suspects et dont les rapports viennent, aux dires du gouvernement, d’être transmis à la justice. Le Parti socialiste appelle ces deux organes à leurs devoirs s’ils veulent rester crédibles et fidèles à leurs missions. Ils ne pourront pas se permettre la politique de l’autruche et détourner leur attention vigilante de ces milliards qui se pavanent dans des comptes bancaires entre le Soudan, l’Allemagne, Chypre et Dubaï et de ces manipulations qui s’analysent incontestablement en une opération de blanchiment d’argent provenant de la corruption.
Le Parti socialiste interpelle également la communauté internationale, en particulier les bailleurs de fonds et les pays de l’Union européenne dont l’Allemagne qui a été une des étapes de la pérégrination des fonds dérobés au peuple. A l’heure de la révolution informatique, la traçabilité de mouvements d’argent de cette ampleur dans les circuits financiers est un jeu d’enfant. Et il est sûr que si le Sénégal peine encore à mobiliser auprès de ses partenaires au développement les capitaux pour assurer son émergence, du moins se porterait-il beaucoup mieux déjà du recouvrement et du rapatriement de tous ces milliards volés à la nation.
Sur un autre registre, le Parti socialiste se félicite de la formidable mobilisation des centrales syndicales contre la reconductibilité illimitée du contrat de travail à durée déterminée dont l’objectif est de rendre taillables et corvéables à merci des travailleurs dont ni la dépense quotidienne, ni les factures d’ électricité et autres dépenses de survie ne sont, elles, à durée déterminée. La levée de boucliers a contraint Abdoulaye WADE à opérer sur la question une reculade.
Enfin le Parti socialiste rappelle, afin que nul n’en ignore, que faire des affaires ne saurait être la fin des fins ni même une fin en soi ; la recherche effrénée des profits ne se justifie que pour autant qu’elle tende à l’épanouissement des populations et non pas donc si elle doit mener à la précarisation de leur situation. Cette modification scélérate du code du travail ne doit pas passer car on ne fera jamais croire aux honnêtes gens que ce sont les travailleurs qui chassent l’emploi. L’élan unitaire provoqué par cette ultime provocation dirigée contre le monde du travail doit se poursuivre pour déboucher sur un Bennoo syndical qui pourra faire la jonction avec toutes les forces vives de la Nation pour arrêter les dérives d’Abdoulaye WADE.
Fait à Dakar, le 05 mai 2010
Le Bureau politique