C’est avec une solennité empreinte d’espoir et de fierté que je célèbre l’avènement de Bassirou Diomaye Faye au poste de cinquième président de la République du Sénégal. Ce moment historique marque le début d’une nouvelle ère pour notre nation, renforçant ma conscience de l’importance cruciale des relations diplomatiques dans le contexte mondial actuel. En cette période de transition politique, je souhaite partager mes réflexions et recommandations concernant les relations diplomatiques du Sénégal avec ses voisins frontaliers, un pilier essentiel de notre politique étrangère.
Dans une première approche, je souligne l’importance stratégique des premiers déplacements présidentiels à l’étranger, en mettant l’accent sur la nécessité que ces voyages se dirigent vers les pays limitrophes du Sénégal, notamment la Gambie, la Guinée-Bissau, la Guinée Conakry, le Mali et la Mauritanie. Ces nations voisines revêtent une importance capitale pour la stabilité et le développement de notre sous-région, étant étroitement liées à notre pays par des liens historiques, culturels et économiques profonds. Il est impératif que nous consolidions ces relations dès les premiers instants du mandat présidentiel.
Dans la quête de la paix en Casamance, la Gambie et la Guinée-Bissau émergent en tant qu’acteurs centraux, leur position géostratégique conférant une importance particulière à leur rôle dans la région. En outre, ces deux nations offrent des opportunités uniques pour une collaboration renforcée dans la lutte contre le trafic illicite de bois, une menace sérieuse pour la sécurité dans le sud de notre pays.
En ce qui concerne nos relations avec la Guinée Conakry, il est crucial de transcender les tensions passées et de rétablir la confiance mutuelle par le biais d’un dialogue constructif et d’une coopération renforcée dans tous les domaines, malgré les bouleversements politiques ayant secoué ce pays voisin.
Par ailleurs, le Mali se distingue comme un partenaire commercial de premier plan pour le Sénégal, se positionnant même comme son principal client. Maintenir des relations robustes avec ce pays revêt une importance capitale, surtout étant donné son rôle central dans la lutte contre le fléau terroriste au Sahel.
Enfin, la Mauritanie, avec laquelle nous partageons une frontière fluviale de huit cents kilomètres, se présente également comme un partenaire stratégique pour le Sénégal. Malgré les blessures laissées par les conflits historiques, les récents accords de coopération entre nos deux nations ouvrent la voie à une collaboration renforcée dans des domaines essentiels tels que la lutte contre le terrorisme, la pêche et l’énergie. D’ailleurs, selon la presse, le Président Diomaye prévoit son premier déplacement dans ce pays.
En tant que nouveau Président, il est impératif d’éviter les erreurs passées qui ont nui aux relations diplomatiques avec nos voisins, telles que celles perpétrées par ses prédécesseurs. Trop souvent, les divergences entre dirigeants ont entravé la coopération sous-régionale, alimentées par des considérations idéologiques ou politiques. L’avantage inestimable dont bénéficie le Président Diomaye réside dans sa capacité à transcender ces clivages idéologiques et à dialoguer avec tous les acteurs sous-régionaux. En tant que chef d’État du Sénégal, il porte sur ses épaules la lourde responsabilité de réaffirmer le rôle de notre pays en tant que médiateur et artisan de la paix en Afrique de l’Ouest. Dans cette perspective, il lui incombe de conduire une politique étrangère proactive et engagée envers nos voisins.
Dans le contexte actuel, marqué par les aspirations de certains États à se retirer de la CEDEAO, il est impératif que le Sénégal, sous sa direction, s’engage à consolider et à promouvoir un projet de réforme de cette organisation, tout en préservant notre souveraineté et notre autonomie.
En conclusion, le Président Diomaye doit placer la diplomatie sous-régionale au cœur de son action présidentielle. En renforçant nos liens avec nos voisins, en encourageant le dialogue, la coopération et le respect mutuel, il contribuerait à la stabilité et à la prospérité de toute la sous-région ouest-africaine.
Amadou Mohamed Ndour, juriste diplômé en droit et relations internationales de l’Université Paris II Panthéon Assas, ancien coordonnateur de JPS France.
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