Les anciens frères du président le sous-estiment : Mépris ou vengeance ?

De manière très p r é v i s i b l e, Abdoulaye Baldé, maire de Ziguinchor et président du nouveau parti politique, l’Union des centristes du Sénégal, accuse Macky Sall de manquer de vision et, pour corser son diagnostic, l’ancien ministre d’Abdoulaye Wade ajoute le tâtonnement et la cacophonie comme symptômes d’une fatale perte de contrôle de la direction du pays. Les anciens «frères» du président de la République, qu’ils soient restés au Parti démocratique sénégalais ou devenus leaders de formations politiques, créées à la hâte après la perte du pouvoir, rivalisent de superlatifs pour sous-estimer l’aptitude de Macky Sall à diriger le Sénégal et lui dénier sa stature d’homme d’Etat. Abdoulaye Wade avait subi le même regard hautain de la part des socialistes qui, dès le second tour, avaient commencé à douter de la compétence de leur futur vainqueur à gouverner. Aujourd’hui c’est au tour des ministres de l’ancien pouvoir libéral d’exprimer les plus expresses réserves quant aux compétences de leurs remplaçants. Il est vrai qu’Abdoulaye Wade avait fait rire la planète entière en soutenant qu’il quitterait volontiers la présidence s’il voyait parmi tous les Sénégalais un seul capable de le remplacer. La réponse des urnes lui a donné congé à plus de 65 % pour son adversaire, le 25 mars dernier, mais cette leçon ne vaut apparemment rien aux yeux de ses épigones qui continuent à afficher la même morgue vis-à-vis de leurs adversaires. Le débat politique y gagnerait si les acteurs s’essayaient à des échanges fondés sur les idées, des faits et des chiffres et non sur des préjugés exprimés plus pour faire mal que pour installer la course au pouvoir dans une saine compétition. Mais, comme la cible de ces piques est sortie de la même école que ses assaillants, c’est la démocratie qui perd dans ces combats. Source : La Tribune