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Les bonnes feuilles du livre de Mamadou NDIONE: « Un autre Sénégal est possible »

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                        Les pistes de la souveraineté économique et sociale

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   « Les débats politiques se résument trop souvent à des dialogues de sourds pour pensées muettes. »

Frédéric Deville

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Introduction

Depuis les indépendances, les dirigeants de notre pays n’ont pas su régler les contradictions de notre économie encore caractérisée entre autre par :

–          un secteur agricole globalement dépendant de la pluviométrie,

–          un secteur secondaire encore sous l’emprise néfaste de la crise de l’énergie et de la forte insertion non maitrisée du Sénégal à l’économie mondiale,

–          un secteur tertiaire fortement dépendant du commerce de produits importés,

–          une désarticulation entre les secteurs de l’économie nationale,

–          des infrastructures ne prenant pas en compte le nécessaire désenclavement national,

–          une politique sociale d’assistanat loin d’une démarche d’insertion dynamique,

–          un fort endettement de l’État assorti d’une gestion malsaine des ressources publiques,

–          une absence d’une  véritable stratégie politique d’emploi de masse.

 

Après la définition des angles d’attaque, il s’agira aussi de définir clairement le cadre économique de création de richesses à articuler à un cadre social de partage et d’impulsion du développement.

 

Les dix piliers de base

 

Notre conviction est que le développement du Sénégal pourrait passer d’abord par les dix piliers que nous répertorions comme suit :

 

–          sortir de l’étau de Dakar,

–          formater pour le développement,

–          maitriser l’énergie,

–          apprivoiser l’eau,

–          décentraliser les infrastructures,

–          repenser notre rapport à l’emploi,

–          assurer la santé populaire,

–          retourner àla République,

–          faire une place sincère à la femme,

–          avoir une vraie politique étrangère.

 

Sortir de l’étau de Dakar

 

Nous sommes  12 855 153 sénégalais  en cette année 2011.

Un habitant sur cinq se réveille tous les jours  dans la région de Dakar qui fait seulement 0,28% de la superficie nationale (qui est de 196.712  km2). La densité sur l’étendue du territoire est de 65,3 habitants au Km2.A  Dakar cette densité dépasse les 4000 habitants au km2 (4500 disent certains). Cette bombe sociale s’explique entre autres par le fait que la capitale concentre plus de 60 % de l’activité économique nationale.

 

Le projet actuel de Nouvelle Ville tel que présenté par le régime n’est pas si révolutionnaire que cela parce qu’elle (la Nouvelle Ville) est prévue à seulement  120 km au Nord-est de Dakar. Une véritable nouvelle ville pouvant servir de Capitale administrative doit être au carrefour et au centre  du pays et pas loin de l’axe Kaolack, Kaffrine, Tamba. La nouvelle capitale administrative doit avoir des bases d’extension dans un rayon assez large pour éviter le schéma de Dakar pris en étau.

 

Ce projet de sortie de l’étau de Dakar ne doit pas être remis en cause en fonction des alternances politiques. Sortir  de Dakar doit être compris et accepté par l’ensemble de la population sénégalaise qui en sera aussi partie prenante, acteur et bénéficiaire.

 

Formater pour le développement

 

Le constat est qu’aujourd’hui l’enseignement public se meurt au Sénégal parce que l’État semble de plus en plus orienté vers une sorte de concession de l’éducation nationale aux  familles et aux écoles privées.

Formons-nous pour répondre aux exigences de compétences définies et nécessaires à notre développement ? Est-il responsable de continuer dans une démarche globale d’acquisition de connaissances sans rapport avec les exigences de notre développement qui exige plus d’approche par compétence ?

L’éducation et la formation perdent aussi en valeur. La formule « La chance est préférable à la licence » est comme entrée dans le subconscient collectif juvénile et pousse à une orientation chimérique vers d’autres centres d’intérêt comme le sport (surtout le football et la lutte avec frappe) et la culture avec beaucoup d’appelés et peu de réussites. L’autre chimère des jeunes, c’est l’émigration avec des risques énormes et souvent dramatiques.

 

L’école doit être un cadre qui garantit le respect de la  discipline et de l’égalité. Elle doit cesser d’être un cercle de propagande de quelque nature que ce soit. L’autorité des dirigeants des écoles doit être restaurée pour ne pas tomber dans une sorte de réceptacle moderne de toutes les tares sociales.

Nous devons par exemple définir le profil de l’agriculteur moderne et former une grande masse de jeunes sur cette base.

