Aux portes de l’Europe, à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, des dizaines de milliers d’exilés sont toujours bloqués. Impossible pour eux de franchir la frontière. Des Kurdes irakiens, des Syriens ou encore des Libanais, utilisés par le régime du président biélorusse Loukachenko qui leur a ouvert ses portes pour faire pression sur l’Union européenne. Après des jours d’errance dans le froid et la faim, certains ont choisi de rebrousser chemin. Rencontre avec des Syriens, qui ont fui Minsk pour se réfugier à Beyrouth.
Il y a quelques jours encore, Abdallah était à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, une forêt glacée où plusieurs exilés sont morts. Ce Syrien rêvait de rejoindre l’Allemagne, mais a fini par rebrousser chemin, direction Beyrouth où il se cache. Encore traumatisé par ce qu’il a vécu, Abdallah refuse de nous rencontrer ; il témoigne donc par téléphone.
« C’était une tragédie, confie-t-il. Une souffrance insoutenable. Nous avons souhaité mourir. J’ai dit aux policiers : « Jetez-nous en prison. Ça sera plus facile que cet enfer. » On errait dans la forêt, sans eau, sans nourriture. Ils nous battaient, nous menaçaient. Nous sommes détruits psychologiquement. »
Parti de Damas avec ses amis, Abdallah a fui le régime de Bachar el-Assad et la conscription obligatoire. Aujourd’hui à Beyrouth, lui et son ami Hamza cherchent à tout prix une nouvelle voie vers l’Europe.
« Nous ne pouvons pas rentrer en Syrie, car la majorité d’entre nous est appelée pour le service militaire, raconte Hamza. Si on rentre au pays, on risque d’être jetés en prison. Donc nous voulons rejoindre un pays sûr. Parce que tout ce qu’on cherche, c’est un endroit où nous pouvons vivre en sécurité et dans la dignité. Rien de plus. On ne demande rien d’autre que d’être traités comme des êtres humains. »
Blessés par les coups des soldats biélorusses et en état de stress post-traumatique, ils espèrent obtenir un visa humanitaire, pour demander l’asile en France.
Rfi