XALIMA NEWS – En voilà un communiqué conjoint qui ne sera certainement pas vu d’un bon œil par les tenants du pouvoir. Le M23 qui avait fait tomber le régime de 3W et sa galaxie a rencontré, hier, à sa demande le Front patriotique pour la défense de la république (Fpdr), c’est-à-dire le Pds et ses alliés de l’opposition. Deux délégations conduites respectivement par Mamadou Mbodj et Mamadou Diop Decroix étaient en discussions autour de deux points jugés « essentiels » : les réformes institutionnelles et le patriotisme économique. Et dans le succinct compte rendu, il est indiqué que « les deux entités ont convenu la nécessité impérieuse d’arriver à des consensus forts entre les différents acteurs sur les questions majeures qui interpellent la République ». Il faut aussi noter que « les discussions qui ont été entamées vont se poursuivre afin d’aboutir ensemble aux objectifs de consensus et de concorde nécessaire à la bonne marche de la République ».
Liaisons dangereuses ? Decroix ne pense pas. Au micro de la Rfm, il lance : « nous aurions pu dire que c’est eux qui ont travaillé à notre départ, donc ce sont nos adversaires. Non ! A partir du moment où ils se battent autour de positions de principe qui intéressent les sénégalais et qui vont dans le sens des intérêts de notre pays, nous devons les recevoir, après d’ailleurs leur avoir rendu visite ». Va-t-on vers la rupture définitive entre le M23 et le pouvoir ? En tout cas, le M23 qui a contribué à la chute de Wade et donc à l’installation de Macky Sall semble prendre ses distances avec les tenants actuels du régime dont le chef Macky Sall finançait le mouvement au point de créer un malaise chez les forces vives divisées sur l’opportunité de ces dons financiers. Sa ligne devient de plus en plus critique envers le pouvoir.
Pour preuve sa dernière sortie il y a quelques jours pour demander la dissolution de l’Assemblée nationale suivie de la contre-attaque salée du président du groupe parlementaire de la majorité Moustapha Diakhaté qui les taxe de politiciens encagoulés qui viennent de montrer leur vrai visage. Preuve du fossé entre le M23 et le pouvoir, en fin avril dernier lors de son Ag, le M23 avait dans le rapport du bureau sortant reconnu, au sujet de son positionnement institutionnel, que ses «relations avec les autorités étatiques paraissent assez contrastées» avec une «rupture du dialogue, l’absence de concertation et d’implications sur plusieurs questions». Le mouvement avouant que c’est «peut-être le devoir de critique publique assumé par le M23 (qui) a dérangé et irrité les autorités dont certaines n’ont jamais daigné répondre aux correspondances du M23».
Il faut aussi noter que le M23 annonçait déjà la couleur en soulignant qu’«il serait irresponsable d’attendre que les décisions prises par le camp présidentiel soient l’objet de contestations pour chercher à agir. Il ne faut surtout pas laisser le monopole du débat aux seuls partis politiques. Il faut prendre les devants (…)». Le M23 se dit «habilité à jouer la carte de la facilitation ou de la médiation avec ou sans le partenariat d’autres organisations». Par ailleurs, le M23 compte mener le combat de «la promotion du patriotisme économique». Un point donc qui avec le combat pour une réforme constitutionnelle consolidante sur la base d’un consensus fort forment le plan d’actions 2015-2017 du M23.
Le Populaire