Cependant, il faudrait que l’État comprenne que l’éducation n’est pas une charge. C’est un investissement obligatoire.

 

Maitriser l’énergie

Au Sénégal l’essentiel de l’énergie vient du charbon de bois, du bois de feu et des produits pétroliers. Les deux  premières sources occasionnent une dégradation de  l’environnement végétal. La troisième provient de l’importation dans un contexte mondial sans aucune maitrise des cours du baril du pétrole.

 

Peut-on asseoir en toute efficience notre  politique énergétique sur ces trois  mamelles que sont le bois, le charbon de bois et le pétrole ?

 

Face à ces trois sources périssables, l’énergie solaire peine à être utilisé (avec 0,01%) dans un pays ensoleillé de même que le gaz naturel avec à peine 0,3% sans parler de l’énergie hydroélectrique avec 1%.

L’évidence est que le Sénégal traverse actuellement une crise énergétique qui déteint sur toute l’activité économique et domestique. Des choix hasardeux dans ce secteur nous ont fait perdre du temps et des sommes astronomiques sans régler le problème de fond. Des fautes de gestion ont été commises. L’audit de tout ce qui s’est fait et défait dans ce secteur doit être mené et les responsabilités situées sans complaisance.

A ce titre, l’option solaire pour l’éclairage public et domestique doit être une démarche irréversible. Au-delà de l’énergie solaire, toutes les sources renouvelables doivent faire l’objet d’une prise en compte globale tant en amont qu’en aval avec une politique claire de facilitation de leur accès pour les populations.

 

Apprivoiser l’eau

Nous avons au Sénégal une  courte saison des pluies, même si nous avons trois fleuves, des lacs et  rivières et une nappe phréatique non négligeable.

Si Dakar dépend pour une large part du lac de Guiers pour son approvisionnement en eau potable, l’option actuelle de l’État en milieu rural semble être  la fourniture d’eau  à partir de forages ou de puits.  Est-ce la bonne stratégie ?

 

Il y eu au lendemain de l’alternance de 2000 un quasi abandon du projet des vallées fossiles qui consistait à créer des lacs artificiels à partir des eaux du Fleuve Sénégal par prélèvement direct sur la côte bordant la partie mauritanienne. Il s’agissait de revitaliser les vallées fossiles du Sénégal (Ferlo, Sine, Saloum etc.) pour une maitrise de l’eau. Cet abandon s’est fait au profit d’une politique très médiatisée de bassins de rétention des eaux de pluies par stockage.

Le consensus des acteurs est que la question de la maitrise de l’eau est vitale pour aujourd’hui et pour les générations futures. Elle ne doit cependant pas faire l’objet de tâtonnement ou d’improvisation. Elle doit répondre par l’action et l’investissement à la question du stockage et de la distribution des eaux de pluies et des fleuves que nous perdons en quantités astronomiques et qui souvent nous causent des problèmes d’inondation. Nous devons mettre nos experts des questions de l’eau dans des dispositions de nature à :

 

 

Décentraliser les infrastructures

 

L’État du Sénégal a pris actuellement l’option d’un super ministère en charge des infrastructures  et d’une Agence société anonyme APIX SA

 

En clair la question des infrastructures est traitée sous une vision trop centrale. Cette démarche est-elle la bonne ?

 

Doit-on confier à une structure anonyme (quoique proche du Chef de l’État) une vision de nature publique ? Doit-on avoir des infrastructures une approche centrale dans un monde de décentralisation de la réflexion et de l’action ?

 

Dans une République le terme « grands projets du Chef de l’État» devrait disparaître au profit d’une vision puisant ses sources dans les besoins collectivement exprimés par les « associés en République » que sont les citoyens.

 

L’amalgame ne doit pas être fait entre nécessité des infrastructures et volonté de mettre en place des choses par mimétisme ou snobisme. Nous devons être ambitieux sans prétention pharaonique.

Nous devons tisser la toile des infrastructures dans un cadre logique global articulé aux besoins des populations.

 

 

Repenser notre rapport à l’emploi 

 

Dans la situation actuelle du Sénégal, l’État peut-il donner un emploi dans le secteur public à tous les citoyens demandeurs ? La réponse est sans doute non.

Le secteur privé national actuel, peut-il prendre le relais globalement en absorbant tout le monde ? Certainement pas.

Le secteur dit informel commerçant est-il la solution globale miracle qui caserait toutes ces personnes dans le dédale de nos villes ? Sans doute pas.

