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Les dérisions pouvoiristes du ministre d’Etat Karim Wade

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Vouloir jeter le discrédit sur les ouvrages d’art des époques anciennes et faire l’apologie de réalisations des époques post-modernes afin d’en tirer un profit politique, constituent une tentative pernicieuse de falsification de l’histoire et de patrimonialisation du progrès scientifique et technique neutre. Cette double attitude, à la fois nihiliste et subreptice, ne peut résulter que de la pensée de promus sans gloire, voulant rattraper le temps perdu par des subterfuges pour se porter au pinacle. A l’évidence, la volonté de tromper son monde en essayant de réinventer la roue de l’histoire au point même de rechercher une nouvelle souveraineté politique d’un Sénégal à l’ère de la civilisation transfrontalière est d’office vouée à l’échec. Car en fait, le passé détermine le présent et que rien ne peut être possible aujourd’hui et ne pourra être possible demain sans la positivité des actions antérieures. L’antériorité est le socle du progrès de l’humanité depuis les périodes antiques jusqu’aux époques post-modernes, progrès dont le développement s’accomplit sur la base d’un processus d’accumulation progressive du savoir et du savoir-faire.
Il est, trop facile, à l’ère de la civilisation techno-structurelle dans un espace planétaire uniformisé, qu’on s’adjuge la paternité d’ouvrages d’art de nouvelle génération relevant du patrimoine commun. La destruction du pont de Pikine (qui était une forteresse en dépit de l’usure du temps si l’on en juge les gros moyens et les nombreux jours mis en œuvre pour sa mise à mort) comme, en leur temps, les destructions des ponts de Colobane, de Hann ou de la Foire, furent des occasions saisies par les enfants gâtés de la République, non pas pour apprécier à leur juste valeur le génie de créateurs qui ont su déblayer le terrain vierge, aménager l’espace et construire des ponts avec une vision du futur rendant possibles les actuelles restructurations et transformations, mais, des moments choisis pour brocarder les précurseurs dans le seul objectif d’en tirer des bénéfices politiques. Les ponts de Pikine, de Hann de Colobane ou de la Foire ont résisté au temps pendant soixante années (1958), durée de vie normale pour des ouvrages de ce type, qui, en tous les cas, devraient être restructurés ou remplacés. En actualisant avec l’intégration dans l’analyse de tous les paramètres évolutifs, nous nous rendons compte que ce qui est réellement révolutionnaire provient de l’aménagement des espaces et de la définition des emprises qui ont permis aujourd’hui d’apporter les transformations adaptées aux contextes nouveaux. C’est dire qu’en essayant d’être les contempteurs du passé par le truchement d’un nihilisme primaire d’œuvres de précurseurs, les adeptes de la Génération dite «du concret» se réfugient dans un univers fantastique en rupture de ban avec le monde réel où les fonctions intellectuelles, si elles existent, se détériorent. Ceux qui ne savent pas reconnaître les mérites des anciennes générations qui ont su réaliser des œuvres pionnières dans des conditions plus difficiles et qui voudraient créer artificiellement un conflit générationnel dont ils espéreraient tirer un gain politique, soit ne comprennent rien à l’évolution des sociétés humaines, soit sont tout simplement en marge des réalités. En effet, le génie, la sueur et le sang des générations antérieures nous ont permis aujourd’hui d’être dans des conditions supérieures. Essayer de travestir l’histoire en tentant de qualifier les œuvres de générations antérieures de dérisoires et de s’approprier indûment des merveilles du progrès scientifique et technique relève de pratiques d’individus anormaux.
N’est-ce pas que le penseur Allemand Hegel, en évoquant le génie de l’art de la beauté dans l’histoire parlait de «l’ascension sans fin de l’infiniment inférieur à l’infiniment supérieure» pour caractériser la dialectique à la base du progrès historique. Blaise Diagne avertissait aussi de la désintégration qu’encoure la communauté de l’homme sans attache culturelle. Si bien que le fonctionnement de l’homme anhistorique s’effectue à travers l’existence de réflexes primaires nihilistes et  égocentriques.
A ce titre, la préoccupation de l’homme anhistorique restera toujours de tenter de démonter une position dominante dans l’action collective qui le place  permanemment en déphasage des aspirations de la société. De sorte que la volonté politique qui s’ensuit s’écarte de l’ambition de réaliser des sauts qualitatifs pour dériver vers un culte de la personnalité, traduisant une faculté, bien de chez eux, que tout ce dont ils ne sont pas les auteurs reste du dérisoire. Avec eux, l’histoire devrait débuter et sa fin adviendra lorsqu’ils partiront.
Que les adeptes de la Génération dite du «concret» comprennent bien que seul le mérite peut mener à des niveaux supérieurs durables et que la route vers le sommet par des échelles ne sera pas possible dans un pays comme le Sénégal béni de Dieu.
Lequotidien.sn

Kadialy GASSAMA – Economiste -Rue Faidherbe X Pierre Verger
Rufisque

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