A quelle célébration de l’Excellence et de la Reconnaissance nous attendre ?
A
entendre parler de « Célébration de l’excellence et de la reconnaissance », un constat s’impose : tous ces termes sont bien beaux. Mais il est aussitôt suivi d’un questionnement légitime, né des dures leçons du passé : qu’en sera-t-il exactement ce 21 Avril 2016? Encore des bouts de bois et des parchemins symboliques? L’UGB se targue d’être une université d’excellence. N’est-il pas temps qu’elle le montre en donnant à ses excellents étudiants dans des domaines multiples et variés la place qui est la leur ? Ceux-là qui ont parsemé ses 25 ans de vie de lauriers académiques, sportifs et culturels ?
B
ien sûr, l’excellence est le résultat d’un projet pédagogique bien mûri, sagement géré, une attitude permanente de récompense aux méritants et d’encouragement rigoureux aux aspirants aux cimes. A la suite d’un championnat d’athlétisme, de basketball, d’un tournoi de lutte etc., la reconnaissance des champions et donc la cérémonie qui les voit récompensés de leur dur labeur donnent envie à toute personne étrangère à ces disciplines de les pratiquer et à tout individu qui les pratique déjà de se surpasser pour y figurer parmi les meilleurs. Les grandes écoles, conscientes de la force attractive de la reconnaissance officielle de leurs perles brillantes savaient récompenser leurs meilleurs élèves, étudiants ou chercheurs.
C
ependant, nous assistons aujourd’hui à la déchéance totale de bon nombre de nos établissements académiques et l’UGB s’apprête à finir de valider son ticket d’entrée dans ce triste et regrettable état de fait. Dans ce pays où l’instruction et l’éducation ont fini d’occuper la dernière place en terme de résultats attendus alors que 40% du budget national leur sont allouées, nous entendons toujours parler de grèves de professeurs, d’étudiants, puis encore de professeurs avec des milliards sans cesse injectés pour éteindre le feu allumé par les nombreuses tares d’un système défaillant à tous les niveaux.
Comment alors comprendre et accepter, sous peine de complicité, que 25 ans d’excellence d’une université doivent se fêter non avec les 25 promotions d’excellence de cet établissement mais seulement avec les dernières promotions d’étudiants présents sous prétexte que la mobilisation des excellents qui ont quitté l’UGB va coûter cher ?
D
ans un Sénégal où la médiocrité et la hauteur des voix vides semblent prendre le dessus sur les valeurs qui ont constitué jadis son fondement, l’UGB a la possibilité de redorer de manière réelle et non virtuelle les blasons du travail acharné, de la polyvalence pragmatique et du mérite! Il est évident que chaque étudiant compte sur le travail qu’il décrochera à la suite de ses études pour vivre dignement du fruit de son labeur et non d’un quelconque prix décerné. Cela ne doit pas être une raison, ni même un prétexte pour nos autorités de se hâter de marquer du sceau d’une « reconnaissance symbolique » plus que léger, une étape ô combien importante de la vie d’un apprenant, d’un Champion, d’un Major tant et si bien qu’une récompense conséquente et substantielle est si légitimement attendue par ces derniers.
E
ffet symbolique, oui! Mais le symbolique a un poids, une valeur morale, matérielle et financière que le Prytanée Militaire de Saint-Louis (PMS) reconnaît encore à ses brillants Enfants de Troupe. Ceux qui ont déjà assisté à la cérémonie de remise de prix au PMS le savent. Des prix sont décernés et même des prix dits spéciaux, offerts par les chefs d’Etat-major, par des Ministres et autres personnalités du pays. Des bourses d’études, des voyages et du matériel technologique sont remis. Peut-on encore s’étonner de la constance de cette école ?
Le lauréat est appelé, ses réalisations énumérées alors qu’il s’avance, seul, vers l’estrade. Il reçoit son prix hautement symbolique des mains d’une autorité attestée, connue et reconnue qui, de par son parcours, inspire et même force le respect et l’admiration. Ce moment est solennel ; il provoque un sursaut de fierté pour le récipiendaire et sa famille, un regain de volonté de mieux faire, rappelle aux autorités présentes ce même moment vécu alors qu’elles avaient le même âge. Mais bien au-delà et c’est bien là le plus important, il pousse les plus jeunes au travail.