L’État doit-il pour autant laisser les demandeurs d’emplois se débrouiller seuls ? Non.

 

Il faut agir. C’est une nécessité dans un monde de plus en plus difficile et qui semble ne plus pouvoir se passer de ce déséquilibre nommé chômage.

 

Notre rapport à l’emploi au Sénégal procède d’un grand malentendu de l’État employeur, de l’entreprise recruteuse ou de la débrouille individuelle prometteuse. Aujourd’hui, dans le subconscient surtout juvénile, le rêve se limite à venir à Dakar se débrouiller le temps d’émigrer pour revenir régler les problèmes de la famille élargie.

Pour casser ce schéma, l’État doit inverser le rêve en créant des cadres privées de coopérative regroupant des personnes qui trouveront un intérêt direct au travail collectif.

 

Concrètement ce modèle d’emploi de masse et de promotion de l’initiative privée collective pourrait être mis en place selon l’agenda ci-dessous :

 

–          lancer au niveau national les assises de la coopérative privée,

–          mettre sur pied un ministère chargé des coopératives privées,

–          mettre en œuvre les conclusions de ces assises,

–          articuler ce modèle à l’acte uniforme de l’OHADA (Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires)  relatif au droit des sociétés coopératives,

–          prévoir dans le budget national une part importante pour ce schéma stratégique,

–          s’appuyer sur les initiatives financières collectives actuelles pour mettre en place un modèle de financement et de garantie  de la coopérative privée,

–          démarrer une phase test de dix mille  coopératives privées dans le secteur agricole,

–          évaluer la phase test,

–          généraliser le modèle aux autres secteurs de l’économie nationale,

–          mettre en place un schéma passerelle entre le modèle de coopérative privée et la grande entreprise.

 

Ce modèle n’est pas la baguette magique qui nous fera sortir du chômage global. Il y aura des imperfections. Il s’agira de corriger et de peaufiner le modèle qui nous semble être la voie la mieux indiquée face aux faux espoirs des sources traditionnelles d’absorption du chômage.  C’est un modèle salutaire d’auto prise en charge et de résolution du chômage de la grande masse qui a besoin d’une formation, d’un financement et du suivi des projets mis en œuvre. Le rôle de l’État est incontournable dans ce dispositif.

 

Assurer la santé populaire

 

Il y a trop de folklore autour de la santé notamment dans la gestion des maladies endémiques comme le paludisme, les maladies nutritionnelles, respiratoires et cutanées. L’État doit  agir dans ce domaine par une politique claire d’éducation, de sensibilisation, de prévention et de traitement loin des campagnes simplement rituelles et éphémères. Cette politique prendra en compte les avis des acteurs de la santé d’abord.

Certaines maladies graves tuent quasiment la plupart des personnes  atteintes et sans moyens. Une politique de couverture sanitaire par la prise en charge des grandes maladies comme le cancer, le sida, l’accident vasculaire cérébral entre autres doit être  définie clairement et le rôle de l’État bien précisé.  Il est inadmissible de gaspiller beaucoup d’argent dans des secteurs non prioritaires au moment où l’hôpital public fout le camp. C’est une question de dignité humaine, de droit universel de l’homme.

Mais l’angle d’attaque des problèmes de santé doit être bien campé surtout quand le système sanitaire au Sénégal a ce paradoxe de voir des médecins chômeurs face à une forte demande notamment en milieu rural. Le prix de la santé se paie actuellement en  milliers de vies humaines non prises en charges par le système et qui ne peuvent apporter leur pierre à l’édifice du développement.

Assurer la santé populaire ne doit pas être considéré comme un acte altruiste, mais en condition essentielle du développement national.

 

Retourner à la République

Une nation a besoin de s’adosser à des règles solides capables de freiner les tendances égoïstes  possibles notamment des citoyens et de ceux qui exercent le pouvoir à tous les niveaux.

La loi fondamentale a été plus un instrument entre les mains d’un Chef d’État   l’utilisant au gré de ses calculs politiciens qu’un socle organisant les bases pérennes de la République.

