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Les Chroniques de Bandia: Laax Geej

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LES CHRONIQUES DE BANDIA : LAAX GEEJ
Le Gladiateur a peur des numéros 2 parce qu’il connait mieux que quiconque leurs pouvoirs réels ou supposés, en tout cas leurs audience auprès du public.
Il est conscient qu’un numéro 2 est à Ndoumbélane tout sauf un ballon de baudruche gonflable et dégonfable selon les humeurs du maître. Et si l’image était trop romantique pour qu’on s’y accroche, elle reste ce ballon gonflé à volonté, retenu par un mince fil, capable à tout moment d’échapper des mains et d’entraîner la foule avec lui. Son obsession pour un second mandat n’a fait que décupler sa phobie et retardé la structuration de son parti. Aujourd’hui, c’est sa coalition qui risque d’en faire les frais, localement.
Le Gladiateur n’est pas un grand tribun possédant une ligne idéologique autour de laquelle d’éventuels adeptes se reconnaîtraient. Il agit et justifie son action ou ses projets à court et à moyen terme, plus qu’il ne se cale dans une option philosophique, sociale ou économique de développement capable de mobiliser et de faire rêver. C’est un personnage atypique qu’on le classerait volontiers dans la catégorie des populistes, la litanie en moins.
On peut être pour ou contre son action, ses projets ou sa personne ; subjectivement ou naïvement. Mais il est difficile de s’opposer à lui autrement qu’en référence à son action, à sa personne ou à ses projets à court et moyen terme. Option politique ou résultat d’un parcours où il n’a pas toujours eu la liberté d’exprimer sa vision ? Peut être les deux parce que ce mode d’existence a été une des clés de son succès. Il a prouvé en tout cas sa capacité à surprendre ses adversaires et à renverser des situations chaotiques où il n’avait pas du tout la faveur des pronostics. L’Empereur qui en a pris pour son grade, se demande encore d’où « ce fonctionnaire zélé » a pu tirer autant d’énergie.
L’absence de supports théoriques de son action, et le sevrage brutal dont il a fait l’objet après une « enfance gâtée », à l’ombre de l’Empereur n’ont pas favorisé une maturation de l’homme politique. Son succès est donc personnel et inédit, quel que soient par ailleurs les contingences historiques dont il a eu à bénéficier.
Le Gladiateur n’a pas de parti et à plus forte raison un parti capable de rivaliser avec ses devanciers plus structurés, plus aguerris et surtout plus disciplinés politiquement. Qu’il le reconnaisse ou non, son pouvoir tient surtout grâce à ses alliés, pas toujours d’accords entre ce qu’il fait et ce qu’il devrait faire, mais contraints de jouer les boucliers ou tout au moins les épouvantails à ses côtés. Ils ont jusqu’ici réussi à neutraliser et ou à intimider ses adversaires et anciens compagnons dont le désir le plus évident de certains est de se venger et surtout de l’humilier, pendant que la frange la plus opportuniste cherche une invitation sans frais au banquet de la république.
Couvé comme un prince dans un champ de bataille, le parti du Gladiateur n’a pas encore réellement de faits d’armes à inscrire à son palmarès. Si des ententes ont permis de lui attribuer une part numérique des gains, on ne saurait évaluer de façon objective son apport spécifique dans les victoires collectives de la coalition.
Ce qui fait office de parti se résume en un cercle de compagnons, qui ne sont pas toujours des amis ou des partisans, et encore moins des fidèles. On peut même se risquer à les classer en quatre catégories au moins, en particulier dans la perspective des élections locales.
La première c’est les déçus du régime de l’Empereur. Déçus pour n’avoir pas été servis à la mesure de leurs attentes, déçus par la tournure dramatique que prenait une alternance à laquelle ils croyaient et à qui ils avaient tout donné. C’est dans ce cercle que l’on retrouve les « frères de case » que les gifles impériales reçues pendant la traversée du désert et les ressources investies sur le Gladiateur quand il était en danger, légitiment le rang historique. Si le parti du Gladiateur a peiné à se structurer pour devenir une force politique, c’est en grande partie dû à cette frange de soldats très courageux mais qui ne méritaient pour autant le rang d’officiers auquel ils prétendaient. Ils se sont trop tôt imposés à l’état major du parti en gestation, bloquant un processus structuré de recrutement de sang neuf indispensable.
