Pour s’en convaincre après l’offensive de Trump comme l’OMS et le Directeur Général de la BAD accusés de connivence avec la Chine, voici le point de vue de l’invité du matin vendredi 17 avril de RFI. Charles Michel qui « plaide pour un partenariat très solide» entre l’UE et l’Afrique
Question : Il y a également la question de la dette des pays africains. Pour l’instant, les pays du G20 se sont mis d’accord sur un moratoire sur les intérêts de la dette. Mais la France, par exemple, veut aller plus loin en procédant à des annulations de dettes. Est-ce que vous croyez qu’une majorité de pays membres soient prêts à s’engager dans cette voie ?
Réponse : J’y suis en tout cas très favorable pour ce qui me concerne. J’ai été dans le passé ministre de la Coopération et du Développent. C’est un sujet pour lequel je me suis beaucoup mobilisé et je vais continuer dans ma responsabilité européenne. Me mobiliser sur ce sujet, parce que je pense effectivement que dans la stratégie de relance et de transformation pour l’Union européenne après cette crise, plus que jamais le partenariat avec l’Afrique va être un élément clé. Et on voit bien que l’Afrique pourrait être très affectée par ce coronavirus. Je salue d’ailleurs l’initiative que nous avons soutenue, du président Macron, afin de développer et de renforcer ce partenariat avec l’Afrique. Je crois qu’il y a une action à court et moyen terme, soutenir des systèmes sanitaires et l’activation de mesures sur les dettes, comme par exemple, des remises de dettes, est une manière très rapide, très directe, de venir en soutien à la capacité des États africains, de faire face à court et moyen terme, à la crise à laquelle nous sommes confrontés.
Il y a un autre élément qui doit nous tenir à cœur. Je pense qu’on a besoin d’un partenariat très solide. Ce ne sont pas des mots. Cela nécessite effectivement des actions très concrètes avec le continent africain. Il est de notre intérêt que l’Afrique se porte mieux pour des raisons très évidentes. C’est pour cela que je pense qu’à l’avenir, on devra beaucoup plus mobiliser les secteurs privés, travailler sur les infrastructures en Afrique, les télécoms, le transport, les systèmes sanitaires. Et tout cela, d’ailleurs, correspond aux priorités européennes, l’agenda digital…
Question : Les annulations de dettes des pays africains devraient-elles être inconditionnelles ?
Réponse : Je pense qu’elles doivent être le plus possible inconditionnelle. Je mesure bien qu’on ne peut pas rester dans l’inconditionnalité totale, mais on doit effectivement agir le plus rapidement possible. Et je dois rajouter un autre élément. Il est essentiel sur ce sujet-là d’ouvrir un dialogue très fort avec la Chine, parce qu’il ne serait pas acceptable que nous procédions à des remises de dettes au niveau européen, donnant la capacité de marges d’endettement nouvelles en direction de la Chine. La Chine qui est aussi présente sur ce continent doit aussi être mobilisée et être engagée dans ce débat sur la remise de dette.