 

En démocratie, tout système a besoin de contrepouvoirs. Toute personne investie de pouvoir peut être tentée d’en abuser. C’est  pour limiter les prérogatives du Chef  qu’en République  il y a d’autres institutions. Au Sénégal malheureusement,  toutes ces « autres » institutions sont de fait sous la coupe directe ou indirecte du Chef de l’État qui nomme :

 

–          le Premier Ministre et le gouvernement (article 49 de la constitution),

–          les cinq membres du conseil constitutionnel (article 89 de la constitution),

–          tous les autres magistrats sur proposition du conseil supérieur de la magistrature  (article 90 de la constitution),

–          les deux tiers  des membres  du Sénat (article 60-1 de la constitution).

 

Comble de boulimie, le chef de parti Chef de l’État choisit aussi en dernier ressort dans les faits la liste des candidats de son parti aux élections législatives, sénatoriales et locales.

 

Nos rois traditionnels avaient-ils tous ces pouvoirs ?

Nous devons mettre en place une constitution solide  pour les générations futures et non un texte taillé sur mesure pour les maîtres du moment.

 

Nous devons écrire noir sur blanc sans autres formes de modifications possibles que la voie référendaire au moins cinq verrous minimaux que sont :

 

–         la limitation du nombre de députés (à 100 par exemple)

–         l’élection intégrale au suffrage universel indirect de tous les sénateurs

–         la limitation du nombre de ministres (à 22 au maximum par exemple) 

–          l’instauration d’un système plus parlementaire

–          une véritable indépendance de la magistrature

–          l’adoption d’un code électoral prenant en compte des questions essentielles  

–          la limitation du nombre de partis politiques (à 5 par exemple)

–          l’instauration d’une démocratie interne et intégrale au sein des partis politiques  

–          une réforme du code des Collectivités  

–          la dépénalisation des délits de presse et d’opinion,

–          la lutte contre la corruption et la concussion  

–          la recherche de l’indépendance de la justice avec plus de marge de manœuvre du procureur vis-à-vis de l’exécutif.

 

Nous avons besoin d’harmoniser notre rapport collectif à la République sur des bases éthiques saines pour enclencher les actions concrètes de développement national. Sans cette harmonisation globale, nous perdrons beaucoup de temps en conjectures sur des débats éternels de fondation de la République.

 

Faire une place sincère à la femme

Récemment par une disposition légale, le Parlement a voté une loi sur la parité absolue homme-

Il  faut  dépasser le symbolisme des actions d’éclat  et oser aller dans une démarche planifiée vers une véritable politique de promotion de la femme pour régler au moins les questions de fond comme :

–          la scolarisation des filles et des femmes en général,

–          l’accès de la femme rurale à la terre  

–          la promotion de l’accès de la femme au secteur de l’emploi moderne,

–          l’égalité avec les hommes dans le traitement des salaires et autres émoluments,

–          la promotion sanitaire de la femme notamment la lutte contre la mortalité maternelle,

–         

L’approche genre doit être transversale dans les prises de décisions sans toutefois tomber dans le simple vernis électoraliste. Libérer la femme signifie combattre les pires formes de son exploitation sur des bases strictement charnelles comme la prostitution et le harcèlement sexuel.

L’approche genre n’est pas une coquetterie intellectuelle. C’est une nécessité dans ce Sénégal où les femmes qui se lèvent tôt et se couchent tard sont souvent plus nombreuses que les hommes. Cette vision genre doit traverser toute la politique globale. Elle doit être sincère en corrigeant tout de suite les inégalités de droit et de perception collective. Elle doit être globale et non partielle de simple promotion d’un leadership féminin électif.

Avoir une vraie politique étrangère

 

Depuis les indépendances, notre politique étrangère semble basée sur  les affinités du Chef de l’État soucieux d’abord de garder une certaine image vis-à-vis de l’extérieur notamment occidental.

 

Nous avons depuis 2000 comme semblé opter pour un fort arrimage aux pays du golf arabique. Il est temps d’en faire le bilan sans complaisance ni considérations amicales individuelles insensées. Qu’est-ce que la nation sénégalaise a gagné dans ces relations avec les pays arabes ? Quelles sont les bases stratégiques de cette coopération et quel est son avenir ?

