La grenade dégoupillée par le commissaire Keïta n’est pas défensive. Elle est particulièrement offensive et…pivotante. Par voie de conséquence, elle va déchiqueter le voltigeur Keïta lui-même, pulvériser les cibles choisies et non choisies (toute une cohorte de commissaires) et ravager une institution névralgique de l‘Etat (la Police) logée dans le très stratégique ministère de l’Intérieur.
Quels que soient les ressorts et les motivations du rapport très explosif pondu par l’ex-patron de l’Ocrtis (carrière non couronnée de succès, foultitude de frustrations, soif de règlements de comptes, machination politiquement téléguidée etc.), bonjour le parfait dynamitage de pans entiers de l’image précieuse et irremplaçable du Sénégal.
Concrètement, Dakar sera – si un vigoureux coup d’arrêt et une averse de sanctions n’interviennent pas – logée à la même enseigne que Bissau, la Babylone ouest-africaine de la drogue, régentée par l’Amiral Americo Gomez alias Bubo Na Tchutcho (embastillé aux USA) et le Général Antonio Njaie terré en permanence au siège de l’Etat-major des armées guinéennes.
Une collusion mafieuse et corruptrice entre policiers gradés et trafiquants invétérés de drogue, même limitée et circonscrite, est malvenue dans un pays qui – suprême privilège – a été choisi, parmi et au détriment d’autres Etats de la sous-région, pour abriter le siège du Bureau régional de l‘Office des Nations-Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC).
A l’échelon subalterne et opérationnel, le moral de la troupe sera professionnellement au talon. En effet, l’agent de police imbu d’éthique aura sûrement des états d’âme, en mettant aux arrêts la veuve de Pikine qui écoule illégalement trois cornets de chanvre indien pour survivre; et en épargnant le grand dealer des villas cossues des Almadies, totalement en collusion avec sa hiérarchie.
Bref, le spectre de la déflagration est si potentiellement large, que la crédibilité et la fiabilité de notre Etat sont d’ores et déjà mises en équation. Voire sur le point de tomber en ruines. Une perspective qui ne manquera pas de muer la bonne gouvernance en gestation dans les discours, en une gouvernance mafieuse en éclosion avancée.
L’urgence et l’impératif conjugués commandent donc d’appliquer un remède très énergique contre cette plaie purulente qui enlaidit et déstructure la Police. Un remède de cheval et non un traitement de surface aux vertus purement cosmétiques : on ne guérit pas le cancer avec une tasse de tisane.
Ce qui exige d’aller au-delà de l’enquête interne, classique et préalable de la Direction de l’Inspection des Services (DIS) en embrayant vigoureusement sur l’information judiciaire ouverte par le Procureur. Et pourquoi pas, en faisant vider l’abcès par une commission d’enquête parlementaire. Car, la réputation du pays (notre image est notre pétrole) est grandement en jeu.
Dans cette optique, le salut de l’institution policière passe par la prise de mesures conservatoires comme la démission – acte volontaire, honorable et valorisant – du Directeur Général de la Police ou une mesure suspensive (avec droit au salaire et possibilité de retour du commissaire Abdoulaye Niang dans ses fonctions), après la manifestation de la vérité.
C’est d’autant plus sain et judicieux que le successeur de Codé Mbengue, demeure visiblement atteint et touché comme une frégate qui a reçu un missile air-mer sur le pont. Lors du départ pour Bamako, du contingent de policiers sénégalais mis à la disposition de CIVPOL MINUSMA, le très solide Abdoulaye Niang trébuchait sur les mots de son discours. Pathétique preuve que sa dignité d’homme et son honneur de chef sont réellement blessés.
C’est dire combien l’effacement provisoire ou prolongé de l’actuel Directeur Général de la Sureté nationale (DGSN) aura le mérite de faciliter le travail de l‘équipe des enquêteurs de la DIS conduite par le commissaire Boye. Car il n’est pas psychologiquement commode pour les collaborateurs du DGSN d’interroger ce dernier. Même si les policiers-enquêteurs ne sont pas quotidiennement sous les ordres d’Abdoulaye Niang, il est clair que tous ceux qui portent l’uniforme et l’insigne de la Police, dépendent peu ou prou de la Sureté nationale.
Moralité : quand la flicaille – si douée et rouée contre les voyous – flingue la flicaille, les tirs sont si obliques et odieux que la guerre fratricide se transforme en une foire aux coups fourrés. Dans le tohu-bohu et le craquement, c’est Jean Collin qui se retourne dans sa tombe. Lui, le père de la modernisation de l’institution, qui croyait que l’arrivée des vagues d’universitaires dans la Police, allait engendrer la crème et évacuer la lie.
JUSTIN nDIAYE
quoiqu’il en soit je pense que le commissaire keita n’avait pas à faire tout ce ceci s’il n’était pas sur de lui et de ses propos
Toute personne un tant soit peu dotée d’un minimum d’intelligence comprendrait aisément, en lisant les deux rapports adressés à sa hiérarchie, que le Commissaire Keïta ne doit rien avoir à se reprocher, au contraire!
Ce qui me gêne c’est le préjugé très défavorable que monsieur le Président Macky Sall a envers Keïta qu’il assimile à un promoteur de « Takhouran » à Fatick à un moment donné de ses pérégrinations professionnelles.