Les Bourses européennes se sont effondrées, jeudi 18 août, affolées par les signes toujours plus évidents d’un ralentissement de l’économie mondiale, tandis que le secteur bancaire plongeait, victime de vives inquiétudes sur sa capacité à sefinancer. A la clôture, le CAC 40 lâchait 5,48 %, perdant 178,3 points à 3 076,04 points dans un volume d’échanges de 4,586 milliards d’euros.
Les autres places européennes ont aussi dégringolé, Francfort clôturant sur une baisse vertigineuse de 5,82 %, Milan de 6,15 %, Madrid de 4,7 %, Londres de 4,49 %, Berne de 4,15 % et Athènes, qui reflète l’économie la plus fragile de la zone euro, 3,38 %.
En Allemagne, l’indice DAX a connu sa plus forte chute journalière depuis 2008. En cause, des ventes massives de contrats à terme dont les causes restent incertaines. « Une banque française a dit que peut-être une erreur de manipulation était en cause, mais sans donner de détails », a indiqué Markus Huber, opérateur chez ETX Capital, en utilisant le terme de jargon boursier « fat finger » (« gros doigt »). Cette expression désigne une faute de frappe d’un courtier qui le conduit à passerun ordre plus important que ce qu’il aurait souhaité.
MAUVAISES PERSPECTIVES AMÉRICAINES
Mais les places boursières ont surtout été plombées par les mauvaises perspectives économiques américaines. Outre-Atlantique, les ventes de logements anciens ont en effet rechuté lourdement en juillet et l’activité manufacturière de la région de Philadelphie s’est effondrée au mois d’août. Sur le front de l’emploi, les nouvelles inscriptions au chômage sont reparties à la hausse au cours de la deuxième semaine d’août. Ces mauvaises nouvelles se sont ajoutées à la note des analystes de la banque Morgan Stanley qui ne tablent plus que sur une croissance de 3,9 % dans le monde en 2011 (+ 4,2 % auparavant) et 3,8 % en 2012 (+ 4,5 % auparavant).
A New York, Wall Street accusait également le coup : le Dow Jones perdait 3,63 % et le Nasdaq 4,29 % à la mi-séance. Mercredi, Wall Street avait fini sans direction claire, au terme d’une séance hésitante marquée par la faiblesse du secteur technologique après les résultats du groupe informatique Dell. Le Dow Jones avait grignoté 0,04 % et le S&P 500 0,09 % mais le Nasdaq avait perdu 0,47 %.
LE SECTEUR BANCAIRE S’ENFONCE, SOCGEN EN TÊTE
Les banques continuaient quant à elles de souffrir des craintes persistantes liées à la crise de la dette en zone euro, crise que le sommet franco-allemand de mardi n’a pas suffi à apaiser. Le projet de taxation des transactions financières en Europe défendu par la France et l’Allemagne lors de ce sommet pourrait peser lourdement sur l’activité du secteur.
Dans ce contexte tendu, les valeurs bancaires ont souffert en outre des inquiétudes de la Réserve fédérale américaine sur les liquidités des banques européennes et des rumeurs persistantes sur leur fragilité supposée. A Paris, le titre de la Société générale a lâché 12,34 % en clôture, Crédit agricole 7,29 % et BNP Paribas 6,76 %.
LE PÉTROLE CHUTE LOURDEMENT
Les prix du pétrole chutaient eux aussi lourdement à l’unisson avec les Bourses en déroute. Vers 18 heures, le baril de brent de la mer du Nord pour livraison en octobre s’échangeait à 107,75 dollars sur l’Intercontinental Exchange de Londres, en baisse de 2,85 dollars par rapport à la clôture de mercredi. Sur le New YorkMercantile Exchange, le baril de « light sweet crude » pour livraison en septembre perdait 3,84 dollars, à 83,74 dollars.
Enfin, sur le marché des changes, l’euro baissait toujours face au dollar. Peu après 18 h 30, il valait 1,431 8 dollar contre 1,442 8 dollar mercredi à 23 heures. L’or, valeur refuge par excellence, a enregistré un nouveau record en passant au-dessus des 1 816 dollars l’once.