Senghor, candidat de l’Union progressiste sénégalaise (UPS), remporte les élections devant la coalition Démocratie et unité sénégalaise (DUS) composée du PRA-Sénégal, des militants du marabout Cheikh Tidiane Sy, de ceux du Bloc des masses sénégalaises (BMS) de Cheikh Anta Diop et du PAI de Majhemout Diop, deux partis interdits par le pouvoir, selon Ndao.
La présidentielle de 1963 se tient ‘’au terme d’une campagne électorale émaillée de violents incidents, notamment du saccage des permanences de l’UPS comme du PRA-Sénégal, de violentes émeutes sur les allées du Centenaire, le jour du scrutin…’’
1968. Senghor, sous la bannière de l’UPS, remporte aussi l’élection présidentielle couplée, une nouvelle fois, à des législatives, le 25 février
1968. Selon El Hadji Ibrahima Ndao, 99,47% des inscrits ont voté le candidat de l’UPS, ‘’devant une opposition reléguée à la clandestinité’’, le multipartisme étant interdit.
Il y avait un million 271 mille 429 électeurs inscrits et un million 206 mille 862 votants. Selon les résultats publiés par son ministre de l’Intérieur, Amadou Cissé Dia, Senghor, seul candidat à sa propre succession, remporte l’élection présidentielle pour la troisième fois, avec un million 204 mille 593 voix, soit 93%.
Les élections portaient sur les régions de Diourbel (233 mille 591 inscrits), du Sine-Saloum (306 mille 183 inscrits), du Fleuve (132 mille 762 inscrits), de la Casamance (220 mille 904 inscrits) et du Cap-Vert (102 mille 559 inscrits).
‘’La réélection triomphale du chef de l’Etat s’est déroulée dans le calme et l’enthousiasme’’, déclare Dakar-Matin.
1973. Le 30 janvier, Le Soleil – qui succède à Dakar-Matin – donne les résultats de la présidentielle et des législatives du 28 janvier. Pour la présidentielle, le journal fait état d’un million 399 mille 433 inscrits, d’un million 357 mille 359 votants, d’un million 357 mille 56 voix exprimées et de 303 bulletins nuls. Senghor, candidat unique encore, obtient un million 357 mille 56 voix, soit 97,01% des votants.
1978. Le Soleil publie des ‘’chiffres officiels communiqués par le ministère de l’Intérieur’’, à l’issue de l’élection présidentielle du 26 février. Inscrits : un million 556 mille 742. Votants : 978 mille 876. Nuls : trois mille 777. Exprimés : 976 mille 445. Ont obtenu Senghor (PS) : 800 mille 882, soit 82,02%. Wade : 169 mille 672, soit 17,37%. Les élections portaient sur le Cap-Vert, la Casamance, Diourbel, le Fleuve, le Sénégal-Oriental, le Sine-Saloum, Thiès et Louga.
Le candidat Wade conteste les résultats publiés par le ministère de l’Intérieur. En vain. ‘’La Cour suprême du Sénégal a rejeté, lundi 13 mars, la requête en annulation de l’élection présidentielle du 26 février dernier présentée par Me Abdoulaye Wade, secrétaire général du PDS’’, rapporte Le Monde du 15 mars. Et le quotidien français de préciser : ‘’Elle (la Cour suprême) a aussitôt proclamé M. Léopold Sédar Senghor définitivement réélu.’’
‘’Pour que la requête de Me soit recevable, il [faut] que celui-ci apporte la preuve qu’une majorité d’électeurs n’avaient voté ainsi que contre leur volonté’’, explique l’envoyé spécial du Monde. Il convient de rappeler qu’à cette époque-là, il était mentionné dans la Constitution sénégalaise l’exigence de secret du vote. Mais, dans le Code électoral, le passage de l’électeur dans l’isoloir était facultatif.
Le Soleil du 17 janvier 1973 lève un coin du voile sur les relations entre le temporel et le spirituel. En pleine campagne électorale, le journal signe un article titré : ‘’Les Mourides : de bons électeurs’’. ‘’Les Mourides, faut-il le souligner, sont de grands militants de l’Union progressiste sénégalaise, de bons citoyens qui remplissent comme il se doit leur devoir électoral’’, lit-on dans cette édition du journal gouvernemental.
1983. Election présidentielle aux enjeux importants pour le candidat sortant Abdou Diouf, surtout. Diouf s’est vu remettre les rênes du pouvoir le 31 décembre 1980 par son mentor Léopold Sédar Senghor. Il engage la bataille de ‘’la consolidation de [son] pouvoir’’ à la veille de la présidentielle de 1983, selon Ndao.
Le 27 février, Diouf remporte l’élection présidentielle – couplée aux législatives – avec 83,55% voix, devant Abdoulaye Wade du PDS (14,78%) et Mamadou Dia du Mouvement démocratique et populaire (1,39%), l’ancien président du Conseil (chef du gouvernement) emprisonné de 1962 à 1974 pour tentative de coup d’Etat.
