Les Grecs ont dit « oxi » (non) à la dernière proposition de réformes formulée par les créanciers du pays. Selon les projections du ministère de l’intérieur publiées à 20 heures, deux heures après la fermeture des bureaux de vote, le non l’emporterait à 62 %, ce que les résultats partiels semblent confirmer. La participation, elle, était autour des 60 %. Selon un sondage diffusé par la chaîne Antenna TV, 67 % des bulletins de vote non ont été glissés par des élécteurs de la tranche 18-34 ans.
Alors que l’ampleur de la victoire du non se dessinait dans l’après-midi, une foule de centaines, puis des milliers de personnes est descendue dans les rues d’Athènes pour fêter leur victoire. Convergeant vers la place Syntagma, face au Parlement, ils scandaient des slogans contre l’austérité et la politique de Bruxelles, comme le relatent notre journaliste et notre photographe sur place :
Tsipras : « Le mandat que vous m’avez confié n’est pas celui d’une rupture avec l’Europe »
Le premier ministre Alexis Tsipras, qui avait mis son mandat en jeu, a salué dans la soirée la nette victoire du non et a déclaré que son gouvernement était prêt à retourner sans attendre à des négociations pour permettre une réouverture des banques grecques, qui sont restées fermées cette semaine.
Ecartant l’idée que le référendum était de fait un vote sur le maintien ou non de la Grèce dans la zone euro, il a dit que les Grecs lui avaient donné un mandat pour trouver une solution viable avec l’UE et non pas pour aller à l’affrontement avec l’Europe :
« Etant donné les circonstances difficiles à l’heure actuelle, vous avez fait un choix très courageux. J’ai tout à fait conscience que le mandat que vous m’avez confié n’est pas celui d’une rupture avec l’Europe, mais un mandat pour renforcer notre position aux négociations afin de rechercher une solution viable ».
M. Tsipras a déclaré qu’il comptait sur le fait que la question de la dette grecque « soit cette fois sur la table des négociations » et allait demander au chef de l’Etat grec de convoquer une réunion des dirigeants des partis politiques pour les tenir informés de la situation. Le leader de l’opposition grecque, Antonis Samaras, a remis sa démission après la défaite cinglante du oui.
Plus tôt, le médiatique ministre des finances, Yanis Varoufakis, s’était présenté devant les caméras. Celui qui avait mis sa démission dans la balance s’est réjoui de la victoire massive du non. Il s’est dit prêt à coopérer avec ses partenaires européens pour essayer de trouver un compromis dès lundi. A ses yeux, le non, une façon de dire « assez à cinq ans d’austérité », est aussi :
« Un outil qui servira à tendre une main coopérative à nos partenaires. Nous allons négocier d’une manière positive avec la Banque centrale européenne et la Commission européenne. A partir de demain, l’Europe, dont le cœur bat en Grèce ce soir, va commencer à panser ses blessures, nos blessures. Le non d’aujourd’hui est un grand ‘oui’ à une Europe démocratique ».
Avant même la publication des premiers résultats, le président français François Hollande et la chancelière allemande, Angela Merkel, ont annoncé qu’ils se rencontreraient à l’Elysée lundi 6 juillet au soir pour « un entretien suivi d’un dîner de travail pour évaluer les conséquences du référendum en Grèce ». Ils ont ensuite appelé à la tenu d’un sommet de la zone euro, qui aura finalement lieu mardi 7 juillet.
M. Tsipras et son gouvernement ont dit qu’ils souhaitaient reprendre les discussions dans les 48 heures, une de ses promesses de campagne. Mais la réponse du ministre de l’économie allemand Sigmar Gabriel, pour qui de nouvelles négociations sont « difficilement imaginables », montre que la reprise des discussions sera longue.
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