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Les petits coups ddu Vieux avant la Présidentielle 2012 : Wade ruse vers la sortie

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La candidature de Wade à 3e mandat parasite et même phagocyte le débat politique et l’enjeu électoral. Elle focalise l’attention et l’intérêt de la classe politique et de la société civile. Pourtant, beaucoup de facteurs objectifs, au-delà et loin des vacarmes entretenus par des responsables et militants du Parti démocratique sénégalais (Pds) et de ses alliés sur l’effectivité de sa prochaine candidature, un amoncellement de faits indiquent que Wade ne sera pas de la prochaine course à la Présidentielle. Ainsi donc le Président Wade se trouve au Maroc, à Tanger. Cette fois-ci, le Président sénégalais ne s’est pas payé des jours de noce à Biarritz, dans le luxueux Hôtel du Palais ; il a préféré aller humer la fraîcheur revigorante de Tanger, chez son ami le roi, pour se débarrasser des effets de la fatigue de la Oumra, le petit pèlerinage à la Mecque, et de ceux de son périple français pour les besoins de l’après-Kadhafi et du pétrole libyen. Ces «petits coups de vieux du vieux», les membres du gouvernement les lui pardonneront, eux qui n’ont pas eu droit à des vacances, en cette année pré-électoralement électrique, orageuse même du fait de l’occupation de l’espace politico-médiatique par le Mouvement du 23 juin, les inondations et le syndrome des délestages qui n’a pas quitté le sommeil agité des Sénégalais, malgré la promesse qu’en septembre, ce ne sera plus qu’un mauvais souvenir.

Seulement, les petits coups de fatigue du Président Wade, savamment distillés, ne sont pas si étrangers que cela le paraît à la grande querelle sur la validité ou non de sa candidature à la prochaine Prési­dentielle. Il n’est pas à exclure que ces signaux et signes avant-coureur puissent servir de prétexte à Wade pour signifier, demain, à son entourage qu’il se sent franchement trop fatigué pour briguer un 3e mandat. Le Président Wade, nous dit-on, doit se reposer à Tanger pendant 15 jours. Et pourtant, après ce délai de «farniente» au royaume chérifien, il trouve quand même le temps de se payer une autre «fatigue» en se rendant, pour une semaine, au Sommet des Nations unies, Sommet pour lequel sa présence, quant au fond, n’est pas si indispensable.

L’énigme du huis clos du Conseil constitutionnel
Alors que le «vieux» cherche à se remettre de sa fatigue, là-bas à Tanger, le Conseil constitutionnel sur lequel tous les regards «politiques et citoyens» sont posés va se payer, ici, une «villégiature studieuse», et à huis clos, précisément à l’hôtel Méridien de Dakar, désertant ainsi, pour un moment, ses bureaux cossus de la Corniche. Le Conseil constitutionnel sera, aujourd’hui, en séminaire pour cogiter sur son fonctionnement interne. Une véritable bizarrerie. Ainsi donc, pendant tout le temps que les juges constitutionnels ont été nommés et sont en exercice, c’est maintenant seulement et en huis clos – s’il vous plaît !- qu’ils trouvent «sage» de réfléchir sur le fonctionnement de l’institution à eux confiée. Les cinq Sages suivront le «cours» du Pr Fara Mbodj sur «les compétences» de l’institution que pourtant ils dirigent. Mais, tout de même, ils auront un des leurs, le juriste Isaac Yankhoba Ndiaye pour les édifier davantage sur l’exception d’inconstitutionnalité et la question prioritaire de constitutionnalité». Cela valait la peine d’un huis clos au Méridien-Président ! Le Pr Alioune Sall abordera le thème relatif aux pouvoirs d’interprétation du juge constitutionnel. Le chef de département à la Faculté de Droit de l’Université de Dakar avait plus ou moins défloré cette problématique, lors de l’émission Objection de Sud-Fm, en mars 2011. Donnant sa position concernant la loi interprétative sur la constitutionnalité de la candidature de Wade, M. Sall indiquait que «ceux qui veulent interpréter cette loi pensent qu’elle est opportune (…)  Ce genre de loi, même si elle est votée, ne liera pas le juge chargé de dire le droit. C’est-à-dire, même si les députés décident que tel doit être le sens d’un texte, le juge peut prendre parfaitement une position con­traire». Sur ce débat, le Pr Alioune Sall avait déclaré qu’il attendait de connaître la position du juge constitutionnel. Seule­ment, au cours d’une rencontre organisée par les «Jeunesses patriotes» en août 2011, épluchant le thème : Rapport entre stabilité po­litique et respect de la Cons­titution, le Pr Alioune Sall avait déclaré à propos de la candidature de Wade : «Au-delà des interprétations – ce qui est banal en droit -, le fait que le Président ait lui-même, en tant qu’acteur de la Constitution, interprété celle-ci de façon authentique et qu’il penche pour l’impossibilité d’un 3e mandat me paraît fondateur. Il y a un élément décisif qui pèse pour l’impossibilité d’une 3e candidature.» (Lire Le Quotidien du mardi 16 août 2011). Le Pr Aliou Sall, faut-il le rappeler, a participé au panel de constitutionnalistes qui avaient été sollicités par le M23.

