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Libertes Publiques Ça Ne Marche Pas !

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Les interdictions de marche font légion au Sénégal. De plus en plus, les demandes d’autorisation de marche ou déclarations de marche sont systématiquement interdites par les autorités administratives compétentes que sont les Préfets le plus souvent, pour « risque de trouble à l’ordre public ». Sans aucune autre explication laissant les organisateurs désarmés et impuissants.

La dernière interdiction date de la semaine dernière. Les associations de défense des droits de l’homme qui, en principe sont apolitiques, ont voulu battre le macadam pour venir en aide à ces 10 mille prisonniers entassés dans des centres de détention inadaptés.

Si le Préfet a pensé interdire une telle marche alors que tous les Sénégalais, y compris les autorités publiques, s’accordent à penser qu’il faut améliorer les conditions des détenus, alors, cela veut dire que le baromètre des libertés publiques est des plus bas.

En tout cas, ça ne marche pas. Surtout depuis l’avènement de l’ère Macky où les interdictions se succèdent.

Pourtant, l’opposition sénégalaise, réunie autour de And Wattu Senegaal, entend bien marcher ce 14 octobre. Contre vents et marées. C’est en tout ce que dit Malick Gackou du Grand Parti au nom de ses pairs. A les en croire, personne ne pourra s’opposer à leur droit de marcher, lequel est inscrit dans la Constitution comme une liberté fondamentale.

C’est dire que le ton monte au sein de cette nouvelle coalition apparemment décidée à en découdre au cas où l’autorité publique aurait interdit la marche du 14.

Là-dessus, on peut s’interroger sur ce qui motive l’administration à penser que les marches portent atteinte à l’ordre public.

Mais, au préalable, demandons-nous ce que c’est que l’ordre public.

Le dictionnaire nous renseigne que « L’expression « Ordre public » désigne l’ensemble des règles obligatoires qui permettent la vie en société et l’organisation de la nation. Sans ces règles édictées dans l’intérêt général, les sociétés humaines ne sauraient survivre. L’ordre public couvre des notions générales comme la sécurité, la morale, la salubrité, la tranquillité, la paix publique ».

Alors, pour revenir à notre première question, on peut se demander en quoi une marche peut-elle porter atteinte à la sécurité, à la morale, à la salubrité, à la tranquillité et à la paix publique ?

Cette question est d’autant plus pertinente que la plupart des marches organisées au Sénégal ont été des succès. Et que ce sont souvent les interdictions de marche et les tentatives subséquentes de les tenir vaille que vaille qui constituent des menaces graves à l’ordre public.

C’est pourquoi, nous estimons qu’il est temps de laisser les citoyens marcher pour réclamer pacifiquement leurs droits. Car, il est important que l’Etat comprenne qu’une jeune coalition comme Wattu Senegaal guette toute démarche hostile pour assoir les bases de son combat et alerter l’opinion nationale et internationale. Si leur marche est interdite, cela leur fera plus de bien du point de vue de la communication que si elle était autorisée.

Wattu Senegaal a tardé à naître et l’opposition est conscience d’avoir perdu beaucoup de temps. Ce faisant, elle compte sur la frilosité de l’Etat pour réussir sa cohésion interne et son dynamisme sur le terrain. Plus, il y aura des contraintes, plus la coalition va se radicaliser et faire sa propre promotion.

Gackou sait que si l’Etat le veut vraiment, personne ne marchera. Mais il a besoin du discours guerrier pour ameuter les troupes et pousser l’opinion à épouser leurs thèses.

Car, le droit à la marche, une fois inscrit dans la Constitution, ne saurait souffrir d’interdictions tous azimuts au risque de violer la charte fondamentale tant dans son esprit que dans sa lettre.

Il apparaît manifestement que les Préfets reçoivent des instructions du Ministère de l’Intérieur. Donc, leurs arrêtés ne découlent pas forcément de leurs appréciations personnelles des situations.

Et comme les politiques font leurs calculs sur la base des risques électoralistes, cela n’est pas étonnant que les interdictions se multiplient.

Pourtant, c’est un truisme de dire que l’intérêt général n’est pas l’intérêt d’un clan. Si l’on continue à ne pas pouvoir marcher au Sénégal, il est évident que la démocratie ne marchera pas.

rewmi.com

1 COMMENTAIRE

  1. Rappel.
    Les observateurs constateront que face aux demandes de manifestations de l’opposition (droit inscrit dans la constitution) le pouvoir apériste instrumentalisant les préfets a eu deux attitudes:
    – De 2012 à mi 2013: autoriser systématiquement, mais en même temps autoriser la contre manifestation que l’APR va déposer au même moment, au même lieu et à la même heure. Les gens ne peuvent encore oublier quand les Mame Mbaye Niang étaient envoyés pour des contre manifestations face à l’opposition. Et quand Mame Mbaye était bastonné, c’était lors d’une manifestation autorisée de l’opposition lors d’une audition de Karim (vous avez dit « pendant devant la justice » ?) et une autre contre manifestation autorisée des jeunes de l’APR.
    – C’est lorsqu’il est apparu que toutes les contre manifestations de l’APR ont systématiquement échoué, que Macky Sall a changé de fusil d’épaule. Alors l’interdiction de manifestation est devenue la règle.
    C’est dire que tout est politique dans les agissements du pouvoir. S’il était arrivé à noyer les manifestations de l’opposition, à chaque fois, il aurait autorisé toutes ses manifestations, pour pouvoir en faire des dossiers de ses télévisions. Mais puisqu’il ne l’a jamais réussi, alors autant ne pas donner à cette opposition l’occasion de montrer qu’elle sait rassembler.

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