Les poubelles de l’histoire Par Abdou Latif COULIBALY

Nous avons vu un Thierno Ousmane Sy en verve devant le journaliste Oumar Gningue parlant de Mckinsey qui les a aidés « à rendre belle la mariée ». Le langage séducteur et imagé de Monsieur Sy cache mal la pauvreté de l’argumentaire. Il révèle surtout un complexe qui caractérise le comportement de certaines personnes devant ceux qu’ils considèrent comme ayant connus une très grande réussite intellectuelle ou professionnelle. Subjuguées, ces personnes en arrivent souvent à perdre leur sang froid et leur quiétude. En réalité, la plupart de ces personnes ayant un tel comportement, ont souvent enregistré dans leur vie des échecs, surtout des échecs scolaires et professionnels qui les ont à jamais traumatisés. Thierno Ousmane Sy s’est gardé de dire combien l’Etat du Sénégal a payé à Mckinsey. Il n’aura jamais le courage de dire franchement aux Sénégalais ce que l’intervention de Mckinsey nous a coûté. Il nous plaît de rappeler ici et de faire savoir à Thierno Ousmane Sy et à ses acolytes, qu’un pays comme le Tchad pour vendre sa première et sa deuxième licence a été conseillé, guidé par l’expertise sénégalaise, en l’occurrence celle d’un ingénieur de télécommunication recommandé par la Banque mondiale. C’est une honte de dire que nous avons été conseillés par Mckinsey, alors que de nombreux Sénégalais auraient pu faire le même travail de façon encore plus performante sans demander des sommes aussi astronomiques comme celles payées à Mckinsey.

Depuis dix ans, de nombreux responsables qui parlent au nom des Sénégalais et agissent en son nom se signalent par leur manie à snober l’expertise nationale. Ils se montrent obséquieux devant tout ce qui a une consonance étrangère, en particulier anglo-saxonne. Cette attitude ne relève pas simplement du domaine de la psychologie, elle traduit la roublardise et la cupidité de ceux qui en sont les auteurs. La pratique tente de cacher des magouilles savamment entretenues avec des étrangers, pour faire main basse sur les maigres ressources du pays. Thierno O. Sy avait déjà fait appel à l’expertise du cabinet étranger Rothschild pour tenter de faire vendre les actions de la Sonatel. Le Sénégal vit ce drame du complexe des autres. Il ne se débarrassera de ce mal qu’avec le départ de ce régime ubuesque et corrompu dont les plus hauts responsables ne ratent jamais une seule occasion pour s’offrir comme de vulgaires marchandises. Aucune menace de plainte, aucune décision de justice, même défavorable à notre cause ne nous fera peur pour nous détourner du chemin de la vérité. Ce pays a besoin de personnes qui y croient et acceptent d’engager le combat contre ces délinquants à cols blancs qui ont pris en otage notre pays et sont décidés à l’offrir aux enchères sur les marchés financiers internationaux.

Dans toutes les opérations d’investissements engagés dans notre pays, dans tout projet envisagé pour prendre en charge un secteur donné de la vie économique nationale, les promoteurs qui en sont porteurs rencontrent sur leur chemin des bandits qui agissent en les rackettant sans vergogne. Ce n’est pas trop dire que de s’exprimer ainsi. Notre pays a décidé, depuis une dizaine d’années, de privilégier les spéculateurs, de dérouler le tapis rouge pour les magouilleurs de tout acabit, pourvu qu’ils se présentent aux portes des bureaux dorés des palais et des ministères, en alignant des chiffres sonnant en milliards. La colère exprimée devant l’ambassadrice des Etats-Unis pour, dit-on, rappeler que le Sénégal est un pays digne apparaît comme une horrible farce qui n’amuse personne. Et pour cause ! Elle est l’expression même d’une véritable supercherie qui n’en traduit pas moins une gêne et une honte que nous éprouvons tous quelque part, car ce que l’ambassadrice des Etats Unis a dit de notre pays est une réalité sur laquelle tout le monde peut poser les yeux. Arrêtons de jouer à la comédie, alors que notre pays, en matière de bonne gouvernance, est placé au bord du précipice. Il n’a point besoin d’être poussé par qui que ce soit pour tomber au fond de l’abîme.

Partout suinte la magouille et la corruption. Partout s’élaborent et s’échafaudent dans les couloirs du régime des coups pour organiser, du mieux que l’on peut, la collecte et la redistribution de prébendes. Aujourd’hui, ce sont les Soudanais qui sont rackettés, hier c’étaient les Arabes avec l’organisation du sommet de l’Oci, demain ce seront les conducteurs d’autres chantiers qui seront encore mis en route par les responsables de l’alternance, dans le but premier de trouver des niches d’argent qui leur permettront de s’enrichir d’abord, avant de penser à l’intérêt général. Cette terrible réalité est là. Toujours plus dramatique que jamais. Personne ne pourra la cacher. Les dénégations ou indignations de ceux qui en sont les principaux acteurs ne pourront jamais détourner l’attention du peuple. Et patiemment, il attend, pour envoyer ceux qui en sont responsables dans les poubelles de l’Histoire.

Abdou Latif COULIBALY
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