Le Ter est finalement l’affaire de tous. Même certains qui se rendaient au travail avec leurs propres moyens de transport, ont décidé de prendre d’assaut le Ter. Un passage aux alentours des gares du Ter, entre Rufisque et Bargny, bondés de voitures et de deux roues, témoigne de cette nouvelle réalité. Elle est la même aussi à Thiaroye, Pikine, Hann, où les gens préfèrent laisser leurs véhicules chez eux pour prendre le train.
Tiré à quatre épingles, Cheikh, fonctionnaire, stationne sa voiture au niveau de la gare Bargny. Il tire son sac à main, s’avance vers le terminal pour prendre le Ter. «Depuis deux semaines, je ne me déplace plus avec mon véhicule. Je prends le Ter jusqu’à la gare de Dakar, puis je termine le trajet à pied», explique-t-il. Il est 7 h 05. Au retour, il reprend le train et récupère sa voiture à Bargny pour rallier Sébikotane. «En moins d’une heure, je suis chez moi.» Avant, il devait parfois perdre plusieurs heures sur la route, supporter la fatigue et moins d’heures de somme. Ibrahima Diop a presque fini de conjuguer au passé les horaires tardifs au bureau. Il dit : «A cause des embouteillages, j’étais obligé dedes embouteillages, j’étais obligé de retarder mon heure de retour jusqu’à 21h, pour espérer une circulation fluide. Je descends à 17h et à 18 h30, je suis chez moi. Et le matin, c’est pareil. Je ne suis plus obligé de me lever aux aurores pour aller en ville.» Il gare son véhicule à l’arrêt Pnr du Ter, à presque 7h. «A 8h je suis dans mon bureau, tranquillement», enchaîne-t-il. Il vit à Zac Mbao. «Je me suis abonné. C’est moins de dépenses», sourit Ibrahima, pressé d’embarquer.
Laisser sa voiture et embarquer à bord du Train express régional pour rallier Dakar, c’est presque une règle pour les usagers situés sur ce corridor. Le Ter n’aura pas été que l’affaire des travailleurs sans moyen de transport qui leur est propre. Ces derniers qui se disputaient les places de taxis en covoiturage, bus Dakar dem dikk ou Tata pour se rendre au travail, ont trouvé à travers le Ter un palliatif contre les contraintes de tout ordre, allant des bus bondés en passant par les embouteillages donnant lieu à de nombreuses heures perdues sur un trajet de moins de 30 km. Pas seulement eux cependant. Des travailleurs véhiculés ont aussi cette option, comme en témoignent les parkings et abords des gares du Ter. Le décor aux abords de la gare de Rufisque, est révélateur. Pas moins d’une centaine de voitures sont stationnées dans unparking de circonstance, jouxtant le Cem Momar Sène Waly. Des voitures de toutes marques qui, a priori, renseignent sur le niveau de vie des uns et des autres. Mais tous les propriétaires ont opté pour la même méthode. «Cela fait un moment que je me gare ici pour prendre le Ter, afin de me rendre au travail», nous fait savoir Gérard, un travailleur au Port de Dakar. «Avant, c’était avec ma moto que je m’en rendais au travail ou des fois en bus», a-t-il poursuivi après que l’agent de sécurité sur place ne l’a orienté dans sa manœuvre pour trouver une place dans le parking. «C’est un parking non payant», a avisé le vigile. Interrogé sur d’éventuelles réclamations pour objet perdus ou matériels endommagés dans le parking, l’agent de rassurer : «Non, il n’y a jamais eu ce genre de problèmes.
