La Police judiciaire confirme l’arrestation du suspect de Rosso, le 20 octobre dernier. Et donne les détails de l’interpellation de ce Malien en provenance de la Mauritanie, avec un faux permis de conduire. Ce, 72 heures après le communiqué de l’ambassade des Etats-Unis.
La Police sénégalaise confirme l’arrestation du présumé terroriste de Rosso, Mohamed AG A. M, le 20 octobre dernier. Le Bureau des relations publiques (BRP), via un communiqué publié hier, précise que le suspect est un ressortissant malien. Et que l’arrestation a été l’œuvre d’éléments de la Direction de la police de l’air et des frontières (DPAF), dans le cadre de l’exercice de sa mission de sécurisation des frontières. «Au moment de son interpellation, le citoyen malien ne détenait par devers lui qu’un passeport, une carte d’identité consulaire et un permis de conduire malien. Aucune arme de quelque nature que ce soit n’a été trouvée sur lui», précise le document. Les collaborateurs de l’inspecteur général de Police, Oumar Maal, détaillent les circonstances de l’interpellation : «Sommairement interrogé, il a déclaré séjourner en Mauritanie depuis plus d’une dizaine d’années. Interpellé sur les motifs de son arrivée sur le territoire sénégalais, il a laissé entendre qu’il voulait juste se conformer à la législation mauritanienne qui voulait qu’il sorte du pays, au bout d’un certain temps et d’y retourner avec, sur lui, son titre de voyage (passeport), l’apposition du cachet entrée. Au vu de son attitude suspecte et du caractère faux de son permis de conduire, il a été transféré aux service de la Direction de la police judiciaire (Dpj), pour une enquête plus approfondie». Selon la même source, c’est par la suite que la Division des investigations criminelles (Dic) a pris le relai de l’enquête. Pour l’heure, «aucun lien avec des groupes jihadistes n’a encore été établi», a en croire les autorités policières.
Cette sortie de la Police nationale qui a toutes les allures d’un service après-vente intervient 72 heures après le communiqué de l’ambassade des Etats-Unis qui alertait ses citoyens sur l’existence de menaces terroristes. De quoi en rajouter à la peur ambiante.
Longue liste
L’arrestation du suspect de Rosso porte à quatre le nombre de Maliens emprisonnés pour faits de terrorisme. Auparavant, il y a eu le cas de Boubacar Niangara, Ould Ame Sida-lamine et Ould Muhammed Sina. Ce dernier a été arrêté pour son implication supposée dans l’attentat de Grand Bassam, en Côte d’Ivoire. Ainsi, les étrangers occupent une bonne place sur la longue liste des individus en prison, pour terrorisme. En avril 2017, deux Marocains en provenance d’Istanbul ont été signalés par le système Secuport qui intègre les données de toutes les personnes recherchées, au moment des modalités de débarquement.
Un Nigérian a aussi été arrêté à Fann durant la même période. Le 6 janvier 2016, un évadé d’une prison mauritanienne, supposé appartenir à Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a été interpellé à Saint-Louis. Condamné à mort en 2011, il s’est évadé le 31 décembre 2015. Le poste de police de Rosso a aussi appréhendé cinq Comoriens en possession de faux passeports sénégalais.
La croisade contre le terrorisme a conduit, à ce jour, au moins, à l’arrestation de 45 personnes. Arrêtées entre 2013 et 2017, elles sont poursuivies non pas pour des actes intrinsèquement liés au terrorisme, mais pour fait d’apologie. Ils sont répartis dans trois prisons, à savoir : Cap Manuel, Thiès et Camp pénal de Liberté 6. Les arrestations ont commencé avec l’imam Aboubacar Dianko, même si son dossier est moins médiatisé que celui d’imam Ndao, arrêté deux ans plus tard. C’était en 2013. Intercepté alors qu’il tentait de rallier le Nord Mali, Imam Dianko est suspecté d’avoir des liaisons dangereuses avec le Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’ouest (Mujao). Maître coranique, suspecte? d’être un sergent recruteur, il a été? intercepte? a? Ke?dougou par des éléments de la Direction de surveillance du territoire (Dst), un démembrement de la Police sénégalaise. Quatre ans après que son dossier a été bouclé, il attend de guerre lasse son procès, au fond de sa cellule à la Maison d’arrêt et de correction du Cap Manuel. Il faudra attendre deux ans après, c’est-à-dire en 2015, pour que les arrestations se poursuivent. La plupart des présumés terroristes en prison ont bouclé entre un et quatre ans de détention sans procès.
Avec Walfnet