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«Les paroles s’envolent, les écrits restent» par Madiambal Diagne

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Il nous vient à l’esprit la réflexion qu’«un meurtrier dénué de remords ressemble à s’y méprendre à un innocent». L’ancien Premier ministre Idrissa Seck est monté sur ses grands chevaux pour réfuter avec véhémence le «Protocole de Rebeuss». Le Quotidien s’est senti interpellé au plus haut point. En effet, nous sommes l’auteur de ce fameux vocable pour caractériser le procédé par lequel Idrissa Seck était sorti de prison après une incarcération de plus de sept mois. Nous annoncions dans l’édition du journal Le Quotidien du mardi 7 février 2006 que Idrissa Seck allait être libéré ce jour-là, à l’heure du match de football Egypte-Sénégal, qui comptait pour les demi-finales de la Coupe d’Afrique des nations. L’heure était bien choisie pour éviter tout débordement de foules, car les populations auraient la tête tournée à suivre cette compétition sportive qui tenait le pays en haleine. Aussi, nous indiquions que cet accord, on peut faire dans l’anglicisme pour l’appeler «deal», procédait d’un arrangement dûment signé.

Les facilitateurs avaient pour nom d’une part Me Nafissatou Diop Cissé, notaire de Idrissa Seck à l’époque et d’autre part Me Ousmane Sèye, avocat qui intervenait pour le compte du Président Abdoulaye Wade, et Alex Ndiaye un proche du Président Wade. Pour sortir de prison, Idrissa Seck avait signé de sa propre main les termes d’une «attestation manuscrite» par laquelle il s’engageait à restituer au Président Wade la bagatelle de 21 milliards de francs Cfa. Ledit acte était en date du 29 décembre 2005. Il a été déposé au rang des minutes du notaire Me Papa Sambaré Diop, le 30 décembre 2005 et enregistré auprès de Moussa Diaw Coulibaly, receveur des Impôts de Grand Dakar, sous le bordereau numéro 32 du 3 janvier 2006. A l’exception de Idrissa Seck, tous les acteurs de cette opération confirment l’authenticité de cet acte dont nous détenons copie. Il n’en était même pas besoin, car le document restera, à l’instar de tous les actes notariés, un «acte authentique», donc une preuve irréfragable aussi longtemps qu’une procédure en inscription de faux n’aura pas été initiée avec succès. Il n’est pas encore venu à l’esprit de Idrissa Seck de tenter une telle gageure. Idrissa Seck a l’arrogance de traiter les journalistes de menteurs et d’affabulateurs. On voit bien dans cette affaire qui est le menteur.
Sur une autre question, il nous sera difficile, au journal Le Quotidien, de ne pas avoir un petit sourire en coin en lisant dans notre édition du week-end dernier, Pierre Goudiaby Atepa s’emmitoufler d’un manteau de parangon de vertu pour dénoncer la corruption qui aurait libre cours sur les affectations foncières relatives aux terres sur la corniche de Dakar. Ils ont été nombreux, les anciens collaborateurs du Président Abdoulaye Wade, qui se sont étonnés ou indignés, pour nous raconter chacun sa petite anecdote sur le dépeçage des terres de Dakar, et notamment de la corniche. Pour beaucoup, «Pierre» ne peut pas faire la sainte nitouche et parler comme il l’a fait dans nos colonnes. L’effet de surprise passé, l’un d’entre eux se fait philosophe. «Pourtant, ça lui ressemble. Un jour, le Président Wade lui avait balancé : ‘’Pierre tu es vraiment fort. Tu peux allumer un incendie et après venir faire le sapeur-pompier’’.»
Nous aurions pu nous plaire de la sortie de l’architecte-conseil attitré du Président Wade, d’autant que Le Quotidien avait fait de la lutte pour la préservation du patrimoine foncier du Sénégal un de ses sujets de prédilection. Quand nous dénoncions le projet d’extension du Terrou Bi et l’attribution de plus de 17 mille m2 de terrains à Alioune Aïdara Sylla par exemple, Pierre Goudiaby Atepa nous reprochait notre posture. Il estimait que nous ne pouvions pas nous mettre à critiquer pour critiquer et que ces projets avaient de la valeur ajoutée pour l’économie nationale. Nous ne savions pas que c’était l’architecte-conseil du chef de l’Etat, que d’ailleurs ses interlocuteurs chambraient dans les allées du Palais présidentiel en l’appelant «Directeur de la Corniche», qui avait déniché la parcelle cédée à Alioune Aïdara Sylla. Nous ne savions pas non plus qu’il fût l’auteur des plans et d’une belle maquette pour un hôtel de 9 étages. Nous ne savions pas non qu’il eût cherché auprès du directeur régional de l’Urbanisme, Mamadou Diagne, les autorisations de construire pour un immeuble R+9 et que ce dernier conseilla au promoteur de s’en limiter à R+6. Aussi, nous ne savions pas que Atepa avait pris langue avec Mme Aminata Sall, directrice de l’Aviation civile, qui lui avait confirmé qu’une telle construction en hauteur ne gênerait nullement la navigation aérienne, surtout que la balise qui avait été disposée à ce niveau avait déjà été enlevée. Revisitons les archives. Occupation du domaine public maritime pour occupation du même domaine public maritime ? Pourquoi dans sa croisade Pierre Goudiaby Atepa ne parle pas du cas de l’hôtel Radisson et du centre commercial Sea Plaza ou du complexe Magic Land ou du projet d’hôtel Kharafi au pied des Mamelles ? La raison est toute simple, il ne s’était pas tenu éloigné de certaines transactions foncières. Pierre Goudiaby est bien placé pour éclairer notre lanterne sur les faits et actes de corruption sur les terres de Dakar. Dans son «coming out», qu’il nous dise qui a été à la base du morcèlement de plus de 35 hectares des terres de l’aéroport cédées à Mbackiyou Faye ? Qui a été corrompu par qui et comment ? Qui a mis en place le système de dation en paiement des Coréens du Nord que Pierre Goudiaby avait fait venir pour réaliser le monument de la Renaissance africaine ? Atepa faisait un pied de nez à ceux qui fulminaient contre l’opération en balançant dans les colonnes du journal Le Quotidien du 18 juillet 2008 que «les terres ont été données avec l’accord des autorités de l’Asecna et de l’Anacs». Qui a été à la base du projet des cités et appartements de Aïdara Sylla puis de Cheikh Amar sur les terres des Mamelles ? Qui a trouvé les financements ? Qui a été corrompu, comment et par qui ? Pierre Goudiaby a toujours été avec ce même groupe de promoteurs et de spéculateurs fonciers. Comme nous le faisait remarquer un architecte : «Ce déballage entre Pierre Goudiaby et Aïdara Sylla procède simplement d’une bagarre autour d’un butin pour reprendre le mot de Idrissa Seck.» Alioune Aïdara Sylla n’a pas attendu ses bisbilles avec Atepa pour servir sa version. Relisons l’édition du journal L’Enquête du 10 janvier 2013.
Durant toute la gouvernance du Président Wade, Pierre Goudiaby Atepa a eu à jouer le même rôle. C’est lui même qui passait à table dans une interview pour expliquer le modus operandi du morcèlement des réserves foncières de la Foire de Dakar. «Le Président Wade voulait organiser la conférence du Nepad et il lui fallait une salle. Le relookage du Cices était engagé. Il fallait 850 millions, mais le montant n’était pas disponible dans le budget de l’Etat. Je lui ai suggéré de vendre une partie des réserves foncières du Cices.» Depuis lors, on sait ce qu’il est advenu des dizaines d’hectares du Cices et sur cette opération de relookage du centre de conférences, Atepa a touché plus de 300 millions d’honoraires. Sur d’autres affaires foncières, Pierre Goudiaby a été épinglé par la Cour des comptes dans un rapport publié l’année dernière et il menaçait, le 3 juillet 2015, de porter plainte contre les magistrats. On peut présumer qu’il réfléchit toujours avec ses avocats sur les termes de sa plainte. Il faut dire que Pierre Goudiaby est un as des fanfaronnades. Après les réactions suite à la sortie de Alioune Aïdara Sylla dans notre édition du week-end dernier, l’architecte cherche à rencontrer son ancien client pour arrondir les angles. Cela ne l’empêche pas de dire partout que le Président Macky Sall a béni son projet de réaménagement des espaces qu’il cherche à reprendre des mains du Terrou Bi et de Aïdara Sylla. Pour le prouver, il montre partout des messages écrits échangés avec le chef de l’Etat. Le nouveau plan d’aménagement qu’il a dessiné, sans que personne ne le lui ait demandé du reste, va confisquer des espaces au Terrou Bi et au projet de Alioune Aïdara Sylla. Il est étonnant que ce même plan ne touche au moindre mètre carré du projet de Azalaï installé sur le même site. Le beau-fils de Atepa fait partie des principaux responsables de ce chantier. De toute façon, les propriétaires de ces terres détiennent des titres de propriété, en bonne et due forme, et toutes les autorisations pertinentes ont été délivrées par les services compétents de l’Etat. Les spolier induirait le paiement d’importants dédommagements. Tant pis si l’Etat du Sénégal peut rembourser plus de 5 milliards au Terrou Bi et plus de 20 milliards à Azalaï ! Et encore quel message ce serait pour des investisseurs sur la sécurité juridique des affaires !
Par ailleurs, le Sénégal bénéficie de plus de 700 kilomètres de côte maritime, mais seuls les quelques 5 kilomètres qui passent devant ses propriétés méritent la colère de Pierre Goudiaby Atepa. En outre, n’avait-il pas initié la privatisation d’une partie de la plage de la corniche avec un restaurant et un cyber-café privés à la Porte du Millénaire ?

