Le point culminant du prochain plan d’action de l’Union des Magistrats du Sénégal (Ums), qui était en Assemblée générale extraordinaire samedi dernier, pourrait être le boycott de l’élection présidentielle de 2012. C’est dire qu’ils sont prêts à aller jusqu’au bout pour obtenir satisfaction.
C’est une vérité de La Palice de dire que l’Union des Magistrats du Sénégal (Ums) n’est pas contente du régime de Wade. Le point culminant du prochain plan d’action des juges qui ont observé 72 heures de grève rudement ressenties par la machine judiciaire, risque de coïncider avec la Présidentielle de 2012. Si le bras de fer est maintenu jusque-là, Abdoulaye Bâ et ses camarades pourraient boycotter ces joutes électorales. C’est du moins la conviction de l’écrasante majorité des magistrats qui ont pris part à cette rencontre de crise. A propos du come-back de leur ministre de Tutelle, Cheikh Tidiane Sy, une source fait savoir qu’au cours de l’Assemblée générale, un magistrat est intervenu pour dire que son « Dem Dik » n’est pas un événement, à leurs yeux. « C’est sous son magistère qu’il y a eu toutes ces déstructurations dans la Justice, par de vastes manipulations de l’appareil judiciaire pour des intérêts personnels ou individuels ».
Quand le Premier président de la Cour Suprême a proposé de maintenir Cheikh Tidiane Sy à son poste aussi longtemps que possible, « il n’a pas agi au nom du corps, mais comme un politicien. C’est une honte ! », dénonce le juge outré. Toujours durant ce huis clos, nos sources confient que l’ancien président de l’Ums « Aliou Niane s’est montré farouchement opposé à la syndicalisation des magistrats. Nous sommes un pouvoir », a-t-il plaidé, indiquant qu’« il est inconcevable qu’on ait un Patronat à qui l’on remet des revendications ».
Les magistrats, estime notre interlocuteur, ont le même rang que les ministres et les députés. Sur la même lancée, nous apprend-on, Aliou Niane a dit que l’article 29 de la Cellule nationale de traitement d’information financière (Centif) n’est pas le problème fondamental. Ce qui l’est, c’est son application qui veut que, dès que la Centif envoie des dossiers au Procureur, qu’il saisisse immédiatement le juge d’instruction.
Pour rappel, le projet de loi portant modification de l’article 29 alinéa 1 de la loi 2004-09 du 6 Février 2004 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux stipule : « Lorsque des opérations mettent en évidence des faits susceptibles de constituer l’infraction de blanchiment, la Centif transmet un rapport sur les faits au procureur de la République, qui apprécie de la suite à donner ». Ce qui semble s’opposer aux dispositions actuelles qui stipulent : « lorsque les opérations mettent en évidence des faits susceptibles de constituer l’infraction de blanchiment de capitaux, la Centif transmet un rapport sur ces faits au procureur de la République, qui saisit immédiatement le juge d’instruction ». Et puis, le président Niane estime, à en croire nos interlocuteurs, que ce n’est pas aux magistrats, mais à l’Assemblée nationale de se prononcer sur la question. C’est le 24 Mai que les députés vont se prononcer sur le projet de loi, qui a été adopté en Conseil des ministres du 3 Mars dernier.
Hadja Diaw GAYE
lasquotidien.info