Le voile commence à se lever sur le voile opaque autour du projet de 5000 logements sociaux initié à Diamniadio, et dont la pose de la première pierre a eu lieu en lundi dernier. Cinq jours après ce sont acteurs maraîchers de la zone qui sont montés au créneau pour dévoiler l’arnaque et accuser le beau père du président, responsable de l’APR à Rufisque et président du groupe SETI, adjudicataire du marché, de faire main basse sur des terres qui leur appartiennent. Ces acteurs ont tenu un point de presse vendredi.
Moins d’une semaine après la pause de la première pierre du projet de construction de 5000 logements sociaux à Bambilor, les ayants droit du site choisi, sont montés au créneau lors d’une conférence de presse. En présence de toute la population, les maraîchers et agriculteurs, la mort dans l’âme, se disent prêts à faire face à « ceux qu’ils veulent leur tirer le pain de la bouche ». «Nous ne seront jamais d’accord avec ce projet ni aujourd’hui ni demain. Et s’il plait à Dieu, personne n’habitera sur le site. Nous sommes prêts à tout. Nous n’avons que ces terres pour travailler et vivre» a assèner le chef de village de Keur Ndiaye Lô. L’imam du village Amary Ndiaye Ngom a parlé dans le même sens et sur le même ton déterminé «les lébous ne connaissent que la terre et la mer. Ce qui peut les révolter, c’est de leur oter la terre ou la mer. Aujourd’hui, les pêcheurs sont en train de pleurer parce que toutes les ressources de la mer sont taries et les terres habitables sont spoliées. Ici à Keur Ndiaye Lo, dans chaque maison, vous y trouverez 50 hommes qui n’ont pas un toit et ce qui reste de nos terres, nous servent à cultiver et à nous abriter. Elles ne peuvent même pas accueillir nos enfants qui n’ont pas de toit.
Donc, si les 300 hectares sont cédés à d’autres, que nous restera-t-il? Ils veulent que nous allions mendier; ce que nous ne ferons pas» a-t-il dit avant d’ajouter «que la population est prête à en découdre avec ceux qui veulent lui oter ses terres.»
Pour sa part, le porte-parole de la population de la communauté rurale de Bambilor a pointé un doigt accusateur sur le Président du groupe Seti (société d’études de travaux et d’ingénierie) Abdourahmane Seck dit Homère par ailleurs beau père du président de la République. Serigne Mbacké Tine qui se trouve être le président du groupement Niayes Export, lance: «nous demandons à Abdourahmane Seck Homère de nous rendre nos terres.
C’est la délégation spéciale qui lui a dans un premier temps affecté ce site avant de le désaffecter. Ainsi, nous voulons qu’il laisse ces terres qui ne lui appartiennent pas. Nous sommes jeunes et nous nous ne connaissons que l’agriculture, qu’on nous laisse exercer notre métier» face à la situation, monsieur Tine demande sollennellement à la délégation spéciale de prendre ses responsabilités en demandant à Homère Seck d’arrêter. Car, il estime que le président du conseil d’administration de la Petrosen «se dit intouchable parce qu’étant le beau père du président de la République Macky et il se dit qu’il peut tout faire impunément. Ces choses sont révolues. Macky Sall avait prôné la rupture afin que ce qui existait jusqu’alors, ne puisse plus prospérer. S’il laisse son beau père faire ce qu’il veut, il est en train de trahir sa parole».
Concernant la famille Ama Khoudia Mbengue, «soit disant propriétaire» dudit site, monsieur Tine fait remarquer «qu’ elle ne possède aucune terre dans cette localité de Bambilor. Nous avons rencontré les anciens et les vieux, ils nous ont dit que cette famille ne posséde aucune parcelle de terre dans cette localité».
Revenant sur le sens de leur sortie d’hier, Pathé Watt, promoteur agricole, par ailleurs conseiller municipal à la mairie de Rufisque et responsable départemental du PIT , signale que «tout cela est une nébuleuse, un subterfuge. Nous ne pouvons pas être dans le secteur sans savoir que quelqu’un détient ici 120 hectares. On ne sait même pas où le projet commence et où il s’arrête».
Il souligne également une incohérence totale dans la politique gouvernementale en matière agricole. Selon lui, «on veut développer l’agriculture et on a mis en place un circuit d’eau venant du forage de Mbir Thialane que le Pdemas (programme de développement des marchés agricoles au Sénégal) a déjà financé et cette eau n’est pas une eau potable. Moi, je ne comprends pas qu’on ait eu des problèmes d’eau, qu’on ait eu des parcelles maraîchères et que les gens veulent s’installer alors que les tuyaux sont déjà enterrés.
Là, ils ont déjà mis de l’argent; ce qui signifie qu’ils ont enterré de l’argent pour rien du tout». Aussi le conseiller municipal et acteur maraîcher signale qu’il y a aussi les forages de Thiaroye qui sont une bombe à Thiaroye parce que nous pouvant plus être fermés pour cause d’inondations. Pour cela, ils doivent être rétrocédés à la culture. Il est d’avis que ce projet de 5000 logements concerne trois ministères que sont l’agriculture, l’environnement et celui de l’urbanisme qui ont travaillé sur ce dossier de manière incohérente. Très en verve, il ajoute «on est en train de mettre 5000 maisons sur un marigot. Les parcelles qui doivent être attribuées pour des maisons, sont des parcelles inondables.
A partir de ce moment, je ne vois pas pourquoi le ministre de l’urbanisme pose des problèmes au ministère de l’assainissement. On veut développer l’agriculture et on pose des problèmes au secteur de l’agriculture. Je me demande si les gens savent ce qu’ils font». La mort dans l’âme et dépité, Pathé Watt lance «il y a des gens ici, qui ont un passé notoire dans ce secteur. Il faut que les gens regardent de plus près sur ce qu’on leur donne. Parler d’éthique, parler d’honnêteté, parler de transparence et entrer dans des choses comme ça, je pense que ce n’est pas normal. Les gens n’ont qu’à revoir et leur politique de communication et leur politique entre les ministères».
Pour finir M. Watt estime qu’il faut songer à laisser à la région un poumon pour sa respiration «Dakar ne peut pas être que du béton, il faut que les gens respirent. Il faut que le ministère de l’environnement intervienne». «La bataille sera catégorique, méthodique et sans répit.» a-t-il conclu.
sud quotidien