L’accaparement des milliers d’hectares de terres les plus fertiles et les plus proches des eaux du lac de guiers, accompagné d’un bouleversement du vécu des populations autochtones, ne suffit pas pour cette entreprise d’agro-business étrangers, installée dans la commune de Mbane, dénommée SEN INDIA.
Elle récupère en grande quantité (par des véhicules) les déjections animales auprès des exploitations familiales d’élevage, pour fertiliser ses exploitations agricoles ; ce qui est un danger écologique.
Les déjections animales : « l’Or des éleveurs »
Cette société privée a très tôt compris, que les déjections animales sont des nutriments essentiels à la vitalité et à la productivité durable de la terre. Elles vont permettre à cette entreprise agricole de fertiliser, à moindre coût ses terres et de développer une productivité durable, sans utilisation excessive d’engrais chimiques, dont le kilogramme coûte dix fois plus cher qu’un kilogramme de fumier.
Cette activité est une réelle menace écologique, qui pourrait aboutir à une perte énorme du tapis herbacé auquel les éleveurs dépendent en grande partie, chaque année pour nourrir leurs animaux. En effet, les déjections animales, constituent la plus grande quantité de matière organique des terres du Jeeri, et dans toute la zone du Ferlo. Il est évident qu’une saison très pluvieuse ne suffit pas seulement pour le développement de l’herbe ; la pluie doit tomber sur des sols riches en matières organiques pour permettre à l’herbe de se développer vite et abondamment. Les productions des plantes sont fortement tributaires
de la disponibilité en minéraux essentiels à la croissance des plantes (azote, phosphore, potassium), encore appelés nutriments1
. De ce fait, l’élevage extensif , notamment de par sa mobilité dans le terroir,
est un acteur essentiel dans l’organisation des cycles des nutriments et du carbone et donc de la gestion de la fertilité des sols2
Le véritable mal de cette pratique, réside dans le fait que les éleveurs n’ont pas su comprendre que
l’existence et la productivité durable de leur système d’élevage pastoral, sont interconnectées aux déjections animales. Beaucoup montrent une satisfaction de se débarrasser de ces déjections animales qu’ils considèrent comme des ordures alors que « c’est de l’or dur » pour un agriculteur averti.
Pourtant, la SEN INDIA pourrait s’inspirer et participer au renforcement du système intégré agriculture élevage, dans la zone qui permet aux éleveurs de récupérer les résidus de récolte par l’introduction des troupeaux, dans les parcelles agricoles après chaque récolte et de permettre directement les dépôts des déjections animales. Ce système permettrait aux éleveurs de bénéficier largement des résidus de récolte de leurs terres expropriées, par cette société et de mettre fin à cette menace environnementale qui risque d’être fatale, d’ici quelques années si le rythme de ramassage des déjections animales n’est pas rompu.
Aujourd’hui, les éleveurs sont dépossédés de leurs terres par des agrobusiness étrangers où ils sont devenus des ouvriers mal payés et sans couverture sanitaire, demain serait pire, si le reste des terres d’exploitation d’élevage manquait de matières organiques.
Nous attirons l’attention de tous les acteurs (société civile, politique, recherche scientifique, producteurs,
etc.), à agir pour lutter contre cette dégradation environnementale grandissante, qui menace la productivité durable des terres d’élevage et d’agriculture sous pluies.
Nous invitons particulièrement les éleveurs de la commune de Mbane, à arrêter de dilapider leur « Or ».
En gros, pour une équilibre écologique durable, les éleveurs doivent préférer nourrir leurs terres que des agrobusiness qui sont aujourd’hui devenus les véritables « Jom leydi » (maitre de la terre), dans la vallée du fleuve Sénégal ; ce qui un paradoxe à la promotion de l’auto-emploi par le développement de l’entrepreneuriat rural.
Rédigé par: Sidaty Sow
Géographe spécialisé en développement rural
Natif de la commune de Mbane
Email : [email protected]
Une alerte qui est venue à son heure. Les populations doivent prendrent connaissance de ce danger écologique