 

Nos actes devraient s’articuler autour des points suivants :

–          une place primordiale pour les pays limitrophes  

–          un audit de l’efficience de nos représentations diplomatiques à l’étranger  

–          une recherche constante d’une stabilité en Afrique  

–          un renforcement du droit international  

–          la mise en place d’une diplomatie de développement  

–          la mise en place d’un véritable  conseil représentatif des sénégalais de l’extérieur

–         

 

 

Le cadre économique

 

L’évolution économique du Sénégal depuis les indépendances pourrait se résumer en six phases clefs:

 

–          avant 1960, une mainmise et une exploitation de nos ressources par le colonisateur

–          de 1960 à 1972, un interventionnisme de l’État central avec une croissance tirée par une demande extravertie

–          de 1973 au début des années 80, une crise aigüe due aux effets des mauvais choix précédents combinés à la longue sécheresse et au choc pétrolier,

–          de 1983 à 1992, des programmes d’ajustement structurel par la demande avec un désengagement de l’État des secteurs économiques et sociaux,

–          en 1994, un ajustement monétaire pour résorber les déficits financiers et économiques avec la dévaluation du FCFA qui n’a pas eu globalement les effets escomptés,

–          depuis 2000, un peu plus d’audace mais une vision désordonnée sans rupture véritable avec les erreurs du passé

La question économique fondamentale du Sénégal est celle-ci : comment mettre les populations dans des conditions d’accès à des revenus permettant de tirer la croissance sur des bases endogènes d’abord ?

Une bonne politique économique doit permettre au moins de régler les trois équations ci-dessous :

–          consommer ce que nous produisons,

–          lier les secteurs d’activité,

–          bien gérer les finances publiques.

 

Consommer ce que nous produisons

 

Le Sénégal importe plus qu’il n’exporte. Il ne nourrit pas sa population avec ses ressources propres et importe l’essentiel des produits pour son activité industrielle et sa consommation. En plus des céréales (riz, blé, maïs) essentiels à notre alimentation actuelle, nous importons aussi des éléments incontournables comme les machines et les produits pétroliers.

Un plan hardi pour asseoir la consommation locale sur les bases nationales pourrait  être mis en place par l’accès à la production locale et la transformation des produits de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. Nous devons prendre le taureau du «consommer local» par les cornes. Ce combat est d’abord culturel et pourrait être mené par des actions combinées sur plusieurs leviers qui toucheraient même le subconscient des populations.

 

Dans cette démarche, l’État doit actionner tous les leviers possibles notamment fiscaux et domaniaux pour faire de l’agriculture le principal secteur d’occupation et de fixation des populations. L’agriculteur sénégalais a besoin de terres, d’eau, d’intrants, de financements et d’un accès aux marchés dans un contexte de prix profitables.

L’artisanat doit dépasser petit à petit son lien ombilical avec le tourisme pour entrer dans les mœurs sociales et économiques d’ensemble du pays. Il doit se moderniser dans certains aspects pour répondre aux exigences de production d’intrants pour la grande industrie. les artisans aussi ont besoin d’espaces, d’argent, de marchés et de protection contre les importations anarchiques. Pour ce faire, il leur faut de véritables domaines articulés à l’économie nationale.

 

Quelle industrie pour le Sénégal dans le contexte de la mondialisation ?

A cette question l’État doit répondre avec les acteurs pour une articulation d’abord avec les besoins nationaux ensuite étrangers. Nous devons sérier tous les produits importés consommés au Sénégal et voir avec les industriels les voies et moyens de les produire à terme dans notre pays. Cette réflexion doit pousser l’État à jouer son rôle de défenseur et de promotion par l’action du label national. L’État doit être assez fort et intelligent pour aider à la diversification de l’industrie nationale en mettant en place des domaines industriels régionaux apte à résoudre les problèmes de locaux, de financement et de marchés.

Il en est de même des services qui doivent faire l’objet d’une vision globale prenant en compte les avis des différents acteurs qui connaissent mieux que quiconque les réalités de leurs sous-secteurs respectifs.

 

Bien gérer les finances publiques

 

L’État est un agent économique qui doit intervenir avec intelligence pour « booster » l’économie. Il ne doit pas être perçu par les acteurs sociaux et économiques comme un frein, une sorte de super structure plus préoccupée par les recettes fiscales que par la pérennité des entreprises. Le rôle des agents de  l’État n’est pas de profiter de leur position stratégique pour, comme dans le cadre de délits d’initiés, faire des affaires même de façon occulte ou par intermédiation. Cette posture anormale déteint sur l’activité économique d’ensemble et fait que le dédoublement de personnage décourage les véritables entrepreneurs. L’État doit être juste et ne pas combattre les hommes d’affaires sur des bases politiques. Il doit rendre l’environnement économique global plus propice au développement par des mesures qui pourraient s’inscrire dans un cadre cohérent articulé autour des mesures suivantes :

 

Le train de vie de l’État ne doit pas être bâti sur un endettement qui, en principe, devrait servir d’abord pour financer les équipements et infrastructures impactant sur le développement réel.

