Mouhamed Ndao, Tyson avait-il paniqué avant son face-à-face avec Yakhya Diop Yékini, dimanche, à Léopold Sédar Senghor. En tout cas, avant d’aller à l’assaut de son adversaire, le Cheikh a insisté pour que Eumeu Sène prie pour lui. Comme si le dernier mot revenait à son poulain. Mais invoquer le ciel n’a pas suffi et Eumeu Sène pouvait pleurer de toutes ses larmes à l’issue du quatrième revers de son maître. Retour sur l’ambiance au stade Léopold Sédar Senghor.
‘Eumeu, priez pour moi ! Priez, priez !’ Tels ont été les derniers mots du cheikh (Mouhamed Ndao Tyson) à l’endroit de son ‘talibé’ (Eumeu Sène) avant de faire face au chef (Yakhya Diop Yékini), dimanche 4 avril, au stade Léopold Sédar Senghor. Invoquer le ciel n’a pourtant pas suffi. Et le lieutenant de Tyson pouvait pleurer de toutes ses larmes dimanche, quand son maître a subi sa quatrième défaite de sa carrière, la deuxième devant le roi des arènes.
Pourtant, tous les ingrédients étaient réunis pour que le destin sourie au tombeur de Moustapha Guèye, le 30 mars 2004. Il y a eu cette forte mobilisation des supporters, venus des quatre coins de la capitale et surtout de Kaolack. Mais aussi, cette volonté de gagner qui se lisait sur le visage du leader de la génération Boul Falé à son arrivée au stade à 17 h 22 mn.
En effet, arrivé à Léopold Sédar Senghor à bord d’une voiture de luxe (Bmw, FX6) de couleur grise, Tyson a pris un bain de foule digne d’une star. Debout à l’intérieur de sa voiture, le chef de file de la génération Boul Falé a fait le tour du stade pour saluer ses milliers de fans. Son style à l’américaine et son charisme dans l’arène attirait encore. Et encore ! Et ils furent des milliers à se tenir debout comme un seul homme, chantant leur ‘hymne’ à sa gloire. ‘Le père des fous est de retour…. Tyson is back’, chantent-ils en chœur, à faire trembler la bâtisse. Comble de la confiance, certains se diront prêts à rentrer à pied à Kaolack (à 192 km de Dakar).
Les huées des supporters de l’écurie Ndakarou passeront presque inaperçues tellement le stade semblait acquis à l’enfant de Ndangane. ‘Yékini est le roi, il faut l’accepter. On ne peut pas rester trois ans sans lutter et nous vaincre, lance une jeune fille. On va vous corriger comme on l’avait fait en 2006 parce que votre lutteur est un poltron. Il n’aime pas encaisser des coups…’ Derrière cette assurance, la tension monte d’un cran. Ça sent le souffre. L’ambiance est féerique !
Du côté de la génération Boul Falé, on pense que le 4 avril est la date idéale pour fêter le retour de l’enfant de Ndangane qui avait boudé l’arène suite à une seconde défaite contre Serigne Dia ‘Bombardier’. Retour sur le combat du 7 janvier 2007 au stade Léopold Sédar Senghor. Pensant avoir terrassé son adversaire au terme d’un corps-à-corps comme celui de ce dimanche (voir en page 12), Tyson refuse de se soumettre à l’appel de l’arbitre qui l’invite à recommencer la partie avec le jeune Mbourois. En signe de mécontentement, il se dirige vers sa voiture et quitte l’arène automatiquement, sans l’autorisation des arbitres. Ces derniers n’hésiteront pas à accorder la victoire à Bombardier après avoir observé le délai de rigueur. Dans la foulée, le Comité national de gestion de la lutte (Cng) entérine la défaite, suspend Tyson pour trois ans et lui retire 75 % du reliquat de son cachet. Une décision jugée injuste par l’enfant de Ndangane qui annonce sa retraite au cours d’un point de presse… Le Cheikh venait ainsi de raccrocher son ‘Nguimb’.
Et voilà, trois ans après, Mouhamed Ndao s’enfonce ! Malgré le déplacement des milliers de ses supporters, dimanche, à Léopold Sédar Senghor, il n’a pas réussi l’exploit. Celui de prendre sa revanche et de mettre fin à l’invincibilité de Yékini. ‘On a fait le déplacement pour rien. En quittant Kaolack, on pensait que Tyson allait battre Yékini sans bavure. Le combat suscite beaucoup de commentaires, mais pour moi, notre lutteur a perdu.
L’écran géant de la Rts1 montre clairement que Tyson a perdu. Il est tombé dans le piège de Yékini, en allant prendre son pied’, tranche un jeune homme qui a parcouru plus de 192 km pour ne pas rater le rendez-vous.
Visage crispé, les yeux fixés sur l’écran géant, une jeune fille la vingtaine, marmonne toute seule : ‘Pourtant la victoire était acquise. Seulement Tyson a plus de rallonges que Yékini c’est pourquoi sa tête a touché terre en premier’, tente de se consoler cette admiratrice de Tyson. ‘Après cette défaite, est-ce qu’on pourra avoir un autre adversaire de taille. Mon Dieu, quel sort pour Tyson ?’, s’interroge-t-elle déjà sur l’avenir dans l’arène de son idole.
Papa Bakary KAMARA
walf.sn