Abdoulaye Mbaye de son vrai nom, Pawlish (surnom donné par Waly Seck), est l’attraction du moment. Le phénomène à la tignasse dégradée, peroxydée reconnaissable parmi mille et au langage débridé, vient de loin. «L’Obs» a mené l’enquête sur la vie de ce boute-en-train né…
Pawlish, c’est l’histoire d’un jeune né et grandi dans le populeux quartier Natangué de Pikine, banlieue de Dakar. Fils unique du couple divorcé, il a été élevé par sa grand-mère maternelle Bintou Dieng. Alors qu’il n’était encore qu’un gamin, il écumait les rues, coins et recoins «criminogènes» de Pikine. Rien ne le prédestinait à embrasser une carrière dans la musique. Du moins dans la comédie musicale. «Je viens de loin, de très loin. Je suis issu d’une fratrie de 8 enfants, dont je suis l’aîné. Mon père s’appelle Ibou Sène et ma mère Aïda Mbaye. Ils ne vivent pas ensemble (il évite d’aborder le sujet). Mais c’est ma grand-mère qui m’a élevé. Je répète souvent que j’étais paumé. J’ai vécu un passé difficile et traversé des moments inoubliables. A l’époque, je ne mangeais pas à ma faim et je vivais dans un petit local avec ma grand-mère et 5 de mes sœurs. Quand il pleuvait, notre chambre était inondée et, la nuit tombée, j’étais obligé de passer la nuit à la belle étoile.»
Pour Abdoulaye Mbaye, la vie a été un combat de tous les jours. Une bataille rude et quotidienne. Il lui a fallu s’armer de courage et de détermination pour sortir de l’ornière. «Pour ne pas errer la nuit, j’avais décidé de travailler dans une boulangerie du quartier. Un boulot qui me permettait de ne pas divaguer dans les rues de Pikine avec tous les risques d’agression encourus. Je terminais à 6 heures du matin à la boulangerie, mais je restais quelque part jusqu’à 7 heures, avant de rejoindre la chambre familiale. Je profitais du petit matin pour dormir un peu», se souvient-il. «A l’époque, ajoute-t-il, je n’étais pas pressé que les fêtes de Tabaski et de Korité arrivent. Parce que je n’avais jamais de tenue à porter comme les autres enfants de mon âge. Pour faire le sacrifice d’Abraham, je faisais de petites économies afin de payer un petit mouton à ma grand-mère.» Jusqu’au jour où il commence à apercevoir le bout du tunnel…
Amuseur hors-pair, il prend conscience de son potentiel à faire rire et l’exploite. Grâce à son concept baptisé «Wakhi Dof», il impose sa marque de fabrique. Tout part de sa rencontre fortuite avec le chanteur Wally Seck qui, séduit par son allure loufoque, le prend sous son aile. Il a d’abord essayé de creuser son trou en chantant. Mais, il va vite déchanter : «Je n’irai jamais dans une soirée de célébrité pour chanter, car je ne sais pas chanter. D’abord, je n’ai pas la voix, ensuite, je ne dis que des bêtises. Aujourd’hui, je vis grâce à mes «Wahi Dof» (je suis beau, je suis gentil, je suis mignon) et aux bonnes volontés, comme Waly Seck, Mansour Bouna, El Hadji Montpelier et Tahirou Sarr. J’ai 3 voitures, dont une m’a été offerte par Waly. Ma chambre à une clim, je me baigne tout le temps à la piscine. Mon rêve d’enfance est devenu réalité.» Le paumé d’hier est-il devenu plein aux As ? «Je ne suis pas riche, balaie-t-il, d’un revers de main. Mais je rends grâce à Dieu. Je pouvais même louer un studio beaucoup plus cher et plus confortable, mais j’ai opté pour une chambre. L’important pour moi, c’est que j’ai changé de vie. Puisque je ne dors plus dans une chambre de fortune dont le toit est troué par endroits et le mur affaissé.»
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