La dissolution surprise du gouvernement ivoirien intervenue, vendredi 12 février dernier, livre ses secrets. Une source généralement bien informée nous a expliqué pourquoi le chef de l’Etat, Laurent Gbagbo a pris cette mesure qui a surpris plus d’un. C’est vrai que le numéro 1 ivoirien ne voulait plus de Robert Beugré Mambé à la Commission électorale indépendante (Cei), mais il n’avait pas décidé de limoger tous les ministres. Il nous est revenu que tout est parti de la rencontre que le facilitateur, Blaise Compaoré, a eue, jeudi 11 février dernier, au Palais Kosyam de Ouagadougou, avec le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp). Pendant son tour de passage, la coalition de l’opposition politique ivoirienne, conduite par le Pr Alphonse Djédjé Mady, dit au président Burkinabé que si Beugré Mambé doit quitter la tête de la Cei, alors tous les ministres de l’opposition vont démissionner. Manifestement, les positions sont tranchées. D’un côté, Laurent Gbagbo, Soro Guillaume et Blaise Compaoré qui souhaitent le départ de Beugré Mambé. Et de l’autre, le Rhdp. Qui, en plus d’exiger le maintien du président de la Cei, menace de quitter le gouvernement Soro. Le chef de l’Etat Burkinabé fait donc le compte rendu à son homologue ivoirien. Colère de Laurent Gbagbo ! Il informe son Premier ministre, Soro Guillaume de la situation. Il martèle qu’il prendra ses responsabilités. Selon notre source, le chef de l’exécutif ivoirien a eu l’idée, depuis belle lurette, de faire former un nouveau gouvernement. Mais, il n’y a jamais eu le soutien du président du Faso et du secrétaire général des Forces nouvelles (Fn). La menace du Rhdp, jeudi dernier, de quitter le gouvernement fut donc une aubaine pour M. Gbagbo de faire ce qu’il nourrissait depuis longtemps. Tout est allé vite. Blaise et Soro, qui s’opposaient au remaniement avant, ont, a-t-on appris, donné leur Ok. Et le vendredi 12 février 2010 à 20 h, la déclaration de dissolution du gouvernement et de la Cei est diffusée sur les médias d’Etat. « … Afin de lever toute hypothèque sur le processus de paix et permettre à la Côte d’Ivoire d’aller, en toute confiance, à des élections propres, je prends, en vertu de l’article 48 de notre constitution, les mesures suivantes : Premièrement, la Commission Electorale Indépendante (Cei) est dissoute. Je demande au Premier ministre de me proposer dans un délai de sept jours, à compter d’aujourd’hui, le format d’une nouvelle Commission électorale crédible, qui pourra organiser des élections justes et transparentes. Deuxièmement, le gouvernement est dissout. Je reconduis le Premier ministre Soro Guillaume, dans ses fonctions. Il est chargé de me proposer dès le lundi 15 février 2010 un nouveau gouvernement. Je veux, pour la Côte d’Ivoire, un gouvernement de sortie de crise. Un gouvernement au service des Ivoiriens et non aux ordres des partis politiques. La mission de ce gouvernement sera de conduire, sous l’autorité du Président de la République et du Premier ministre, les dernières actions nécessaires pour sortir la Côte d’Ivoire définitivement de la crise », annonce Laurent Gbagbo. Pour ce qui est de la Cei, nous avons appris que c’est le refus de Beugré Mambé de démissionner qui a entraîné sa dissolution. Une semaine après l’éclatement de l’affaire de « fraude sur la liste électorale », le chef de l’Etat a adopté, révèlent nos sources, une position intransigeante. Il disait à tous ceux qui venaient le voir, de demander au premier responsable de la Cei de rendre le tablier. Il ajoutait qu’il ne veut pas arrêter M. Mambé, mais qu’il s’en aille tranquillement. C’est ainsi que le chef du gouvernement ivoirien a été dépêché, par deux fois, pour le lui dire. Mais, Beugré Mambé est resté ferme. « Je ne démissionnerai pas ! », ne cessait-il de dire. Finalement, il a été contraint de partir. Et avec lui, tout le gouvernement. On attend de voir la suite de ces décisions présidentielles…
actualites.ivorian.net/SoirInfo.html