Le médecin Oumar Wone du Parti populaire sénégalais (PPS) obtient 0,19% des voix et se classe devant Majhemout Diop, 0,16%. ‘’La victoire de la honte’’, dénonce un éditorialiste du journal indépendant sénégalais Takusaan, dans sa livraison du 8 mars, après la publication des résultats définitifs le 3 mars par la Cour suprême. A la Médina (Dakar) par exemple, ‘’des gens non inscrits sur les listes électorales votaient avec les cartes d’autrui, dont certains sont décédés…’’, soutient Takusaan. 1988.
Les élections du 28 février de cette année-là ont été très mouvementées. L’un des quatre candidats, Abdoulaye Wade, et certains de ses partisans dont Boubacar Sall et Ousmane Ngom, Amath Dansokho du PIT, sont arrêtés fin-février/début-mars, à la suite de troubles consécutifs aux élections générales (présidentielle et législatives).
La tension est telle que début-mars, le gouvernement décrète l’état d’urgence dans la région de Dakar. Quelque 80 bus de la société publique de transport SOTRAC sont endommagés, des voitures brûlées, des magasins saccagés, etc., selon une édition du Soleil de début-mars.
Les résultats publiés déclarent Abdou Diouf du PS gagnant avec 73,20% des suffrages valablement exprimés, devant Abdoulaye Wade du PDS avec 25,80%, l’avocat Babacar Niang du PLP avec 0,75%, l’économiste-statisticien Landing Savané d’AJ/PADS avec 0,25%.
A la suite des violences qui émaillent cette élection, la Cour de sûreté de l’Etat condamne Boubacar Sall, le 11 mai, à deux ans ferme, lui reprochant d’être ‘’l’instigateur et l’organisateur des émeutes survenues à Thiès (ouest) entre le 25 et le 29 février 1988’’. Me Wade est condamné à un an avec sursis. Ousmane Ngom, Abdoulaye Faye et Joseph Ndong sont relaxés. 1993.
L’élection présidentielle organisée séparément avec les législatives de la même année est remportée par Abdou Diouf avec 58,40% des voix. Devant Abdoulaye Wade du PDS (32,03%), Landing Savané d’AJ/PADS (2,91%), Abdoulaye Bathily de la LD/MPT (2,41%), Ibar Der Thiam de la CDP-Garab-gi (1,61%), Madior Diouf du RND (0,97%), Mamadou Lô, premier candidat indépendant à une présidentielle au Sénégal (0,85%) et Babacar Niang du PLP (0,81%). Les électeurs inscrits étaient au nombre de deux millions 549 mille 699. Suffrages exprimés : 312 mille 154. Bulletins nuls : 15 mille 499. Suffrages valablement exprimés : un million 296 mille 655.
La publication de ces résultats par le Conseil constitutionnel, le 15 mars, sera précédée par la démission du magistrat Kéba Mbaye de la présidence de cette juridiction, 13 jours auparavant. Entretemps, la Commission nationale de recensement des votes avait suspendu le décompte des suffrages pour avoir ‘’buté sur un problème déterminant’’, selon la présidente de l’institution, Andresia Vaz, dans Le Soleil des samedi 27 et dimanche 28 février.
‘’Nous nous sommes heurtés à des problèmes d’interprétation de textes surtout, qui ont fait que nous n’avons pas malheureusement pu mener à terme la mission qui nous était confiée’’, affirme Vaz dans Le Soleil. ‘’[…] Cinq jours après le scrutin, elle (la commission de recensement des votes) achoppe toujours sur des problèmes inexpliqués’’, observe l’éditorialiste du même journal.
Après la démission de Kéba Mbaye, Diouf nomme le magistrat Youssou Niaye à la tête du Conseil constitutionnel, qui publie les résultats de l’élection le 15 mars.
Le quotidien national parle de ‘’calme et maturité’’ après la publication de ces résultats, mais la jubilation est douchée par l’assassinat, le 15 mai, du vice-président du Conseil constitutionnel, l’avocat Babacar Sèye.
Cet assassinat inaugure une longue énigme sur le ou les auteurs du crime, quoique des condamnations aient été prononcées. Les présumés coupables, condamnés comme tels, se verront élargis de prison par le président Abdoulaye Wade, deux ans après son accession au pouvoir. 2000.
Le Parti socialiste va à la présidentielle du 27 février très affaibli par deux dissidences de taille, celles de Djibo Leïty Kâ et de Moustapha Niasse. Dans une lettre publiée le 4 juillet 1999 dans la presse, Niasse reproche au PS les ‘’promesses non tenues’’, d’avoir entraîné ‘’l’impossible choix [des Sénégalais] entre la révolte et la résignation’’, etc.
A la présidentielle du 27 février participent Abdoulaye Wade de la Coalition Alternance 2000 (CA 2000), Moustapha Niasse de la Coalition de l’Espoir 2000 (CODE 2000), Mademba Sock du Front pour une alternative populaire (FRAP), Iba Der Thiam de la CDP-Garab-gi, tous soutenus par une coalition.
