Près de 47 millions d’électeurs français sont appelés demain à choisir pour le premier tour de l’élection présidentielle française entre 11 candidats afin d’élire le successeur du socialiste François Hollande. Selon les sondages, quatre favoris parmi les onze tiennent dans un mouchoir de poche : Marine Le Pen du Front National (extrême droite), François Fillon des Républicains, (droite), Emmanuel Macron d’En marche! (centre), Jean-Luc Mélenchon de La France insoumise, (extrême gauche). 66.546 bureaux de vote s’ouvriront aux électeurs de 06H00 GMT à 17H00 GMT (19H00 heure de Paris). Le second tour opposera le 7 mai les deux candidats arrivés en tête au premier tour.
Qui sont les 11 candidats ?
L’élection du président de la République a lieu les 23 avril et 7 mai 2017 en France. Le scrutin présidentiel suscite généralement une multiplication des vocations et des candidatures. Mais, sur les 82 candidatures annoncées dans le feu de l’action, le Conseil constitutionnel en a validé 11 le 17 mars dernier. Au terme d’un marathon médiatique et de la quête des 500 parrainages obligatoires, la voie était ouverte pour Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière), François Asselineau (Union populaire républicaine), Jacques Cheminade (Solidarité et progrès), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), François Fillon (Les républicains), Benoît Hamon (Parti socialiste), Jean Lasalle (Résistons !), Marine Le Pen (Front national), Emmanuel Macron (En marche !), Jean-Luc Mélenchon (France insoumise) et Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste). De l’extrême gauche à l’extrême droite, toutes les tendances politiques sont représentées.
François Fillon (Les republicains) : Pour une France libérée du relativisme culturel
François Fillon a entamé sa carrière sous l’aile de l’ancien ministre gaulliste et député de la Sarthe, Joël Le Theule, dont il reprend le siège lors des législatives de 1981. Membre des « rénovateurs » à la fin des années 1980, compagnon de route de Philippe Séguin, il a soutenu Édouard Balladur en 1995, puis Nicolas Sarkozy en 2007, avant de devenir son Premier ministre. Candidat malheureux face à Jean-François Copé pour la présidence de l’Ump en 2012, il a remporté la primaire face à Alain Juppé en novembre 2016 avec 66,5 % des suffrages. Gaulliste de tradition, François Fillon revendique lui aussi l’héritage du souverainiste Philippe Séguin avec qui il avait fait campagne pour le « Non » au traité de Maastricht en 1991. Aujourd’hui encore, Fillon défend une « Europe forte » composée de « nations fortes ». A la fois libéral sur certaines questions économiques et colbertiste sur d’autres, Fillon reste assez conservateur sur les questions de société. En dépit des affaires qui l’affaiblissent, François Fillon souhaite réaliser un destin personnel de président de la République et appliquer son programme de rupture : « retrouver le plein emploi », faire de la France « la première puissance européenne dans 10 ans », en libérant les entreprises du poids des normes et des charges, et également « rétablir l’autorité de l’État » par « la fermeté et la justice ». L’ancien Premier ministre de Sarkozy souhaite que « la France assume d’être la France », avec ses valeurs propres, en se libérant du « relativisme culturel et de la culpabilisation ».
Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) : Souverainiste et antisystème
Le gaullisme de Nicolas Dupont-Aignan s’enracine dans les figures politiques de Jacques Chaban-Delmas et Philippe Seguin. Parisien, né en 1961, il est passé par Sciences-Po, l’Ena et divers cabinets ministériels avant de décrocher la municipalité de Yerres, dans l’Essonne, en 1995. Député de la 8e circonscription de ce département depuis 1997, Dupont-Aignan lance, au sein du Rpr, puis de l’Ump, un club de réflexion gaulliste en 1999. Après avoir rompu avec l’Ump en 2007, il transforme Debout la République en parti politique dès 2008, lequel devient Debout la France en 2014. Lors du premier tour de la présidentielle en 2012, Dupont-Aignan recueille 1,79 % des suffrages, derrière Eva Joly avec ses 2,31 %. Souverainiste et antisystème, Nicolas Dupont-Aignan se voit comme le dernier gaulliste de l’échiquier politique et siège comme député non-inscrit à l’Assemblée nationale. Farouchement opposé aux « technocrates de Bruxelles », au néolibéralisme et aux marchés financiers, il défend les valeurs d’humanisme républicain. Dupont-Aignan critique l’Union européenne d’aujourd’hui, plaide pour la restauration de la place de la France dans le monde et fustige régulièrement la gauche et la droite qu’il voit comme des courants politiques usés. Le député de l’Essonne souhaite recomposer la droite française en passant par une alliance souverainiste. En ciblant régulièrement Macron, il espère ainsi mobiliser un électorat fortement hostile à ce qu’il dénonce comme un nouveau quinquennat de Hollande déguisé.
Benoît Hamon (Parti socialiste) : Le théoricien du revenu universel
Né à Saint-Renan, près de Brest, Benoît Hamon a passé une partie de son enfance au Sénégal. Un temps aux Jeunes Rocardiens, puis, il s’impose au sein du Parti socialiste en fondant le Mouvement des jeunes socialistes (Mjs), où il dispose de son plus grand réseau de soutiens aujourd’hui. Après un passage au cabinet de Martine Aubry, il exerce son premier mandat au Parlement européen avant d’être élu député en 2012. Hamon est nommé ministre délégué en charge de l’Économie sociale et solidaire et à la Consommation, puis ministre de l’Éducation nationale. Il est évincé du gouvernement en même temps qu’Arnaud Montebourg et Aurélie Filippetti, deux autres ministres frondeurs du gouvernement Valls, en raison de divergences avec la ligne, notamment économique. Représentant de l’aile gauche du Ps, Benoit Hamon a voté non au référendum européen de 2005. Au Parlement, il était l’une des têtes fortes du mouvement des frondeurs, qui réclamait des inflexions à la politique de l’offre de l’exécutif. Pendant la primaire socialiste, il s’était distingué avec sa proposition de revenu universel, son plaidoyer pour la légalisation du cannabis et le passage à la VIème République. Mais, après avoir remporté l’investiture haut la main, le socialiste peine à relancer la dynamique qui l’avait fait gagner. S’il ne devient pas président de la République, il aura, en tout cas, réussi à s’émanciper et à se faire connaître des Français. S’il parvient à obtenir un bon score, il jouera un rôle déterminant dans la recomposition de la gauche.
Marine Le Pen (Front national) : Pour une souveraineté retrouvée de l’Etat
Marine Le Pen, née en 1968 à Neuilly-sur-Seine, s’est formée au sein du Front national, dans l’ombre du co-fondateur, Jean-Marie Le Pen. Au congrès de Tours de janvier 2011, elle est élue à la tête du parti avec 67,65 % des voix, succédant à son père, intronisé « président d’honneur ». Depuis 1998, au fil de ses mandats locaux et européen, la benjamine de la famille construit un projet politique qu’elle porte depuis la présidentielle de 2012 où elle fut battue au premier tour avec un score de 17,90 % des voix, soit 6,4 millions d’électeurs. Depuis 2004, elle siège au Parlement européen où elle est finalement parvenue à constituer le groupe politique Europe des nations et des libertés (Enl). Marine Le Pen mise sur les fondamentaux du Front national, qui restent le discours traditionnel sur l’immigration et la sécurité, et un projet économique et social basé sur la souveraineté retrouvée de l’État en matière de frontières, de monnaie, d’économie et de loi. Elle aussi préconise le rétablissement d’une « France forte », une sortie « concertée » de l’euro et de l’Union européenne, à l’aide de référendums nationaux si nécessaire. Invariablement, depuis plusieurs mois, Marine Le Pen est donnée en position de leader du premier tour par presque tous les sondages, mais aucun institut ne lui promet une victoire au second tour. Elle espère se démarquer des autres « grands candidats » en pariant sur la disparition du clivage gauche-droite et en insistant sur la rupture pour sortir des « échecs de l’Umps ». S’appuyant sur le premier tour des résultats des élections municipales, départementales et régionales, la présidente du Front national et députée européenne revendique pour sa formation le titre de « premier parti de France ». Elle mène campagne sous le thème de « La France apaisée ».
