(New York) Moins de quatre mois après la mort de son mari, Jacqueline Kennedy a eu avec l’historien Arthur Schlesinger une série de conversations en vue d’un ouvrage sur la vie du président assassiné.
Selon le souhait exprimé par Jacqueline Kennedy, les bandes ne devaient être divulguées que 50 ans après sa mort. Mais sa famille en a décidé autrement et a choisi de les rendre publiques à l’occasion du 50e anniversaire de la présidence de JFK.
C’est ainsi que ces conversations inédites sont publiées dans un livre et un CD qui paraissent aujourd’hui aux États-Unis. Des extraits des enregistrements réalisés au cours de ces huit heures d’entretiens ont été diffusés hier au cours d’une émission spéciale sur la chaîne ABC.
Le livre, signé Jacqueline Kennedy, paraîtra en français sous le titre Avec John F. Kennedy, conversations inédites avec Arthur Schlesinger le 21 septembre chez Flammarion.
En voici quelques extraits.
Sur le fiasco de la baie des Cochons
Jacqueline Kennedy se souvient d’avoir vu son mari pleurer lorsqu’il a appris que la tentative de débarquement américain à Cuba -sur la plage de la baie des Cochons- s’était soldée par un fiasco, le 17 avril 1961:
«Il est rentré dans sa chambre et il s’est mis à pleurer, avec moi à côté. Vous voyez, il a mis sa tête dans ses mains et s’est mis à pleurer.»
Sur Lyndon Johnson
Même s’il l’avait choisi comme vice-président, John Kennedy était inquiet à l’idée que le sénateur texan puisse lui succéder comme président, selon sa veuve:
«Bobby (frère de JFK) m’a dit plus tard, et je sais que Jack (surnom du président) me l’a aussi dit quelques fois. Il disait «Oh mon Dieu, peux-tu imaginer ce qui arriverait au pays si Lyndon était président?» Il n’aimait pas l’idée que Lyndon devienne président, car il était inquiet pour le pays.»
Sur une attaque nucléaire
En pleine crise des missiles de Cuba, Jacqueline Kennedy supplie son mari de lui permettre de rester à ses côtés en cas d’attaque nucléaire. Selon un extrait des entretiens accordés à Arthur Schlesinger, elle lui a dit:
«S’il te plaît, ne me fais pas partir. Si quelque chose arrive, on reste avec toi.»
Elle a ajouté, dans l’hypothèse où il n’y aurait pas suffisamment de place dans le bunker de la Maison-Blanche:
«S’il te plaît, je veux rester dans les jardins si cela arrive -tu sais quoi-, je veux juste être avec toi, je veux mourir avec toi, et les enfants aussi, plutôt que de vivre sans toi.»
Sur André Malraux
L’histoire retient que, si Charles de Gaulle a été séduit par Jacqueline Kennedy, il n’a en revanche pas réussi à charmer la première dame des États-Unis, qui le trouvait «égocentrique» et «venimeux». De toute évidence, André Malraux a fait meilleure impression:
«C’est l’homme le plus fascinant que j’aie rencontré.»
Sur les femmes
Même si l’historien Michael Beschloss doute aujourd’hui de sa sincérité, Jacqueline Kennedy confie à Arthur Schlesinger qu’elle doit à son mari ses opinions politiques. Et elle n’avait rien d’une féministe avant l’heure:
«Je pense que les femmes ne devraient pas faire de politique. Nous ne sommes pas faites pour cela.»
Sur Martin Luther King
Mise au courant des enregistrements du FBI qui laissaient croire que Martin Luther King était un mari infidèle amateur de partouzes, Jacqueline Kennedy estimait que le pasteur noir était «hypocrite»:
«Je ne peux tout simplement pas voir une photographie de Martin Luther King sans penser que cet homme est affreux.»
(avec cyberpresse)