lequotidien.sn

4 Commentaires

  1. Enfin un aveu écrit de Madiambal. Il détient une copie des écrits manuscrits de l’engagement d’Idrissa Seck. Alors une bonne fois pour toute, qu’il les publie…. Ce n’est qu’après que l’on pourra saisir la justice pour faux. N’est-ce pas Madiambal, du courage, du courage….

  2. Pour sortir de prison, Idrissa Seck avait signé de sa propre main les termes d’une «attestation manuscrite» par laquelle il s’engageait à restituer au Président Wade la bagatelle de 21 milliards de francs CFA. Ledit acte était en date du 29 décembre 2005. Il a été déposé au rang des minutes du notaire Me Papa Sambaré Diop, le 30 décembre 2005 et enregistré auprès de Moussa Diaw Coulibaly, receveur des Impôts de Grand Dakar, sous le bordereau numéro 32 du 3 janvier 2006. À l’exception d’Idrissa Seck, tous les acteurs de cette opération confirment l’authenticité de cet acte dont nous détenons copie. I

    Compte tenu du caractère du document qui n’a pas été estampillé » SECRET D’ETAT » les Sénégalais sont en droit d’espérer que monsieur Madiambal Diagne va enfin publier ce document où serait apposé la signature de monsieur Idrissa Seck ! Cela mettrait fin à ce débat qui fatigue les esprits des Sénégalais qui s’intéressent à la gestion de leur pays. On saurait alors si Seck dit la vérité ou pas. Au cas où un document publié ne pourrait entacher son honneur, force est de reconnaitre que beaucoup de Sénégalais iraient le soutenir pour qu’il accède à la magistrature suprême.

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