 

Les finances publiques doivent être  assainies par un strict respect des procédures et des budgets votés par le Parlement. Le gaspillage et la gabegie doivent être  fortement combattus et le ministère des finances gagnerait à s’affranchir de  considérations non orthodoxes.

 

Quel est le coût réel des infrastructures ? Comment ont-elles été financées ? Quand est-ce et comment seront-elles payées ? Quels sont les tenants et les aboutissants de cette nouvelle tendance à la mise en concession d’espaces de souveraineté économique publique au profit de privés ?

Les citoyens doivent trouver des réponses à ces questions. Nous devons au Sénégal sortir d’un canevas bizarre qui fait que, sans vergogne, le politique se mêle de l’économique pour ses intérêts individuels.

L’État doit jeter les bases solides pour régler de façon durable les deux conditions essentielles  que sont :

 

–          plus de transparence et de volontarisme dans l’accès de tous les sénégalais au foncier pour enfin mettre en chantier cette nation,

–          plus de vigueur et d’imagination dans l’accès au financement des projets privés collectifs de base pour enfin tisser le développement du Sénégal sur des bases nationales intégrales.

 

C’est le rôle de l’État de créer les conditions favorables à l’éclosion d’un cadre économique global assurant plus de maitrise et de souveraineté de notre développement et capable de rejaillir sur un cadre social de partage solidaire.

 

 

 

La dimension sociale

 

L’économie doit être au service du social qui en est la finalité. La vie en société nécessite que soient prises en compte les exigences de valorisation du mérite et de solidarité pour ne pas laisser en rade les laissés pour compte. Le social c’est aussi la prise en charge par la collectivité de secteurs qui impactent sur le développement durable.

Prendre en compte le social au Sénégal nécessite la définition d’un cadre global pour au moins :

 

–          tisser les maillons de la solidarité,

–          sécuriser les populations,

–          bâtir nos cadres de vie,

–          Rendre utile la pratique sportive,

–          diffuser dans nos veines notre culture,

–          faire cohabiter nos convictions spirituelles,

 

Tisser les maillons de la solidarité

 

L’État au Sénégal semble avoir démissionné de sa mission d’impulsion de la solidarité véritable. Les personnes frappées de handicap et les victimes de la conjoncture économique n’ont pas de cadres organisés véritables pour les aider à se passer de l’aide. Le ministère en charge de la solidarité doit être plus visible et avoir des démembrements dynamiques pour mettre en place un vaste réseau d’appui pour une réinsertion dynamique et pérenne en relation avec les communes et communautés rurales. Les questions comme l’exploitation des enfants dits de la rue interpellent la communauté et l’État doit trouver des solutions durables à ces questions de dignité humaine.

Pour éviter que la foule de « demandeurs de solidarité » ne s’élargisse, il nous faut actionner le levier de l’emploi pour aider à sortir de l’aide. C’est la seule solidarité véritable ! Tout le reste n’est qu’altruisme symbolique.

Comment glisser de la solidarité à l’occupation saine et génératrice de revenus pour le plus grand nombre notamment les couches les plus défavorisées ? Il est aberrant que des structures regroupant des handicapés se battent dans la production sans pouvoir écouler leurs marchandises au moment où l’État et ses démembrements importent les mêmes biens.

Durant les fêtes sociales et religieuses, des sommes importantes sont distribuées à des nécessiteux que l’on s’empresse d’oublier le lendemain. Est-ce la bonne formule ? Il ne semble pas y avoir une véritable politique d’aide à sortir de l’aide.

 

Sécuriser les populations

Le premier lieu à sécuriser est la région sud avec le  feu qui n’est malheureusement  pas éteint en Casamance. Un grand débat national sur la question casamançaise doit être  organisé sans folklore pour réaffirmer l’encrage national de cette région sud et, jeter les bases d’une réinsertion des maquisards dans la République. La résolution de cette crise doit s’inscrire dans une logique d’éradication des causes profondes et non dans une attitude guerrière folle d’autodestruction ou d’humiliation de qui que ce soit. Les germes du conflit casamançais doivent servir de leçons notamment dans la gestion des questions foncières qui doivent d’abord bénéficier aux terroirs et à la nation.

Il ne peut pas y avoir République sans sécurité, sans égale sécurité sur le territoire national.