On est en droit donc de s’interroger sur la pertinence pour le Conseil constitutionnel de (re)visiter, au cours d’un huis clos dont le public est déjà informé, de la tenue et du contenu thématique, ces questions aujourd’hui au cœur de l’enjeu politico-électoral crucial. Contrairement à une idée reçue, à des suspicions à certains endroits justifiées par une pratique récente (les élections locales à Ndindy et Ndoulo notamment), il n’est pas à exclure la probabilité que le Conseil constitutionnel s’inscrive dans la logique de la majeure partie des éminents constitutionnalistes. C’est à se demander si son séminaire d’aujourd’hui n’entre pas dans une stratégie de ce que l’on appelle le devoir d’ingratitude vis-à-vis du Président qui les a nommés, avec la caution d’une expertise externe sollicitée. Qui sait, il se pourrait même que le Président Wade soit reconnaissant aux cinq Sages de lui avoir offert une voie de sortie honorable.

Erosion d’une base politique et affective
Un autre facteur, plus politique celui-là, pourrait fort bien jouer en faveur de la renonciation par Wade à sa candidature. Il est indéniable que la base électorale, et même affective, du Secrétaire général du Pds s’est considérablement érodée. Déjà que l’élection de 2000 avait révélé un pourcentage peu consistant pour le candidat du Sopi qui a dû recourir aux 17% de la bouée de sauvetage de Moustapha Niasse, pour enjamber triomphalement le second tour face au Président sortant, Abdou Diouf. A part 2001, lors du vote référendaire de la Constitution, avec l’euphorie qui accompagnait l’Alternance et ses promesses de lendemains enchantés, la base électorale de Wade est allée décrescendo. Le triomphe modeste à la Présidentielle de 2007, le taux dérisoire de participation aux Législatives de la même année, la bérézina électorale dans les grandes villes en 2009 illustrent à l’envi le processus de désaffection des Sénégalais vis-à-vis de Wade et de son régime. Nous ferons ici l’économie de la situation délétère du pays, sur fond de hausses exponentielles des prix de denrées de première nécessité, de scandales financiers impunis, d’enrichissements arrogants, d’incompétences notoires dans la fourniture de l’électricité et des effets corrosifs d’une dévolution dynastique avortée, le 23 juin 2011.

Or, après la vague de départs des leaders de parti (Moustapha Niasse, Amath Dansokho, Abdou­laye Bathily, Madior Diouf, etc.) l’ayant soutenu en 2000, le camp de Wade a enregistré des désertions en son sein : Idrissa Seck, Macky Sall, Aminata Tall, Cheikh Tidiane Gadio, Lamine Bâ. Sans compter ses vieux compagnons des années de braise dans l’opposition. Il est indéniable que chacun des anciens collaborateurs directs de Wade dispose d’une base politique. Ceux-là vont constituer de potentiels participants au naufrage électoral de leur ancien «maître». Wade feint de l’ignorer, mais au fond, il sait le danger qu’ils représenteront face à lui en 2012.

Opérations de charme qui ne charment plus
Autre chose que le Président ne saurait ignorer, c’est l’érosion de son capital d’alliances au sein des espaces confrériques et maraboutiques. Entre 2000 et aujourd’hui, le champ religieux s’est considérablement modifié avec l’émergence de pôles de résistance aux ndigël et autres allégeances. Il ne peut plus vraiment compter sur une consigne de vote des khalifes généraux des différentes confréries, aujourd’hui craintifs, à juste raison, face aux rebellions de leurs disciples frappés de plein fouet par une immense désespérance sociale. La récente descente du Président à Touba, suivie de celle, politiquement ravageuse, de ses alliés de la Cap21 et bien avant cela, l’éclosion de mouvements contestataires dans la cité religieuse du mouridisme ont aliéné toute posture d’une terre conquise par le Sopi. Pour couronner le tout, l’opposition regroupée au sein de Bennoo Siggil Senegaal, les mouvements citoyens et de la société civile ont conquis de larges pans de l’espace national, comme l’ont montré et démontré les manifestations du 23 mars, du 23 juin et du 27 juillet. Même l’opération de charme envers les imams, les chefs de village et les lutteurs, à coups de millions, aura été une mayonnaise électoralement ratée. A chaque fois que Wade a reçu une de ces entités sociales, des réprobations se sont élevées, portées par des segments des mêmes milieux. D’autres séismes politiques se manifesteront au fur et à mesure que l’on s’approche de l’échéance présidentielle.

Mêmes les partenaires étrangers du Sénégal ont lancé plusieurs signaux pour montrer l’irrationalité de la candidature de Wade au vu de son âge. La France, les Etats-Unis, l’Union européenne ne sont pas tombés sous le charme de son anti-iranisme et de son anti-kadhafisme subits. Encore moins sa récente thèse du droit d’ingérence.

Face à tant de corsets électoraux aussi béants, Wade ne peut pas, à moins qu’il le feigne, avoir l’assurance «suicidaire» de maintenir sa candidature. Lui qui avait confié à un de ses proches conseillers que déclarer sa non-candidature maintenant équivaudrait à faire exploser son parti et à se mettre à dos son entourage. Ce qui, somme toute, ne manque pas de lucidité.

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