La Sde, la Sones et l’Onas sont dans une mauvaise passe. Les arriérés de l’administration, estimés à quelque 36 milliards de francs, étouffent ces entreprises, affirment les syndicalistes qui préviennent que si l’Etat ne paie pas ses factures, celles-ci vont faire faillite.
Les entreprises du secteur de l’eau que sont la Sde, l’Onas et la Sones sont au bord de l’asphyxie. Si l’on croit les syndicalistes du secteur de l’hydraulique urbaine, la situation de ces entreprises reste très préoccupante. Et elle est aggravée par l’instabilité institutionnelle de la Sones et de l’Onas, l’absence de perspectives claires, depuis l’annonce par le président de la République de sa volonté de procéder à une concession globale du secteur. Mais, ce sont surtout les difficultés de trésorerie, du fait du non respect de certains engagements de l’Etat, qui risquent de les assécher.
En effet, à en croire le cadre unitaire de la Sde, de la Sones et de l’Onas, le refus de l’Etat de payer les factures d’eau de son administration les mène à la faillite. ‘Le non paiement par l’Etat des consommations d’eau de l’administration a fortement augmenté ses créances vis-à-vis de la Sde, et donc de la Sones et de l’Onas. Ces arriérés cumulés s’élèvent, selon nos estimations, à ce jour à 36 milliards de francs’, renseigne Elimane Diouf, coordonateur du Cadre unitaire des entreprises de l’eau et de l’assainissement, et secrétaire général du Syndicat des travailleurs de la Sde. Ce dernier qui regrette que l’Etat ait inscrit dans son budget en cours que 4 milliards, qui sont déjà consommés, soutient que s’il ne rectifie pas immédiatement cette situation, l’endettement va encore augmenter. ‘Et nous risquons, d’ici quelques mois, d’avoir une situation pire que celle du secteur de l’électricité’, prévient-il, faisant savoir que la facture d’électricité de son entreprise, la Sde, est d’un milliard de francs par mois. Se demandant ce qu’il adviendra si par défaut de paiement de factures d’électricité, la Senelec coupe le courant à la Sde et à l’Onas, Elimane Diouf martèle que cette situation ressemble à une volonté du gouvernement d’étouffer un secteur aussi vital que celui de l’eau et de l’assainissement. Et cela est inacceptable, dit-il. Car, selon lui, cela menace gravement leur outil de travail et l’intérêt des populations.
C’est pourquoi, ces travailleurs demandent l’Etat de payer au plus vite ce qu’il doit à ces entreprises. ‘Le cadre unitaire, prenant à témoin l’opinion nationale et les partenaires du secteur, invite l’Etat à un règlement immédiat de ces arriérés sur les factures de l’administration, afin de ne pas entraîner les entreprises dans la situation de ne pouvoir supporter les charges liées à leur fonctionnement et les investissements urgents tels que les branchements sociaux’, poursuit Elimane Diouf, soulignant que le cadre unitaire, pour faire face à cette situation, a décliné un plan d’action. Et de prévenir que rien ne sera négligé pour préserver l’équilibre du secteur. ‘A cet effet, plusieurs tournées et assemblées générales seront organisées dans les trois entreprises. En seconde phase, le cadre n’exclut pas le dépôt d’un préavis de grève et de mener toutes les actions nécessaires pour sauver nos entreprises’, fulmine-t-il. ’Les syndicats ont les moyens de riposter. Si l’Etat ne mesure pas la gravité de la situation, il sera responsable de ce qui en découlera’, prévient, pour sa part, Mouhamadou Bachir Fall de l’Onas.
De son côté Amadou Siley Guissé de la Sones indique que si l’Etat s’entête dans son refus d’honorer ses obligations, on peut arriver à une situation dangereuse au détriment des populations. Et à l’en croire, les bailleurs de fonds sont déjà réticents à financer les projets sociaux liés à ces entreprises, comme cela a été le cas avec les branchements sociaux.
Charles Gaïky DIENE
WALF.SN