Les quatre autres candidats, Abdou Diouf, Djibo Leïty Kâ, Cheikh Abdoulaye Dièye et Serigne Ousseynou Fall sont respectivement investis par le Parti socialiste (PS), l’Union pour le renouveau démocratique (URD), le Front pour le socialisme et la démocratie/Benno Jubël (FSD/BJ) et le Parti républicain du Sénégal (PRS). Voici les résultats publiés par le Conseil constitutionnel à l’issue du premier tour :
Electeurs inscrits : deux millions 725 mille 987 ; votants : un million 696 mille 384 ; Bulletins nuls : 23 mille 400
Ont obtenu : Abdou Diouf (PS) : 41,30% (690 mille 917) ; Abdoulaye Wade (CA 2000) : 31,01% (518 mille 740) ; Moustapha Niasse (CODE 2000) : 16,77% (280 mille 538) ; Djibo Leïty Kâ (URD) : 7,08% (118 mille 484) ; Iba Der Thiam (CDP-Garab-gi) : 1,21% (20 mille 164) ; Ousseynou Fall (PRS) : 1,11% (18 mille 604) ; Cheikh Abdoulaye Dièye (FSD/BJ) : 0,97% (16 mille 211) et Mademba Sock (FRAP) : 0,56% (neuf mille 326).
Aucun candidat n’ayant obtenu la majorité absolue au premier tour, le Conseil constitutionnel annonce l’organisation d’un second tour, qui se tient le 19 mars, pour départager Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, arrivés respectivement premier et deuxième.
Dans l’entre-deux-tour, Djibo Leïty Kâ, seul, rejoint le candidat du PS, Abdou Diouf. Tous les autres candidats du premier tour se rangent derrière Abdoulaye Wade, qui se fait élire avec 58,49% (969 mille 332 voix) contre 41,51% (687 mille 969 voix) pour Abdou Diouf, qui a gouverné le Sénégal pendant 20 ans.
‘’L’irrépressible aspiration au changement, après un si long règne du pouvoir socialiste, s’est cristallisée autour d’une opposition incarnée par un Abdoulaye Wade opiniâtre, habile et courageux, son porte-drapeau depuis près d’un quart de ce 20ème siècle finissant, et au parcours rebelle à toute forme de classification’’, commente l’essayiste El Hadji Ibrahima Ndao.
Il y avait deux millions 745 mille 239 inscrits, un million 667 mille 775 votants, 10 mille 474 bulletins nuls et un million 757 mille 301 votes valables.
Une large coalition de l’opposition arrive au pouvoir à l’issue du second tour de la présidentielle de 2000, qui a n’a été l’objet d’aucune contestation. 2007.
L’élection présidentielle de 2007 arrive dans un contexte de forte recomposition politique marquée surtout par le ralliement de responsables du camp défait en 2000 (Djibo Kâ par exemple) vers la coalition victorieuse. Et vice-versa, des militants de la nouvelle mouvance présidentielle arrivée au pouvoir en 2000 (Idrissa Seck, Moustapha Niasse et Abdoulaye Bathily) se retrouvent dans l’opposition. Ils affrontent le président sortant Abdoulaye Wade à la présidentielle de février 2007.
A ce scrutin remporté dès le premier tour par le président sortant Abdoulaye Wae avec 55,90% des voix participaient aussi Moustapha Niasse (5,93%), Abdoulaye Bathily (2,21%), Cheikh Bamba Dièye (0,50%), Idrissa Seck (14,92%), Mamadou Lamine Diallo (0,48%), Robert Sagna (2,58%), Landing Savané (2,07%), Mame Adama Guèye (0,40%), Modou Dia (0,13%), El Hadji Alioune Mbaye (0,26%), Ousmane Tanor Dieng (13,56%), Doudou Ndoye (0,29%), Louis-Jacques Senghor (0,24%) et Talla Sylla (0,53%).
Il y avait trois candidatures indépendantes, celles de Mame Adama Guèye, Modou Dia et El Hadji Alioune Mbaye. Et la caution à verser par les candidats est passée de six millions au scrutin de 2000 à 25 millions en 20007.
La dernière présidentielle, contrairement à celle de 2000, a connu des contestations. Abdoulaye Bathily de la coalition Jubbanti Senegaal et Ousmane Tanor Dieng du PS avaient déposé des requêtes pour ‘’irrégularités multiples’’. Selon Jacques Baudin, l’avocat d’Ousmane Tanor Dieng, 20 à 30% des Sénégalais n’avaient pu s’inscrire sur les listes électorales ni voter.
Le 10 mars, le Conseil constitutionnel déclare que les requêtes faites par Bathily et Dieng étaient sans fondement.
La Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (RADDHO), engagée dans l’observation des élections, relève des irrégularités dans l’organisation du scrutin. Mais, elle signale qu’elles ‘’ne sont pas de nature à entacher la régularité du scrutin’’ dans son ensemble. Idrissa Seck, arrivé deuxième, n’avait pas déposé de requête et avait félicité le vainqueur.