Le procès de l’ancien Président tchadien a été marqué, hier, par de vifs échanges entre les avocats commis d’office pour défendre Habré et un neveu d’Idriss Deby, le témoin Zakaria Fadoul Khitir. Il a fallu l’intervention du président de la Cour des Chambres africaines extraordinaires (Cae) pour faire baisser la tension.
Les avocats commis d’office pour assurer la défense de Hissein Habré et Zakaria Fadoul Khitir, un neveu d’Idriss Deby (qui comparaissait à titre de témoin), se sont donné en spectacle, hier, dans la salle, où se déroule le procès de l’ancien président de la République du Tchad.
Tout est parti d’une question de Me Mounir Balal, un des trois avocats commis d’office. L’avocat a demandé au témoin Zakaria Fadoul Khitir, s’il a «trois prénoms».
Mais, à la place d’une réponse, M. Khitir, par ailleurs une des parties civiles, a lâché, d’un ton sec : «En quoi mon nom vous concerne-t-il ?».
Me Balal de lui dire qu’il a raison, arguant que son nom importe peu. Toutefois, il s’est intéressé au procès-verbal de l’audition du témoin dressé par un agent de la police sénégalaise, lors des commissions d’enquêtes au Tchad, le 29 août 2013.
Et c’est pour lui signaler des contradictions sur le nombre de frères et sœurs de même mère et père.
«Combien de frères et sœurs de même père et même mère avez-vous ?», lui a demandé l’avocat.
Le témoin de lui rétorquer : «J’en ai 5».
Reprenant la parole, Me Balal lui a rappelé que, durant son audition, en 2013, il avait déclaré qu’il en avait 7, et qu’ils ont tous disparus.
Avant d’ajouter : «On parle français M. Zakaria. J’ai là un procès-verbal fait en présence d’agents sénégalais, et vous dites qu’il y a vos sept frères qui ont disparu».
Visiblement énervé, M. Khitir de lui lancer : «C’est-à-dire que j’ai 5 frères et sœurs de même père et mère, mais 2 frères de même mère, 5 autres de même père et de mère différente».
Nullement convaincu, Me Mounir Balal est revenu, une nouvelle fois, à la charge : «Il y a un problème».
Une remarque qui n’a pas été du goût du témoin qui a précisé ne pas faire de distinction entre ses frères et sœurs.
Non sans manquer de lui dire : «Vous voulez me tourner en dérision».
Ne pouvant plus supporter ces échanges, Me Assane Dioma Ndiaye, un des avocats de la partie civile, et un membre du parquet général, de demander la parole pour intervenir.
Le président de la Cour des Cae qui n’a pas vu que l’adjointe du procureur général, Mbacké Fall, demandait la parole, a invité Me Ndiaye à se rasseoir.
Auparavant, Me Mbaye Sène a demandé au président Kam d’intervenir pour que les témoins répondent aux questions de la défense. «Si c’est la Cour qui pose des questions, ils répondent tranquillement, si c’est le parquet ou la partie civile aussi, les témoins répondent normalement, mais si nous posons des questions, ils refusent de répondre», a argumenté l’avocat.
Finalement, le président de la Cour des Cae, Gustave Gberdao Kam, est intervenu pour calmer les esprits.
«Le témoin a toujours été difficile pour la défense, et c’est pour cela que nous donnons plus de temps à la défense. Les témoins doivent comprendre que chacun joue sa partition. Chacun essaie de contribuer à la manifestation de la vérité, à savoir est-ce que M. Habré qui est ici a commis les faits qui lui sont reprochés. C’est toujours plus difficile avec la défense, car les témoins cités par le parquet général sont toujours hostiles avec la défense, et cela, il faut l’intégrer», a-t-il tranché.
Me Balal de dire au juge burkinabé : «La défense a intégré vos recommandations».
Le président de la Cour de suspendre l’audience pour quelques minutes, le temps que les esprits se calment.
Le Populaire