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L’homosexualité au Sénégal : thèse et antithèse d’un phénomène de société

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Tel un serpent de mer, le débat sur l’homosexualité au Sénégal s’expose et s’éclipse au gré de l’actualité sur les faits divers qui agitent le landerneau social. Cependant, chaque fois qu’il se pose avec acuité dans notre pays, les réactions enregistrées dans les média (presse écrite principalement) et dans les réseaux sociaux (les sites d’informations générales), permettent de renseigner au moins sur une constante : jamais un phénomène de société n’a autant divisé la société sénégalaise.

Au cœur de la controverse nationale, s’entre-déchirent deux opinions aux positions tellement tranchées, qu’elles illustrent à suffisance, la profondeur abyssale de la césure paradigmatique entre les partisans et les contempteurs de l’homosexualité.

Sans parti pris aucun et sans avoir la prétention de trancher ce débat, cette présente contribution vise simplement à exposer et à expliciter les arguments avancés par les uns et les autres, pour leur plus grande compréhension par les lecteurs.

Quoi de plus ingénieux, pour protéger mondialement la communauté homosexuelle, y compris contre les sociétés réfractaires à toutes les formes de déviances, que de se référer aux valeurs universelles, en invoquant les droits de l’Homme et les libertés individuelles, en se réclamant des Lumières pour défendre l’obscurantisme, en brandissant l’étendard de la tolérance contre la discrimination et le dogmatisme.

C’est dans cette nomenclature des valeurs universelles, qui transcendent et font fi des traditions et des réalités culturelles et religieuses de la société sénégalaise, que les partisans et sympathisants de l’homosexualité, parmi lesquels figurent en bonne place les défenseurs des droits humains, puisent, à chaque fois que de besoin, pour asseoir une base argumentaire persuasif.

C’est aussi au nom de ces valeurs universelles, qu’ils prônent la tolérance vis-à-vis des homosexuels sénégalais, souvent victimes de persécutions, de stigmatisation et d’exclusion, de sorte qu’ils répugnent à se reconnaître dans une identité collective négative, et à se faire connaître à travers elle. Et, cette honte de se voir semblable à ceux qui sont méprisés, les empêche souvent de s’unir pour agir ensemble au grand jour, comme le font leurs homologues des sociétés occidentales, dont la témérité va même jusqu’à l’organisation de « Gays pride ».

Le combat pour la défense des droits des minorités porté par les instances internationales, principalement de l’ONU et de l’UNESCO, et soutenu par plusieurs Etats occidentaux , a cependant apporté de l’eau à leur moulin, à telle enseigne que les partisans et sympathisants de l’homosexualité n’hésitent pas, à présent, à réclamer sa dépénalisation et à exiger de la société sénégalaise qu’elle se modernise et s’ouvre à l’extérieur.

Il est évident qu’avec cette intolérance dont nous faisons souvent montre vis-à-vis de nos compatriotes homosexuels, c’est notre capacité même à bâtir une société moderne comme nous ambitionnons de le faire, qui est aujourd’hui questionnée et mise à rude épreuve.

En effet, toute société a besoin, pour s’adapter, s’équilibrer, se stabiliser, se maintenir et progresser, d’un minimum de consensus, qui est la condition même de l’existence sociale. Or, si dans les sociétés collectivistes où la conscience collective couvrait la plus grande partie des consciences individuelles, et où la fraction des existences individuelles soumise à des sentiments communs était presque coextensive à l’existence entière, le consensus s’était toujours réalisé parce que les individus éprouvaient les mêmes sentiments, parce qu’ils adhéraient aux mêmes valeurs, parce qu’ils reconnaissaient le même sacré, parce que chacun était ce que était les autres, dans les sociétés modernes comme la nôtre par contre, le consensus, c’est-à-dire l’unité cohérente du corps social, doit obligatoirement résulter de, ou s’exprimer à travers le culte du principe d’altérité, qui prône l’acceptation de l’autre en tant qu’être différent et la reconnaissance de ses droits à être lui-même.

Si l’altérité est en effet érigée au sacro-saint principe universel, c’est bien parce que de nos jours, comme le soutient Emile Chartier, « ne vouloir faire société qu’avec ceux qu’on approuve en tout, c’est chimérique, et c’est le fanatisme même ».

Pour ce qui concerne les tenants de l’homophobie, le débat sur l’homosexualité est indissociable de l’environnement social dans lequel il est posé, et dont les destinées risquent d’être gravement affectées par la prolifération d’un tel phénomène. S’ils adoptent une telle posture, c’est bien parce qu’ils ont la claire conscience de la réalité indéniable selon laquelle, derrière ce phénomène qui est souvent présenté sous nos cieux, dans les atours anodins de « simples rapports sexuels privés entre deux adultes consentants de même sexe », se cache en filigrane un combat pour choisir librement le modèle de société idéal-typique, qu’ils jugent plus conforme aux aspirations légitimes de la grande majorité des sénégalais, et qu’ils ambitionnent de léguer à la postérité.

Ce modèle de société idéal-typique ne peut être, à l’évidence, que le pendant de celui que le peuple sénégalais dans son écrasante majorité a hérité de ses aïeux, tant il vrai que l’avenir de notre société, comme du reste celui de toute organisation sociale, ne résulte pas seulement d’un projet rationnel de quête permanente de bien-être économique et social, mais se confond aussi et surtout, avec une mission sacrée, inscrite depuis ses origines, dans un héritage à défendre, un corps de valeur à préserver, à répéter fidèlement et à transmettre, intact de préférence, aux générations futures.

En effet, dans une société sénégalaise aux traditions et aux substrats culturels et religieux viscéralement répulsifs à l’encontre de l’homosexualité, celle-ci ne pourra jamais être acceptée, comme certains esprits tenteraient de le faire croire, comme relevant de l’inné et subséquemment du normal. A contrario, elle y sera toujours classée dans le registre des comportements pathologiques, de surcroît incubés et entretenus délibérément par les auteurs de ces comportements eux-mêmes. Et pour cause : pour beaucoup de ses pourfendeurs, l’homosexualité n’est que l’appendice d’un hédonisme débridée, qui, à force de les inciter à plus de raffinement dans la perversion sexuelle, a fini par égarer ses propres adeptes.

En tant que phénomène pathologique, l’homosexualité doit être, selon ses détracteurs, endiguée, circonscrite, voire ghettoïsée dans des espaces privés, à défaut d’être soignée et expurgée du corps social, au risque d’assister, en désespoir de cause, à sa transmutation en une épidémie sociétale incontrôlable.

Ce risque de la voir dégénérer et d’essaimer ses tentacules est en effet hautement probable pour deux raisons au moins. La première est consubstantielle à la puissance financière présumée des lobbies homosexuels. Et, dans un pays en développement comme le nôtre, où l’Etat est incapable d’éradiquer le phénomène de pauvreté, où la société de consommation a privilégié l’avoir au détriment de l’être, le pouvoir financier des lobbies homosexuels, si toutefois il existe réellement, fera nécessairement mouche, en s’exerçant par l’intermédiaire d’une séduction à laquelle les victimes elles-mêmes contribueront. En faisant des enfants, des adolescents et des adultes indélicats, surtout les plus dépourvus de systèmes de défense immunitaires spécifiques, les cibles privilégiées de leurs opérations de charme, ces lobbies vont, à coup sûr, s’assurer une emprise extraordinaire, sans précédent, sur l’ensemble de la société sénégalaise qui s’en trouvera déstructurée.

La seconde raison est liée au crescendo des ambitions de la communauté homosexuelle, qui, de tout…

Malick Diagne Sociologue

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