Les frasques des uns se taillant des habits manifestement trop larges pour leurs statures jugées limitées, l’indiscipline et l’arrogance des autres dont certains autoproclamés général avec des tenues vestimentaires bien réelles, ont manifestement fait prendre conscience au Gladiateur que s’il ne pouvait gouverner sans « son parti », il ne saurait s’appuyer sur cette race d’hommes là.
Qui ne se rappelle pas de cette période de flottement où le Gladiateur en froid avec ses « lieutenants », était parti à la pêche aux hommes de confiance pour bâtir « son parti » ? Mais à Ndoumbélane, si le champ politique est très large, la sphère militante est ténue. Les limites objectives des « cadres issus de diaspora » étant manifestes, il a du flirter avec des transhumants issus des rangs des alliés ou de celui de ses adversaires. Même si les filets n’ont accroché que les seconds couteaux, il y eut des grincements de dents dans les deux camps. Cette période a aussi permis à la famille biologique du Gladiateur et à celle de son épouse de s’installer aux premières loges, par ambition ou par désir d’apporter un soutien au frère de sang en difficulté. Dans ce parti en gestation, où les militants ne mesurent leur poids que par rapport à leur proximité réelle ou supposée avec le Gladiateur, où les affinités politiques rivalisent avec les liens de sang, les récalcitrants ont vite fait de comprendre que le Gladiateur détenait par devers lui d’autres ressources alternatives et se sont remis dans les rangs, à la place que leur laissait le seul maître à bord. L’absence ou la faiblesse d’une architecture organique fait du parti du Gladiateur une armée mexicaine, un monstre difficile à manœuvrer. L’influence de cette frange au sein du parti le rend manifestement incapable de nouer des alliances avec des forces extérieures.
La seconde catégorie est constituée des frustrés incapables de s’exprimer dans des formations où ils ont milité antérieurement et dont l’organisation jugée autarcique et ne laissant pas beaucoup de marge était perçue comme un blocage à leur progression dans la bourse des valeurs politiques. Cette frange est par nature vorace, pressée, ambitieuse et avide de pouvoir. Elle n’est pas capable de compromis les mettant au second rand rang ou à la marge de la classe dirigeante quels que soit les échelons. Elle ne veut pas d’alliance, elle veut tenter sa chance quel qu’en soit le prix.
Les néophytes sont des citoyens jusqu’ici en marge de la sphère militante ou partisane. Peut être sincèrement animés par le désir d’accompagner un homme, peut être aussi habités par le rêve d’amasser des millions comme seule la politique le permet à Ndoumbélane, ils manquent d’expérience pour s’engouffrer dans des alliances où ils risquent de tout perdre.
Les justiciers et les fanatiques ont surtout pris parti pour le Gladiateur sans prendre parti pour le parti du Gladiateur. Leur culture politique ou plus vraisemblablement leur absence de culture politique les amène à assimiler le parti à un clan. Agglomérés par un instinct grégaire parce que « le fils du terroir » ou le « frère ethnique » a été injustement traité par l’Empereur, peut être aussi par le « devoir » de donner un coup main, ils s’estiment les boucliers protecteurs contre les dangers supposés ou réels qui menacent le Gladiateur, quitte à gêner sa nécessaire mobilité. Ils ne reconnaissent pas d’autres formes de relations que la soumission ou la confrontation avec le Gladiateur. La notion d’alliance leur est étrangère. Ils veulent exister en tant que clan puissant et identifiable, sans référence numérique.
Comment dans ses conditions aller à des élections locales dans un cadre unitaire? Même les partis de la coalition au pouvoir qui le désirent regrettent l’absence d’interlocuteurs locaux autres que des volontés individuelles qui ne sauraient légalement ni légitimement engager la responsabilité du parti du Gladiateur. De toute façon, ils ne sont pas nombreux. Beaucoup de responsables locaux usent et abusent de cette « liberté de nouer des alliances locales pertinentes» en marge de la logique unitaire des états major, pour manifester leur ras-le-bol à leurs dirigeants confortablement installés au sommet, en refusant toute discussion avec le parti du Gladiateur. D’autres plus aguerris tentent de monnayer leur alliance contre des avantages personnels.
Aussi curieux que cela puisse paraitre, les éventuels adjudicataires de ces enchères ne sont forcément des opposants mais beaucoup plus des marginalisés du 25 Mars qui veulent taper sur l’œil du Gladiateur par cette opération.
BANDIA, AVRIL 2014

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