Les notes diplomatiques américaines confidentielles détenues par Wikileaks ont commencé à être publiées dimanche soir
Les journaux partenaires du site spécialisé dans la révélation de documents confidentiels, et notamment Le Monde et Le New York Times, ont commencé peu après 19h à publier les notes diplomatiques dont la divulgation embarrasse Washington.
Sur son fil Twitter, Wikileaks avait indiqué plus tôt faire l’objet d’une attaque informatique « massive ».
Wikileaks a promis de mettre en ligne des milliers de câbles diplomatiques américains sensibles. Ces révélations concerneraient « un vaste éventail de dossiers et de pays » et pourraient provoquer des tensions entre les Etats-Unis et leurs partenaires.
Vers 17h30 dimanche, le site a fait état sur son fil Twitter d’une attaque informatique « massive » sous la forme « d’un déni de service ». Wikileaks a indiqué que cela n’empêchera pas la publication de documents sensibles via les journaux partenaires, dont Le Monde.
250.000 documents confidentiels révélés
Wikileaks, qui avait déjà divulgué en octobre 400.000 documents sur la guerre en Afghanistan et les exactions commises en Irak, a fait savoir dimanche par la voix de son fondateur Julian Assange que 250.000 notes confidentielles allaient être mises cette fois sur la place publique.
Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, a déjà autorisé le New York Times, le Guardian britannique, l’hebdomadaire allemand Der Spiegel et les quotidiens français et espagnol le Monde et El Pais à consulter les notes et à les publier ainsi que leurs analyses dès dimanche soir.
Les premières révélations dans Der Spiegel
Selon le site OWNI, qui tient heure par heure la chronique des révélations, l’hebdomadaire allemand Der Spiegel indique que la majorité des notes datent d’après 2004 (dont sous présidence Bush) et ont été établies « par les diplomates, les ambassadeurs, consuls ou leurs employés ».
Sous le titre « Dévoilé: comment l’Amérique voit le monde » le Spiegel écrit que ces notes confidentielles montrent que « les Etats-Unis voient le monde comme une confrontation entre deux superspuissances », où l’Union européenne ne joue qu’un « rôle secondaire ».
Dans une carte interactive du monde et des pays concernés par ces notes, le Spiegel note que la France est concernée par 3775 de ces notes diplomatiques.
Inquiet, Washington a prévenu ses partenaires
Washington, qui s’attend « au pire scénario » selon le porte-parole du Département d’Etat Philip Crowley, a préparé activement toute la semaine ses partenaires à la publication de ces notes.
Les Etats-Unis supposent en effet qu’elles contiennent des propos suffisamment graves pour poser des problèmes sérieux aux gouvernements et aux responsables politiques concernés, mais aussi à la diplomatie américaine.
Anticipant les frictions diplomatiques, les Etats-Unis ont prévenu ces derniers jours plus d’une dizaine de pays, dont leurs alliés stratégiques que sont l’Australie, la Grande-Bretagne, le Canada, Israël et la Turquie. Mais ils ont également alerté la Russie, la Chine, l’Inde, l’Afghanistan, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Norvège, le Danemark, la Pologne, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis.
En Australie (pays d’où est originaire Julian Assange, fondateur de Wikileaks) la diplomatie a estimé que la « divulgation imprudente, à large échelle, de documents secrets par WikiLeaks pourrait mettre en danger des personnes identifiées nommément dans ces documents et nuire aux intérêts sécuritaires des Etats-Unis et de ses partenaires ».
A Moscou, le quotidien Kommersant a affirmé que les fuites comportaient des appréciations « désagréables » qui pourraient blesser Moscou. Ces révélations « peuvent provoquer une brouille entre les Etats-Unis et la Russie », tout comme avec la moitié des pays de la planète, écrit-il.
Sur une radio canadienne (98,5 FM), Normand Lester, spécialiste de la diplomatie américaine, a prédit « la plus grande catastrophe diplomatique de l’histoire des relations internationales ».
france2.fr