A 26 ans, Demba Ba explose en Premier League après un début de carrière peu commun. Le Sénégalais, auteur de deux triplés en quelques semaines, a su forcer son destin et se présente désormais comme l’arme offensive numéro 1 de Newcastle, troisième, avant de recevoir Everton (13h45).
« S’ils veulent huer, qu’ils huent leurs dirigeants. » Effectivement, le staff de Stoke City doit l’avoir mauvaise. Alors qu’il devait recruter Demba Ba en janvier, ils l’ont laissé filer à cause de son corps fragile et de son poids fluctuant. Le Sénégalais leur a planté un triplé lundi (1-3), le Britannia Stadium a conspué le diamant que les Potters ont laissé filer. Ba encore : « Ils ont fait une erreur. Le meilleur moyen de les faire taire était de marquer. » Voilà qui pourrait parfaitement résumer la trajectoire de celui qui partage les cimes du classement des buteurs de Premier League avec les van Persie, Rooney, Dzeko et autres Agüero.
Stoke City n’est pas le premier à avoir refoulé Demba Ba, huit buts depuis le début de saison. Sa carrière est jalonnée de fins de non-recevoir et de rendez-vous manqués. En 2006, l’Olympique Lyonnais est le premier club à ne pas lui avoir fait confiance en raison de son âge trop avancé (19 ans). Bis repetita avec Auxerre. Le jeune homme n’est pas issu d’un centre de formation et cela effraie les clubs de l’Hexagone, pas franchement prêts à faire un tel pari. C’est à Rouen en 2005-06, en CFA, qu’il se commence à faire parler de lui (22 buts en une saison). Mouscron l’accueille. Un tremplin vers l’Allemagne et Hoffenheim où il séduit l’Europe entière (26 buts lors de ses deux premières saisons).
Seuls Rooney et van Persie font mieux que lui en 2011
En janvier, l’attaquant longiligne découvre la Premier League avec West Ham. C’est une révélation. Il trouve un terrain de jeu plus adapté à ses qualités avec des schémas tactiques moins rigides qu’en Bundesliga. En 20 matches, il inscrit 15 buts. Seuls Rooney (19) et l’inévitable Robin van Persie (28) ont fait mieux en 2011. Son transfert chez les Magpies a pourtant soulevé cet été une vague de scepticisme chez les supporters. Eux souhaitaient l’arrivée d’un grand nom pour suppléer le départ de Carroll vers Liverpool. Cet été, Best et Ameobi lui sont préférés dans l’équipe de départ alors que les dirigeants cherchent à se renforcer avec Modibo Maïga.
Avec huit buts lors des cinq dernières journées, il a gagné une place de titulaire indiscutable à la pointe du onze des Magpies. A 26 ans, sa carrière prend une nouvelle épaisseur et si Newcastle est sur le podium de Premier League, Ba n’y est pas étranger. Alan Pardew, son coach, est sous le charme après le récital de son attaquant à Stoke : « Ne pensez pas que c’est un triplé isolé. Sa capacité à se déplacer sur tout le front de l’attaque, sa technique en mouvement et sa finition vont l’amener à marquer beaucoup de buts. »
Le numéro 9 comme récompense ?
Pardew a vu juste. Le principal atout de Ba : son taux d’efficacité. Le Sénégalais inscrit un but toutes les trois frappes et quatre buts de la tête sur six tentatives cadrées. Avec 8 réalisations et une passe, il est à l’origine de 60% des réalisations de Newcastle. Réputé pour ses écarts de conduite, Ba ne fait plus parler de lui. « Il a fait un super boulot à West Ham et depuis qu’il joue avec nous, il est impressionnant. Il n’a pas raté un jour d’entrainement. » Son duo avec Leon Best est l’un des plus complémentaires du Royaume. Ba connait la part de Best dans sa réussite actuelle : « Il est fort, il peut garder la balle et je peux tourner autour de lui. C’est un régal de jouer à ses côtés. »
Bon nombre d’habitués de St James Park souhaitent que Ba récupère désormais le maillot floqué du numéro 9. Une tunique qui occupe une place à part chez les Magpies. Mais Ba semble prêt à s’inscrire dans la lignée de ses prestigieux prédécesseurs (Alan Shearer, Jackie Milburn, Michael Owen, Les Ferdinand, Andy Cole, Craig Bellamy, Andrew Carroll pour ne citer qu’eux) : « Je connais l’histoire de ce club et les glorieux noms du passé. Ça ne me décourage pas. » Après sept années à forcer les portes, Ba semble enfin emprunter le tapis rouge.
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