Une célébration de l’excellence et de la reconnaissance se doit d’être ce moment solennel qui voit tous les acteurs de l’éducation goûter, chacun en ce qui le concerne, aux délicieux fruits du travail bien fait.
F
inalement, Mesdames et Messieurs, chères autorités de l’UGB, il semble que nous ayons oublié certaines exigences fortes de l’excellence : l’excellence se construit, l’excellence s’entretient, l’excellence se maintient! Il vous appartient autant qu’aux générations présentes d’étudiants de la polir au quotidien car telle est bien notre raison d’être !
G
rande occasion vous est donc donnée au cours de la prochaine célébration des 25 ans d’existence de notre trésor commun – faut-il le rappeler – de donner à l’excellence, notre credo, sa vraie place, de la faire ressurgir. Ceci commence par une excellente organisation de l’évènement en question.
Des étudiants ont marqué l’histoire de cette université, bon nombre d’entre eux alliant majestueusement exploits sportifs et performances académiques. Ne commettez surtout pas l’erreur de les ignorer sous prétexte qu’ils sont de Sanar 3, 9 ou 12 et évitez de favoriser des sports au détriment d’autres pour cette occasion spéciale.
Une part conséquente du budget alloué à l’UGB devrait être réservée à la cérémonie de l’excellence, que ce budget soit suffisant ou pas. J’ose ainsi espérer que les fonds prévus pour cette solennité permettront des dépenses au-delà de l’impression de papiers A4 et de morceaux de bois gravés, charmants au plan artistique mais de portée insignifiante eu égard à l’ampleur que vous avez donnée à cette célébration. Il serait donc judicieux, à mon humble avis, qu’à la fin des festivités, un rapport financier puisse être établi pour éclairer la communauté estudiantine et les nombreux partenaires dont le soutien a été sollicité, sur l’usage fait des fonds récoltés. Nous aurons ainsi une vision claire des priorités de l’UGB en matière de financement de l’excellence pour des cérémonies de si grande envergure.
H
autes autorités de l’UGB, permettez-moi d’affirmer que l’excellence commence par vous. Pourtant vous semblez avoir du mal à la reconnaître même là où elle brille de mille feux. Nous en avons l’exemple parfait avec le CROUS dont la devise continue d’être « le social au service de l’excellence ! »
La tendance actuelle consiste à crier sans les vivre un credo, une devise dans les médias et au cours de discours où ne sont mis en exergue que des semblants de succès devant des ONG et partenaires trop souvent dupes de paroles mielleuses et statistiques dorées et sans que les supposés bénéficiaires ne ressentent les réalités sucrées tant chantées. Oui, notre cher campus social est encore confronté à des problèmes d’eau ! Quelle honte…
Aux délégués des étudiants en poste et à tous les étudiants membres des commissions dédiées à l’organisation de cette fête, souvenez-vous que cette université a bâti sa réputation à travers l’œuvre de générations d’enseignants et de personnels administratifs, techniques et de service et enfin d’étudiants depuis Sanar 1 et non par l’œuvre de votre seule génération.
Il serait très égoïste de votre part de laisser exclure d’excellents camarades au cours des réunions auxquelles vous assisterez sous prétexte que les moyens financiers font défaut. Sinon autant organiser un « micro jubilé des cinq dernières années ».
I
mmense est la désolation source de ces lignes. Encore plus immense est la crainte qu’inspire l’état actuel de notre université assaillie de multiples maux.
Alors de grâce, faites de cet anniversaire ce qu’il doit être et mettez l’excellence au cœur de tout ce brouhaha médiatique. Il est grand temps de rendre à César ce qui appartient à César !
Jean-Baptiste Demba NDIAYE
Ancien étudiant de l’UGB/ Sanar 17
Le reste, vous le savez.
L’équipe de Xalima ne sait manifestement pas faire le tri des messages qu’elle reçoit. Elle publie le mail dont l’auteur accompagne son texte à la place du texte lui-même !
Faut-il désespérer du Sénégalais ? Il ne fait guère plus rien avec sérieux. Que de légèreté au quotidien !