Jean Lassalle (Resistons !) : Un candidat iconoclaste
Jean Lassalle est l’un des candidats les plus iconoclastes de cette campagne. Élu local depuis plus de 30 ans dans les Pyrénées-Atlantiques, il est député en 2002 et a un ancrage local fort. Autrefois très proche de François Bayrou, dont il s’est maintenant affranchi, le député Lassalle a multiplié les coups d’éclat : en 2003, il entonne un champ béarnais en plein hémicycle pour protester contre le départ d’une brigade de gendarmerie ; en 2006, il entame une longue grève de la faim pour empêcher la délocalisation d’une usine de sa circonscription. Et depuis son tour de France à pied, en 2013, Jean Lassalle est devenu « le député qui marche », son surnom. Récemment, il a rencontré Bachar al-Assad en Syrie et assume sa russophilie. Difficile de classer Jean Lassalle. Il défend la ruralité, prône la création d’un service civique obligatoire, avec permis de conduire délivré gratuitement par l’État, plaide pour l’apprentissage et veut un plan pour l’éducation « digne de Jules Ferry » pour « reconstruire l’État ». En attendant, il veut bousculer la présidentielle grâce à un discours qui est tout sauf convenu.
Emmanuel Macron (En marche !) : Ni de droite, ni de gauche
C’est la première fois dans l’histoire de la cinquième République qu’un candidat jamais élu auparavant se retrouve en position de favori à un mois du scrutin. Emmanuel Macron est mentionné dans de nombreux sondages d’opinion comme un possible finaliste aux côtés de Marine Le Pen. Philosophe, énarque, inspecteur des finances, ancien banquier d’affaires, rapporteur de la commission Attal, Emmanuel Macron cultive sa différence. Après avoir fait fortune chez Rothschild, il rejoint François Hollande pour le conseiller sur l’économie avant la présidentielle de 2012. Il devient ensuite secrétaire général adjoint de l’Élysée, poste qu’il quitte en juin 2014 pour monter son entreprise. Mais, la politique le rattrape. Deux mois plus tard, il est nommé ministre de l’Économie en remplacement d’Arnaud Montebourg. C’est le début de son ascension. En avril 2015, il crée son mouvement « En Marche ». Et fin août 2016, il démissionne de Bercy. « En marche » revendique près de 200.000 adhérents séduits par le cheminement d’Emmanuel Macron. Le 16 novembre de la même année, il se déclare candidat à l’élection présidentielle. Le leader du Modem François Bayrou s’est rallié, pour sa part, à la candidature d’Emmanuel Macron dans le cadre d’une alliance. Sa démarche se réclame d’un positionnement qui ne se veut « ni de droite, ni de gauche » même s’il affirme, à titre personnel, être un homme de gauche. Emmanuel Macron se revendique « pas centriste » non plus, mais plutôt « central. Empruntant aussi à la droite sur le plan économique, Emmanuel Macron se dit, en fait, « pragmatique » et assure ne pas se soucier de savoir si une mesure est de droite ou de gauche, pourvu qu’elle soit efficace. Il est le plus pro-européen de tous les prétendants. Son ambition est d’incarner l’homme qui fera changer la France d’époque en la modernisant pour la propulser dans le XXIème siècle. Emmanuel Macron n’a jamais évoqué son avenir en cas de défaite, mais il assurait, au début de son ascension, qu’il ne resterait pas en politique toute sa vie.
Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste) : L’ouvrier à la conquête des voix
En 2012, Philippe Poutou était le premier ouvrier à se présenter à la présidentielle en France pour le Nouveau parti anticapitaliste (Npa). Délégué syndical rendu célèbre par son combat gagné contre des licenciements dans son usine Ford de Blanquefort (Gironde), il avait pris le relais du postier Olivier Besancenot. Il était arrivé huitième sur neuf candidats, devant Nathalie Arthaud, avec 1,15 % des voix. En 2017, à 49 ans, Philippe Poutou travaille toujours dans la même usine et porte à nouveau les couleurs du Npa.Nourri par l’anarchisme, il combat le capitalisme et défend, à travers le Npa, le féminisme, l’internationalisme, l’écologie. Le vocabulaire de Philippe Poutou est marxiste, son slogan, « Nos vies, pas leurs profits ! », est révolutionnaire et ses propositions sont radicales : interdiction des licenciements, instauration d’un salaire minimum à 1700 euros net, liberté de circulation et d’installation… Philippe Poutou ne cultive aucun rêve de destin élyséen. Dans la logique du Npa, tout est affaire de collectif et l’« homme fort » n’existe pas. Lui veut simplement accéder aux débats nationaux pour propager les idées du Npa. Son combat se mène dans la rue, hors du cadre des institutions.
Jean-Luc Mélenchon (France insoumise) : Une candidature indépendante des partis
Jean-Luc Mélenchon est un député européen, fondateur du Parti de gauche. Socialiste jusqu’en 2008, sénateur de l’Essonne et ministre sous Lionel Jospin, Jean-Luc Mélenchon s’était déjà présenté à la présidentielle en 2012 sous l’étiquette du « Front de gauche », unissant son parti et le Parti communiste français. Il était arrivé en 4e position avec 11,10 %. Cette fois, sa candidature se veut indépendante des partis, portée par un mouvement créé dans la perspective de l’élection : « La France insoumise ». Il a reçu le soutien du Front de gauche, de divers mouvements politiques de gauche et du Parti communiste. Le Pcf le soutient, mais reste divisé face à l’ex député frondeur Benoît Hamon. Son programme, « L’Avenir en commun », comporte plusieurs axes : la VIe République, le partage des richesses, la planification écologique, la sortie des traités de l’Union européenne, le maintien de la paix et de l’indépendance de la France, notamment vis-à-vis des États-Unis… Mélenchon accorde également beaucoup d’importance aux thématiques du « progrès humain » et technologique, de la culture et du numérique. Son ambition est de battre Marine Le Pen au deuxième tour de la présidentielle. Mais, il serait déjà heureux de battre le socialiste Benoît Hamon au premier tour. Après l’élection, il souhaite participer à une grande recomposition de la gauche, malgré l’hostilité d’une partie des écologistes et celle des socialistes hamonistes.
Jacques Cheminade (Solidarité et progrès) : Le combat contre « l’empire de l’argent »
Énarque, ancien fonctionnaire, Jacques Cheminade, fondateur du parti Solidarité et progrès, avait recueilli 0,28 % des voix à la présidentielle de 1995 et 0,25 % à celle de 2012, dernier candidat derrière Nathalie Arthaud avec ses 0,56 %. Il se présente « contre le sérail politique qui a pactisé avec l’empire de l’argent » et en pourfendeur depuis toujours de « la dictature financière » et des forces de Wall Street. Un de ses principaux défis consiste à casser l’image loufoque que lui ont valu ses propositions, jugées farfelues, comme la généralisation de la pratique du chant en chorale, ou l’interdiction du jeu Pokémon Go ou son projet de relance du programme spatial par la création des stations orbitales terrestre basse. Propositions qui ont aussi fait sa notoriété.
Par Dié Maty Fall
lesoleil.sn
Viviane Reding, vice-présidente de la commission européenne :
« Il n’y a plus de politiques intérieures nationales » ; « Les lois appliquées dans les 28 États membres sont, en très grande partie, décidées par le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne…. »
https://www.youtube.com/watch?v=EQZY05KA-bE