XALIMANEWS- Les frontières aériennes rouvrent progressivement à travers le monde, dans le contexte de pandémie de coronavirus, mais graduellement. Ainsi, depuis le 1er juillet, l’Union européenne n’a rouvert ses portes sans restrictions qu’à certains pays. Sur le continent africain, quatre seulement sont sur la liste : Algérie, Tunisie, Maroc, et Rwanda. Au Sénégal, cela fait grincer des dents. Dakar, comme Libreville et Conakry, a décidé d’appliquer le principe de réciprocité. Pour l’ambassadrice de l’Union européenne au Sénégal, Irène Mingasson, « il faut relativiser ». Elle s’en explique dans cet entretien accordé à RFI.
La réouverture encore très restreinte, progressive, de l’espace Schengen, suscite de l’incompréhension, ici au Sénégal et dans d’autres pays du continent. Concrètement, d’abord, qui peut aujourd’hui voyager dans un pays de l’espace Schengen ?
Irène Mingasson : C’est vrai que beaucoup d’interrogations ont été formulées au cours des dernières semaines. Contrairement à ce qui est dit quelquefois, l’espace aérien, entre l’espace Schengen et l’Afrique, le Sénégal en particulier n’est pas fermé. D’ailleurs, depuis le 15 juillet, date à laquelle le Sénégal a ouvert, aussi, ses frontières aériennes, de nombreux vols dans un sens et dans l’autre se sont tenus. Quels voyageurs peuvent aujourd’hui prendre place à bord ? La recommandation du Conseil de l’Union européenne inclut une liste de onze catégories de personnes, dont les voyages sont par définition considérés comme essentiels. Elles incluent (entre autres) les professionnels de la santé, de la recherche, des travailleurs agricoles, les passagers en transit, les étudiants… et aussi les ressortissants de pays tiers, dits à haute qualification, qui ont besoin de se déplacer pour des raisons professionnelles, encore une fois essentielles. Pour tout un chacun, la question, dans un contexte de pandémie, se pose fondamentalement de savoir si mon voyage est essentiel et nécessaire ou pas.
Sur la liste des pays « autorisés », on entend des incompréhensions, des interrogations, sur les critères qui sont pris en compte. Par exemple, on pense à l’Algérie, qui a plus de cas confirmés que le Sénégal. Sur quels critères se base cette liste ?
Ces critères sont des critères assez objectifs, qui visent à évaluer si la situation pandémique -l’évolution dans les pays-, correspond plus ou moins au niveau de cette évolution, au niveau européen. Donc cela prend compte des critères comme le nombre de cas positifs par 100 000 habitants, la tendance générale à la hausse ou à la baisse, mais aussi les mesures prises au niveau des pays, dans le cadre de leur stratégie de riposte. Ce n’est -par exemple en ce qui concerne le Sénégal- absolument pas un commentaire en aucune façon négatif sur la manière dont la situation est gérée par ce pays. L’Union européenne s’exprime depuis le début très fortement, en soutien de la stratégie de riposte des autorités. Donc le fait que le Sénégal ne se trouve pas sur la liste -ainsi d’ailleurs, que 190 autres pays au monde- doit être relativisé, parce qu’encore une fois, l’espace aérien, en réalité, n’est pas fermé.
Le Sénégal, mais aussi d’autres pays -le Gabon, la Guinée-, ont décidé d’appliquer le principe de réciprocité. Donc d’interdire concrètement l’entrée sur leur territoire à certaines catégories de ressortissants de l’Union européenne. Qu’est-ce que vous pensez de cette mesure ?
Je pense que la réciprocité est partie intégrante de ce système de réouverture. Une frontière appartient à deux. Il est tout à fait normal d’envisager cette collaboration sous l’angle de la réciprocité. La réciprocité, surtout, dans la responsabilité par rapport à cet enjeu majeur, de juguler la pandémie et de protéger les voyageurs, me semble tout à fait essentielle.
Vous avez eu de discussions, ici, à Dakar, avec le ministère sénégalais des Affaires étrangères. Est-ce que ces discussions vont se poursuivre ?
Bien sûr que ces discussions se poursuivent, parce qu’il faut que cette question de la levée graduelle des restrictions aux mouvements soit vue comme un processus d’ouverture et un processus positif. Finalement, cette liste c’est un peu une « green list » (une « liste verte ») qui va être mise à jour tous les quinze jours, sur laquelle, graduellement, de plus en plus de pays trouveront leur place, on verra à quel moment…
Avec les mêmes critères ? Ou ces critères vont être révisés ?
Je ne peux pas vous le dire, mais il se peut que ces critères soient révisés, parce que tout simplement, la situation autour de nous évolue. De mieux en mieux, nous nous comprenons et je crois que ce qui est important, c’est que les personnes soient informées très clairement des conditions dans lesquelles leurs voyages -encore une fois, essentiels-, pourront se tenir.
RFI