Nous devons aussi prendre d’urgence des mesures dans les domaines ci-dessous :

 

Les questions sécuritaires au Sénégal doivent prendre en compte particulièrement les couches les plus vulnérables que sont les enfants victimes des sévices et exploitations de toutes sortes.

 

 

Bâtir nos cadres de vie

 

Les questions d’habitat au Sénégal sont d’une préoccupation capitale. Les politiques actuelles semblent dans l’impossibilité de résoudre les problèmes en milieu urbain. Le monde rural semble n’être même pas pris en compte dans les politiques d’habitat. Le rôle de l’État est d’aider à trouver un toit au maximum de familles possibles en fonction de leurs  moyens. Aujourd’hui, l’écrasante majorité des populations vit dans des conditions difficiles et a du mal à accéder à un toit décent. Il faut des mesures énergiques notamment :

 

L’articulation doit être trouvée et mise en place entre les questions d’habitat et d’environnement notamment d’assainissement qui doit résoudre entre autre les questions de la couverture nationale progressive des réseaux d’eaux usées.

 

Les questions liées à l’environnement sont d’une extrême acuité. Il suffit de voir l’image qu’offrent  nos villes pour se rendre compte que l’État et les collectivités locales semblent  dans l’impossibilité de trouver une solution aux immondices qui s’accumulent. La pollution, la désertification et les problèmes environnementaux doivent être  pris en compte

 

L’anarchie et l’improvisation ne doivent pas être la règle sur les questions d’habitat et d’environnement. Des plans d’aménagement du territoire doivent être clairement élaborés avec les collectivités locales en prenant en compte les zones d’habitation, d’exploitation, de loisirs etc. Ces plans serviront de cadre pour tout projet impactant sur le territoire.

 

Rendre utile la pratique sportive

 

Le sport au Sénégal semble être l’affaire de quelques bénévoles suant sous la chaleur de l’amateurisme et qui ne voient l’État qu’au moment de la récolte des fruits de la performance. Il est trop facile de brandir en récupération politique les trophées de ces bénévoles qui, dans le secret des sacrifices,  comptaient l’État parmi les abonnés absents. Cette politique de la récupération doit cesser au profit d’un véritable projet sportif articulé autour de l’école, des clubs et des milieux associatifs et professionnels. La stratégie doit être claire entre sport d’élite (qui doit tendre vers le professionnalisme) et sport de masse qui doit être une affaire collective nationale multi générationnelle.

Le sport doit être un business pour certains, un cadre de socialisation pour d’autres, et un moyen d’accéder à la santé et au bien-être pour tous.

 

La politique sportive au Sénégal a beaucoup régressé. Une politique sportive véritable doit prendre en compte les aspects ci-dessous :

 

En définitive, l’État dans le domaine sportif doit favoriser la pratique sportive de masse par les associations et les individus. Il doit aussi mettre sur orbite la profession sportive à travers des structures privées à appuyer dans un cadre clair.

Le sport est une donnée sociologique universelle qui participe à l’épanouissement de l’homme.

 

Diffuser dans nos veines notre culture

 

Réduire la culture au folklore ou à la beauté à contempler est une fausse vision. La culture permet d’agir sur les consciences des populations. C’est un vecteur de communication et d’actions collectives.

L’État doit poser la réflexion sur l’articulation du projet culturel au formatage du sénégalais moderne enraciné dans des valeurs de la tradition compatibles avec le  progrès.

Il faut un projet culturel orienté vers le modèle d’homme et de femme du développement à bâtir sur plusieurs générations et capable de rester sur les sillons de la prospérité nationale dans un monde de plus en plus uniformisé sous le format des plus riches.

Aujourd’hui, la culture sénégalaise rayonne quand même malgré les actions molles et déconnectées de l’État qui prend la culture sous l’angle d’un gigantisme du genre « les sept merveilles et autres monuments » en oubliant que nous sommes ici dans le domaine d’abord de l’immatériel à conceptualiser d’abord. Le semblant de rayonnement de la culture sénégalaise est à mettre sur le compte du talent sénégalais qui a su s’adapter dans un environnement mondial difficile alors qu’il n’y a pas une véritable industrie culturelle au Sénégal. Les rares acquis des débuts des indépendances sont passés à la trappe d’un désengagement inintelligent de l’État qui n’a pas une claire vision de l’impact de la culture dans le façonnage du sénégalais agent de développement enraciné d’abord ensuite ouvert sur le monde

 

Faire cohabiter nos convictions spirituelles

L’harmonie entre les religions, les confréries et les chapelles ne relève pas du hasard. C’est un legs des anciens fondateurs qui ont su dans un contexte colonial hostile organiser une résistance spirituelle qu’aujourd’hui nous savourons en toute quiétude.