Les gens, après avoir garé, ferment les portières et rejoignent le Ter. Les voitures ne passent pas la nuit ici, donc ces genres de problèmes, on ne les a pas encore rencontrés.» Cette nouvelle occupation du lieu tout proche de la route des Niayes, n’est pas sans conséquence dans cet écosystème où se côtoient taxis-clandos, mécaniciens et passants enjambant le pont de la gare. «Parfois les voitures sont si nombreuses que le parking qui est là, ne peut toutes les contenir. Certains sont ainsi obligés de garer les leurs sur les trottoirs et vous voyez ce que ça peut engendrer comme impairs dans la mobilité et surtout chez les passants qui seront obligés de marcher sur la chaussée», a expliqué un coxeur du garage-clando, situé à proximité du quartier Diamaguène.Selon lui, le parking doit être aménagé et étendu jusque vers l’aire libre, située de l’autre côté de la route. De l’autre côté de la gare, vers la Route nationale, les installations sont déjà là. Un parking soigneusement aménagé accueille les voyageurs venus avec leurs propres moyens de transport.
Pnr, Rufisque, Bargny, course aux parkings
A côté d’une ambulance positionnée pour assurer d’éventuelles évacuations, une trentaine de voitures sont parquées. Le nombre de voitures témoigne à suffisance que l’affluence des propriétaires de voitures de l’autre côté, est beaucoup plus consistante. De l’autre côté, il y a en effet ceux qui viennent des quartiers populaires et aussi des 3 C (ancienne communauté rurale de Sangalkam) tandis qu’à la devanture de la gare, sont concernés les habitants du vieux Rufisque (Centre-ville). Même constat au Pnr, l’autre gare de Rufisque, située sur la route des Hlm. Aux abords de cette gare à partir de laquelle embarquent les populations en provenance des quartiers de Rufisque-Ouest et certains du Nord habitant des quartiers comme Ndargou Ndaw, Santa Yalla et Fass, les voitures occupentl’espace dédié au stationnement mais aussi quelques autres de fortune. «Je faisais le trajet Rufisque-Dakar avec ma voiture. Depuis deux semaines, je le fais avec le Ter sur recommandation d’un ami qui avait commencé à le faire depuis le début des rotations du train», a estimé Abdoulaye Niang, un habitant de Santa Yalla. «C’est plus avantageux en termes de temps, mais aussi de coût», a-t-il poursuivi. «Je préfère garer ma voiture près du terrain de football qui est là, plutôt que de rejoindre le parking», a-t-il avisé. En partance pour le Ter vers Dakar, notre interlocuteur d’en donner la raison. «Il m’est arrivé une fois, de garer ma voiture dans le parking, mais malheureusement un autre qui avait mal garé derrière moi, m’a fait perdre desheures pour sortir ma voiture. J’ai dû attendre son retour, deux heures de temps après, pour rentrer à la maison», a-t-il expliqué, assurant que depuis lors, c’est le terrain qui fait office de parking pour qui revient du travail aux alentours de 18 heures. Cheikh Cissé, scootériste d’une trentaine d’années, opte pour le parking officiel. «Je ne vais pas au travail avec mon scooter ; je prenais les taxis. Mais depuis que le Ter a commencé à circuler, il est devenu mon moyen de transport. Toutefois, j’amène ma moto parce que je descends un peu tard et à cette heure-là, j’éprouve des difficultés à trouver une voiture qui m’amène chez moi, à Diorga Montagne. C’est ça qui fait qui je gare le scooter là», a-t-il fait savoir. Contrairement à certaines gares comme celle de Diamniadio, les deux haltes situées dans la ville de Rufisque et celle deBargny sont toutes proches de la Route nationale. Toutes trois aussi ont un accès facile à l’Autoroute à péage et permettent ainsi aux voyageurs du Ter, une fois à quai, de rallier leur destination finale avec aise. Alors que pour les usagers plus proches du Centre-ville, ils laissent leurs véhicules chez eux. Comme Aïssata Paye, Pikinoise et employée d’une grande banque implantée à la Place de l’indépendance. «Je suis à moins de 5 mn de la gare de Pikine… je laisse mon véhicule chez moi. Il ne me sert qu’à circuler dans les zones pas desservies par le train. D’autres collègues à Thiaroye ou Hann font la même chose ou prennent des taxis.» Dans ce sens aussi, des lignes de la société Dakar dem dikk sont positionnées pour assurer le rabattement des voyageurs.
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