Les deux artistes étaient placés en détention provisoire, depuis leur bagarre à l’aéroport d’Orly, le 1er août.
Booba et Kaaris vont sortir de prison. Les deux rappeurs, qui avaient été placés en détention provisoire, en attendant leur procès en septembre, pour leur bagarre dans un terminal de l’aéroport d’Orly le 1er août, doivent être remis en liberté jeudi après la décision de la cour d’appel de Paris.
Les deux frères ennemis du rap français doivent être placés sous contrôle judiciaire, a décidé la cour d’appel de Paris. Booba et Kaaris, qui ne peuvent pas quitter le territoire français, doivent remettre chacun une caution de 30 000 euros et ont interdiction d’entrer en contact l’un avec l’autre.
Une décision saluée par les avocats
Booba est « soulagé » par cette décision, a déclaré son avocat Yann le Bras, devant la prison de Fleury-Mérogis où est incarcéré le rappeur – Kaaris se trouve à la prison de Fresnes. Le poids lourd du rap français va « souffler (…) et voir quel est l’agenda possible de reprise de son activité professionnelle, tant pour les concerts que pour la direction d’Unkut », sa marque de vêtements, a ajouté l’avocat après s’être entretenu avec son client au parloir.
La décision de les remettre en liberté, contraire aux réquisitions de l’avocat général qui avait demandé le maintien en détention de tous les prévenus, avait été saluée par les avocats des deux rappeurs dès la sortie de l’audience.
« C’est une décision qui aurait dû être prise dès le 3 août », date du placement en détention provisoire des prévenus par le tribunal de Créteil, avait d’abord réagi Me Yann Le Bras, l’avocat de Booba, se disant satisfait que la cour d’appel ait « compris la réalité de ce dossier ». « C’est une affaire de violences croisées, qui n’a blessé personne d’autre que les protagonistes. Elle redevient ce qu’elle est », avait-t-il ajouté à la sortie de l’audience.
L’avocat de Kaaris, Me Yassine Yakouti, avait lui salué « l’application du droit ». « Aujourd’hui ce qui est important c’est que Kaaris et ses amis puissent rejoindre leur famille, et préparer sereinement le procès ».
Jusqu’à dix ans de prison
La cour a également ordonné la remise en liberté et le placement sous contrôle judiciaire des huit proches des rappeurs qui avaient participé à la bagarre collective à Orly et qui avaient également fait appel de leur détention provisoire. Les mesures du contrôle judiciaire sont les mêmes pour tous les prévenus, sauf la caution qui concerne uniquement les deux rappeurs. Tous doivent remettre leurs passeports.
Les deux artistes rivaux avaient contesté lundi leur détention provisoire devant la cour d’appel de Paris, après un premier refus du tribunal de Créteil. Les deux rappeurs de 41 et 38 ans avaient tous deux réitéré leurs regrets, et promis d’être « irréprochable ». « Il faut redonner à ce dossier sa juste proportion », et « oublier les personnalités » des deux prévenus, avait soutenu Me Yassine Yakouti, l’avocat de Kaaris.
Par ailleurs, le lendemain de cette audience, Booba s’était fait remarquer après la publication d’un message sur Twitter. « Quand je serai grand, je voudrais être Benalla ou moine pédophile », avait déclaré ironiquement le rappeur pour dénoncer la différence de traitement avec d’autres affaires.
Jugés devant le tribunal de Créteil le 6 septembre prochain pour violences aggravées et vols en réunion avec destruction dans un lieu d’accès aux transports collectifs, Booba et Kaaris risquent une peine pouvant aller jusqu’à dix ans de prison.
Une rivalité exacerbée
Le 1er août dernier, les deux rappeurs et leur garde rapprochée s’étaient battus, sous le regard médusé d’autres passagers, dans un terminal de l’aéroport d’Orly. Ce qui avait provoqué des retards sur plusieurs vols et entraîné plusieurs plaintes, dont celles d’Air France et d’Aéroports de Paris.
En garde à vue, les deux hommes n’ont cessé de se rejeter la responsabilité de la rixe. « Il me fixait, un peu provocateur », a dit Booba aux enquêteurs. Lui voulait « contourner » son rival, mais a reçu des projectiles, « et ensuite c’était parti ». De son côté, Kaaris a assuré avoir été insulté – « lève-toi salope » – par l’un des proches de Booba, avant que la bagarre n’éclate.
Cette dernière version est confortée par les images de vidéosurveillance, selon les enquêteurs: on y voit Booba arriver depuis la zone de contrôle « d’un pas décidé », lâcher son sac au sol et « continuer d’avancer » avec un de ses proches vers Kaaris, qui finit par reculer « pour conserver une distance », notent-ils.
Les deux artistes nourrissent depuis des années une rivalité exacerbée. Ancien mentor de Kaaris – il a lancé sa carrière en l’invitant sur le morceau Kalach -, Booba lui reproche notamment des propos tenus sur l’antenne de Skyrock en 2014. De son côté, Kaaris assure que tout a commencé le jour où il a refusé d’insulter deux autres rivaux de Booba. Depuis, les deux rappeurs s’écharpaient via les réseaux sociaux et des vidéos, jusqu’à cette bagarre un après-midi à l’aéroport d’Orly.
L’Express