Le risque majeur  est juste que le politicien utilise souvent la religion comme base de conquête électorale en semant la zizanie au niveau des chapelles spirituelles et confrériques.

 

Nous ne devons pas essayer de faire sortir le débat politique du cadre des bilans et autres propositions pour  le dévier vers les chemins de la suggestion tacite d’un choix affectif et  collectif plus par parti-pris que par libre arbitre du citoyen.

C’est une tentative machiavélique de désaxage des mobiles du vote pour les faire basculer du temporel vers le spirituel, de l’individuel vers le collectif, du libre choix vers l’affectif. Sans doute, le temporel est assez « hard » (dur) pour laisser passer comme lettre à la poste le bilan.

Les acteurs politiques et spirituels doivent faire preuve de plus de lucidité  en recentrant le débat autour d’un vote citoyen, sincère  et libre qui transcende les familles, les villages, les ethnies, les religions, les confréries. C’est cela la République et nous avons tous intérêt à rester en République!

Le spirituel et le temporel sont dans la même barque et sont condamné au respect mutuel.

Si demain les politiciens nous font tomber dans le piège d’un vote affectif, confrérique ou, ethnique, nous serons étroits dans la République. Il n’y aura plus de République.

Nous devons savoir que c’est la République qui fait de nous tous des citoyens égaux en droit. C’est la République qui respecte toutes les croyances spirituelles avec une égale dignité.  C’est elle qui garantit la paix sociale au-delà de nos croyances différentes et non antagoniques.

Le comprendre est déjà un pas important pour faire face aux calculs politiciens qui titillent nos croyances spirituelles à des fins temporelles.

Le comprendre c’est aussi créer un cadre permanent et autonome de dialogue des croyances spirituelles.

Ce chantier-là du cadre formel  de dialogue des croyances doit être défriché par les guides spirituels pour renforcer la République qui est notre arche commune.

La République même laïque ne doit pas être  contre les croyances. Elle doit les respecter et  reconnaître leur libre exercice dans un cadre de respect mutuel au seul bénéfice des citoyens qui sont d’égale valeur en République. Le respect des croyances spirituelles est un facteur d’équilibre de la République.

 

 

 

 

 

Conclusion

 

Les visions déclinées dans ce livre ne tombent pas dans la prétention. Elles sont le fruit d’une réflexion qui n’a certainement pas cerné et détaillé toutes les questions techniques. Il s’est agi d’un exercice libre d’un simple « associé en République».

Le Sénégal a jusqu’ici eu au pouvoir des personnes à la fois Chef d’État et chef de (parti qui par essence est une association). La seule association qui fédère tous les citoyens c’est la République et il est inapproprié d’être patron de la République tout en étant chef de parti.

Notre  conviction est que le débat national peut être plus sain s’il est placé sous l’angle de consensus forts sur les piliers et les lignes de force qui font de cette nation une République aux objectifs et à la trajectoire à bien faire comprendre à toutes et à tous.

 

Jusqu’ici les mauvais choix stratégiques nous  ont fait perdre globalement beaucoup de temps sur le chemin du développement en concentrant tout sur Dakar.

L’État central ne doit pas démissionner de sa mission de ciment de la République dans un contexte de mondialisation à forte résonnance libérale financière plutôt égoïste.

 

Les populations ont besoin d’être mises dans des conditions optimales d’auto-prise en charge progressive à travers surtout des formes d’organisation de type coopératives privées ; une autre piste qui n’a pas été assez explorées à cause d’une vision trop classique des recettes du développement.

 

La forme coopérative devrait répondre au double souci de décentralisation et de responsabilisation des populations. Ce chantier là-essentiel de la  vision coopératrice privée a besoin, pour son lancement global, du concours de  l’État central et des structures décentralisées. A terme, ce modèle permettra d’élargir la base entrepreneuriale nationale dans le prochain cinquantenaire. Un fort taux du budget national ainsi que celui des collectivités locales doivent être alloués à cette démarche stratégique globale qui devra s’articuler autour  de cinq régions économiques qui pourraient être par exemple :

 

–          le nord à vocation rizicole et pastorale,

–          le centre orienté vers les cultures intrants pour l’industrie alimentaire,

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