C’est vers 18 heures que la délégation conduite par Basiloco Sanca, le secrétaire d’Etat à l’Ordre public au ministère de l’Intérieur de la Guinée-Bissau, a franchi la frontière entre les deux pays. Fatou Guèye, Fatou Diaw et Sophie Aïdara, les trois femmes parmi les 12 démineurs enlevés depuis le 3 mai dernier à Kaïlou, dans le département de Ziguinchor (Sud), descendent d’un bus. Elles sont habillées en tee-shirt de couleur blanche, avec des pagnes traditionnels. Elles portent sur la tête des calebasses assorties de perles. Les ex-otages du Mfdc sont accompagnés par les femmes du bois sacré qui contrôlent leurs moindres faits et gestes.
S’exprimant au cours de la cérémonie officielle, Basiloco Sanca, représentant du gouvernement bissau-guinéen, a salué la coopération entre les deux pays et le rôle joué par l’Ong Mom Ku Mom, dans la libération des trois femmes capturées par des éléments de César Atoute Badiate, un des chefs du Mfdc. M. Sanca a invité les gouvernements bissau-guinéen et sénégalais à «œuvrer pour le retour de la paix en Casamance», confrontée depuis plus de trente ans à un conflit armé.
Cheikh Tidiane Dieng, le gouverneur de Ziguinchor, au nom du gouvernement du Sénégal, a remercié la Guinée-Bissau qui, selon lui, «s’est directement impliquée dans la libération des trois femmes». La cérémonie a été marquée par la signature d’un protocole d’accord entre les gouverneurs de Ziguinchor et de Cacheu.
La délégation bissau-guinéenne comprenait, outre le gouverneur de Cacheu, Habena Fernando, le préfet de Sao-Dmoingos, Rui Cardoso, l’ambassadeur du Sénégal en Guinée-Bissau, le général Abdoulaye Dieng. Ont pris également part à la cérémonie, le vice-consul de la Guinée-Bissau à Ziguinchor, Luis Corréa et le représentant de l’Ong bissau-guinéenne, Mom Ku Mom, (Main dans la main, en créole bissau-guinéen) qui a facilité la libération des 3 femmes démineurs.
La délégation bissau-guinéenne a été accueillie à Mpack par le gouverneur de Ziguinchor. Il avait à ses côtés, Robert Sagna, le président du Groupe de réflexion pour la paix en Casamance, Ndèye-Marie Thiam, la présidente de la Plateforme des femmes pour la paix en Casamance (Pfpc). Des représentants du Centre national d’actions anti-mines du Sénégal (Cnams), de l’opérateur sud-africain, Mechem, de l’Ong Apran.
Neuf autres démineurs sont toujours entre les mains des combattants de César Atoute Badiate, chef d’Atika qui, en mars dernier, avait mis en garde en ces termes : la «zone rouge est atteinte». «Au-delà de cette zone rouge, avait-il prévenu, la sécurité des démineurs n’est plus garantie.» C’était à l’occasion d’une réunion à Sao-Domingos, en présence du Centre national d’actions anti-mines (Cnams), des Ong dont Appel de Genève et Apran, du Mfdc et la partie bissau-guinéenne. L’objectif de la rencontre était de discuter sur les modalités d’accélération du processus de déminage en Casamance.
La Plateforme des femmes pour la paix en Casamance, au cours d’une marche silencieuse organisée récemment pour exiger la libération des 12 démineurs, déclarait que «la seule ‘’ligne rouge’’ à ne pas franchir, c’est la pose des mines ainsi que toute tentative d’enfreindre le déminage de la Casamance».
Libérées récemment par le Mfdc : Les 3 femmes démineurs remises au gouverneur
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